Dans la cour fraîchement désimperméablisée, végétalisée et équipée en cages de football du groupe scolaire Mozart/Morisot, la vie végétale a pris ses aises dans tous les recoins. Visite guidée en compagnie des petits et des grands jardiniers en herbe.
Mon jardin partagé
À l’école élémentaire Berthe Morisot et à l’école maternelle Wolfgang Amadeus Mozart, Samy Berrahi, responsable éducatif périscolaire du groupe scolaire, a impulsé avec passion le projet d’animation Mon jardin partagé.
Deux fois par semaine, après avoir déjeuné et débarrassé leur assiette dans le self de l’école, les petits jardiniers volontaires se mettent en route pour « apprendre le cercle vertueux de dame Nature, comprendre que c’est toujours un cycle », confie Samy Berrahi. Plusieurs projets sont proposés aux enfants sur les temps périscolaires : jardinage, couture, arts plastiques, lecture danse, boxe… en parallèle les jeux de cour dits « classiques » restent accessibles.
Sensibiliser les enfants à l'éco-citoyenneté et au développement durable, découvrir la faune et la flore, être acteur du projet, favoriser le vivre-ensemble… La mise en place d'un jardin pédagogique au sein d'un groupe scolaire à de nombreuses vertus.
Du vert, partout
Au pied des arbres, des plantations d’herbes aromatiques ont été faites par les enfants sur les temps périscolaires. Au cœur du carré en béton, la vie végétale a pris. Menthe, ciboulette, persil, coriandre et basilic, cuisinés sur place après la récolte, viennent désormais agrémenter les entrées et les desserts des enfants à la cantine.
Un peu plus loin, des bacs de végétalisation aux différentes fonctionnalités. Pour la plantation principalement, et également pour délimiter les espaces. Pratique pour isoler le coin à vélos ou marquer l’espace de jeux.
Proche de la cour principale et non loin des classes, une parcelle de jardin pédagogique, réalisée et animée par les enseignants avec leurs élèves, sur les temps scolaires.
Plus loin encore, les carrés potagers. Samy Berrahi poursuit « Karim Boudouch, mon adjoint, a beaucoup participé à mes côtés, avec la responsable technique Alioui El Ghalia » également. Nous avons coupé le bois, mesuré et tout préparé en amont. » Hugo, 10 ans, surnommé Mac Gyver, qui bricole beaucoup avec ses parents a aussi aidé dans cette construction : « J’ai fait les carrés de planches avec Samy, j’ai aidé à visser. J’aime bien avoir des plantes dans mon école. »
Un projet qui fédère
« On travaille main dans la main », détaille Samy Berrahi « pour le projet jardinage, on s’est réparti les espaces. L’arrosage est commun. Le point fort de ce projet, c’est que toute la communauté éducative, tous les métiers présents, ensemble, prennent part à la vie du jardin pédagogique. On crée du lien ».
De la graine à l’assiette, en passant par la récupération
L'idée : faire comprendre aux enfants les étapes de la graine à l'assiette. Avec une partie théorique d’explications apportées aux enfants à partir des kits d’animation clef en mains fournis par l’écolothèque de Montpellier Méditerranée Métropole et des ateliers sur la faune et la flore. Ensuite la pratique : construction des carrés potagers, ajout de la terre, semis, rempotage et repiquage, arrosage et suivi du cycle de culture jusqu’à la récolte et la dégustation.
