Comment avez-vous rejoint l’équipe de Georges Frêche ?
Robert Subra : « Mon « recrutement » a peu de chose à voir avec la politique. J’avais une bonne expérience des gros travaux de par ma carrière d’ingénieur chez EDF-GDF. À la Ville, avec Louis Pouget et Serge Fleurence, nous nous chargions déjà de la coordination des travaux à faire, afin de les réaliser dans les meilleures conditions possibles. Puis, Georges Frêche m’a sollicité pour l’énorme chantier du tramway. J’ai accepté le défi parce que je préfère être dirigé par quelqu’un de plus brillant que moi (sourire). Il m’a fait confiance et laissé une grande liberté pour travailler. La construction de l’Agglomération et le développement du tramway, et des autres transports en commun, se sont faits dans la même dynamique. Ils sont imbriqués.
Comment avez-vous mené le colossal chantier du tramway ?
R. S. : C’était un travail énorme, mais c’était passionnant de combiner l’humain, la technique et le politique. On ne s’arrêtait pas, c’était intense… Georges Frêche a osé lancer le projet, puis il a été tenace et fédérateur. Avec lui, c’était trois ans d’études, puis trois ans de réalisation avec des équipes dynamiques, et on avance ! Ensuite, bon, il y a toujours des problèmes à régler sur les chantiers. La plupart du temps, je m’en occupais en décidant sur place en direct. Si c’était trop important, là c’était pour le maire-président. À Juvignac, par exemple, nous avions eu un conflit sur le tracé du tramway. Nous avions donc organisé de nombreuses réunions publiques et discussions avec les élus. Parfois, cela bloquait le chantier… Mais nous considérions que les maires avaient leur mot à dire, et conservaient leur pouvoir de décision sur leur commune. Je me souviens aussi du véritable casse-tête des voies entrelacées, comme rue de la Saunerie, ou encore des différentes interconnexions à mettre en place. Il était très important de faire du quai à quai pour les correspondances, comme dans le métro parisien. Sinon, ce n’est tout simplement pas efficace.
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Comment a été reçue l’idée de développer le tramway sur le territoire ?
R. S. : Au départ, les gens étaient un peu circonspects. Pourquoi amener le tram jusqu’à Jacou ou Pérols ? Mais Georges Frêche avait une vision novatrice, une vision d’unité de la région autour de Montpellier comme les autres grandes métropoles telles Marseille, Lyon ou Lille… Pour lui, il fallait penser au-delà du centre-ville et de l’Écusson, et faire le lien avec les villages de l’arrière-pays et du littoral… Certains n’étaient pas d’accord, comme Palavas, qui s’est lancée dans une polémique un peu ridicule. Le seul vrai échec du projet, c’est de ne pas être allé jusqu’à la mer. Mais globalement, cela reste une grande réussite pour l’homogénéité et la cohérence du territoire. Je crois qu’on a même dépassé les espérances !
Comment évaluez-vous l’impact du tram ?
R. S. : Pour ceux qui n’ont pas connu le Montpellier des années 1980… C’est inimaginable l’ampleur de la tâche accomplie ! De voir comment le tramway a transformé la ville, c’est presque incroyable ! Avant, tous les bus locaux, départementaux et régionaux arrivaient à la gare. Et il n’y avait pas de tram. Il a fallu installer de nouvelles habitudes de déplacement. Et puis ces chantiers permettaient aussi de refaire en parallèle toutes les canalisations d’eau, de gaz et d’électricité qui en avaient besoin. C’était aussi l’occasion de faire des travaux d’assainissement et de construire des bassins de décantation. Il faut se rappeler que dans les années 1980, il y avait encore des inondations dans les quartiers Mas Drevon ou Beaux-Arts notamment… Ce fut une renaissance pour la ville à tous les niveaux. Nous sommes même devenus un exemple à suivre ! Orléans, Dijon, Bordeaux sont venues en observation. Nous étions pionniers avec Strasbourg et Grenoble à l’époque. Je vois que le maire actuel a, en quelque sorte, repris le flambeau des grands travaux d’aménagement. Il a du mérite car ce n’est pas facile ! »