Derrière une façade discrète, rue Balard à Montpellier, se cache Saraband, l’un des plus grands studios de post-production de France hors Paris. Avec 300 m² d’espace technique, l’endroit offre aux professionnels du cinéma un équipement technique de haut niveau. Un auditorium de mixage de 52 m², doté d’un écran de cinq mètres côtoie un auditorium de pré-mixage, trois salles de montage son et image et un laboratoire image et son.
Terminer le film
Cette infrastructure a été le pari audacieux de Jean-Paul Hurier et Gilles Benardeau, deux ingénieurs du son chevronnés. Florian Thiebaux, le 3e fondateur de Saraband, se souvient : « Jean-Paul, qui avait déjà reçu deux Césars du meilleur son, souhaitait se rapprocher de Montpellier, où il possède une maison. Mais surtout, il voulait contribuer à la décentralisation du cinéma français. Il y a cinq ans, Montpellier avait déjà un écosystème dynamique avec France TV, The Yard, ArtFX, l’Esma… Il ne manquait qu’un lieu où les productions puissent venir terminer leurs films de A à Z, loin du microcosme parisien ».
Travailler sur place
La force de Saraband réside dans sa capacité à centraliser l’ensemble des étapes de la post-production d’un film. Méconnue du grand public, elle constitue pourtant l’un des moments les plus longs et techniques du processus de création. Il faut gérer les rushes, façonner l’image, remettre les voix, recréer des ambiances, mixer, étalonner… Elle mobilise des métiers variés et complémentaires.
Le montage son, par exemple, s’étale en moyenne sur 6 à 10 semaines. « Un travail minutieux pour garantir la fluidité et le réalisme, où chaque bruit et chaque respiration doit sembler naturel », explique Jocelyn Robert, monteur son depuis presque 20 ans. Ce natif de l’Aude, « monté » à Paris pour trouver du travail, a quitté la capitale il y a deux ans, pour vivre à Villeneuve-lès-Maguelone. « L’activité audiovisuelle de la région m’a rassuré et la présence de Saraband a conforté ma décision de tenter de poursuivre mon activité professionnelle en province. » Un choix qu’il ne regrette pas, confie-t-il, vissé devant l’écran où défilent les séquences du long-métrage qu’il mixe depuis plusieurs jours.
Une excellente réputation
Maillon essentiel au cœur de la fabrication des films, le studio participe à l’essor d’une filière régionale, qui permet aux talents de travailler et aux films de se fabriquer hors Paris sans renoncer à la qualité. Sa présence et la réputation de ses fondateurs ont attiré des productions prestigieuses. C’est ici que furent notamment finalisés Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand, Yannick de Quentin Dupieux ou Mascarade de Nicolas Bedos. C’est également du « pain béni » pour les productions locales telles que Khmerica, Le renard qui a sauvé son île ou Le monde selon Pierre Loti, toutes soutenues par le Fonds d’aide ICC de la Métropole de Montpellier.
Des productions étrangères
Saraband attire désormais un nombre croissant de productions étrangères, souvent en partenariat avec des co-productions françaises. C’est notamment le cas de la société montpelliéraine Avant la Nuit, devenue une habituée des lieux. « Presque tous nos films sont post-produits ici, explique le producteur Thibaut Amri. Cela permet de faire travailler des techniciens locaux, une condition souvent indispensable pour obtenir des financements publics ».
La société collabore régulièrement avec des cinéastes iraniens. En septembre, l’une d’entre eux, Marjan Khosravi, a séjourné une semaine à Saraband pour superviser la post-production de Dreams of the Wild Oaks. « C’est Thibaut, avec qui je coproduis régulièrement des films, qui nous a orientés vers Saraband, précise son frère et producteur, Milad Khosravi. On y trouve un matériel et des compétences de grande qualité, ce qui n’est pas toujours le cas en Iran ».
L’aventure Pics Studio
La prochaine grande aventure de Saraband est son implication dans l’implantation de Pics Studio, futur pôle de cinéma de 60 000 m² pour lequel Florian Thiebaux vient d’être nommé à la direction technique. Implanté à Saint-Gély-du-Fesc, il sera composé de 8 plateaux et des espaces naturels en extérieur de tournage. Deux autres sites satellites viendront compléter l’offre à Fabrègues et Pérols.