« Pour la récolte, on fait en sorte de donner aux enfants et à leurs familles, ou que ça soit mangé à la cantine pendant le temps de pause méridienne », détaille Samy. « C’est une fierté pour eux, quand ils rentrent à la maison avec leur petite tomate, de se dire « c’est grâce à moi ». Cela fera peut-être naître des vocations ! »
Une approche liée à l’alimentation, à l'apprentissage de la revalorisation des déchets et à la protection de la planète. Les enfants sont associés au remplissage du compost pédagogique, avec les déchets de la cantine. « On récupère également les pichets d’eau non servie à la cantine pour arroser les plantes. Les restes de fraises, tomates... sont récupérés pour le biocompost. »
En action
Les onze jeunes jardiniers réunis pour l’occasion, maternelles et élémentaires compris, ont visiblement pris goût au jardinage. Quand on leur demande ce qu’ils pensent de l’activité, les avis sont unanimes : « C’est super amusant ! » dit Mélissa du haut de ses 7 ans. « On aime bien », affirme en choeur Yasmine, Sarah et Juliette, 8 ans, qui ne sont pas dans la même classe, mais qui aiment se retrouver pour jardiner. « On a d’abord planté des radis, après des carottes, après du basilic et après c’est tout. C’était très bien », racontent en cœur Lila et Liam 5 ans, qui seront ravis de recommencer l’année prochaine.
Plantés au printemps, les légumes et plantes ont bien poussé, aidés par la pluie. Christine, ATSEM qui accompagne les petits de moyenne section présents raconte : « Nous avons planté avec eux tout ce qui est sur la partie gauche : courgettes, concombres, tomates, salades. Sur le temps scolaire, nous avons planté des carottes et hier nous avons fait un gâteau aux carottes, pour voir comment on peut l’utiliser. On l’a mangé pour fêter un anniversaire. Ils viennent arroser, observer les escargots, arracher les mauvaises herbes… ils peuvent aussi venir à tour de rôle quand ils veulent. »
Mains dans la terre, les enfants alternent observation et arrachage des mauvaises herbes. De l’entraide se met en place entre petits et grands. Les enfants mettent leurs gants de jardinage avec application, aidés par l’animatrice également présente. Les adultes les guident. « Là ce ne sont pas des mauvaises herbes, c’est de la menthe. On peut arracher plutôt là. S’il y a des plantes qui vous piquent à travers les gants, ne les touchez pas », prévient Christine.
Samy pousse à l’observation, « Vous avez vu les enfants ? Regardez, là il y a un tournesol à côté de la tomate. Vous avez vu la taille de la tomate ? Celle-là va encore grossir. Et à chaque fois que vous voyez une fleur jaune, c’est une future tomate. Ensuite là, elles vont grimper très haut sur la palette », explique-t-il sous les yeux curieux des bambins.
L’année prochaine, un projet « à hauteur de ville »
Pendant l’été, le centre aéré prendra le relais sur l’entretien de cette riche vie végétale. Les projets pour l’année à venir sont déjà lancés. « On veut monter d’un cran, pour passer à hauteur de la ville », déclare Samy Berrahi. « L’idée c’est de créer un réseau de groupes scolaires, qui sont sur la même thématique de projets, pour qu’on puisse travailler ensemble. Un projet rassemblant six groupes scolaires de différents quartiers de Montpellier ».
Cela permettrait au projet de prendre de l’envergure et de financer un outillage plus conséquent, partagé entre les établissements. Du matériel spécialisé en jardinage, un arrosage automatique, un récupérateur d’eau… Aux côtés du groupe scolaire Mozart/Morisot, Condorcet, Galilée, Dickens, Freud, et Garibaldi se sont ainsi réunis.
Karim Boudouch, animateur référent et adjoint de Samy complète. « On porte différents projets : il y a du jardinage, on a fait un partenariat par rapport aux Jeux Olympiques avec les écoles du secteur, on fait du lien avec les collégiens de Camille Claudel, il y a le tournoi de l’école, on a fait le bal des CM2 du secteur Cévennes. Les enfants sont contents. »
Au lendemain de leur fête d’école et à quelques heures du dernier conseil et de la fin de l’année scolaire, nous avons quitté les petits jardiniers en herbe les laissant à leurs nombreux projets présents et à venir…
Outils précieux d’éducation à l’environnement, à l’alimentation et à la santé, la Ville de Montpellier encourage le développement des jardins pédagogiques dans ses écoles. Depuis 2021, elle a créé 13 jardins pédagogiques dans le cadre des projets de désimperméabilisation des cours d’école et participe aussi à l’entretien des jardins lancés à l’initiative des écoles.