S’il ne fallait retenir qu’une seule image de cette Zone artistique temporaire à la Mosson, ce serait forcément l’inauguration d’Ensemble.s. Cette ZAT est en effet la première qui laisse derrière elle une œuvre pérenne. Elle est implantée au-dessus de l’octroi, dans la pinède de Saint-Paul. Sa vie publique a débuté samedi après-midi avec une mise en bouche musicale et la prestation d’Un air de famille, le chœur amateur de l’Opéra orchestre de Montpellier. Puis, c’est Laurie Quersonnier, la cheffe d’orchestre de cette ZAT, qui a lu sa partition champêtre pour donner le la de cette création.
« Cette œuvre n’est pas qu’une création, mais un symbole qui est bien plus qu’un assemblage de mosaïques. C’est le travail de ceux qui habitent le quartier et ceux qui l’ont rejoint pour y partager leur savoir-faire, une histoire commune et leur vision du monde. »
"L'art est un message commun"
Créature.s Créatrice.s est une coopérative culturelle qui assure la mise en relation entre les artistes et les acteurs locaux. Inviter Khaled Alwarea et le collectif UV LAB est apparu comme une évidence. « Leur démarche met l’art au cœur du lien social parce qu’ils ont traversé les frontières avec la conviction que l’art est un message commun, un espace de dialogue, de transmission de paix et de sororité. »
Ainsi, grâce à la mobilisation pendant six semaines de nombreuses structures du quartier réunies en ateliers, dont Esprit libre et le Laboratoire urbain, Ensemble.s a pris racine et montre cet art du zellige, assemblage minutieux de petits fragments de mosaïques. Son emplacement a été pensé avec ce que sera ici la ville de demain, un cours Saint-Paul voulu comme une grande avenue verdoyante.
Morceaux de zellige en cadeaux
« C’est le pouvoir du travail et de l’imagination collective, le symbole de la récupération de l’espace public par les citoyens. Ensemble.s, c’est un symbole de la mosaïque culturelle de la Mosson, de Montpellier et de la France », raconte Khaled Alwarea au nom du collectif UV LAB.
Après avoir remercié la Ville pour l’accompagnement, Créature.s Créatrice.s pour la confiance et les stagiaires pour leur travail, il a eu pour le public des mots très touchants. « Avec UV LAB, on est vraiment fier comme artistes internationaux exilés et artistes réfugiés que notre première œuvre pérenne exposée en France soit ici dans ce parc, ce quartier et cette ville de Montpellier. » Puis, il a distribué des morceaux de mosaïques après en avoir donné au maire de Montpellier qui a promis en retour de les mettre dans son bureau et d’expliquer, à chaque fois que possible, l’histoire qu’ils racontent.
Ce grand parc de 120 hectares
Interrogeant l’auditoire, Michaël Delafosse demande alors qui connaît ce grand parc de la Mosson avec 120 hectares de nature ? Quelques bras seulement se lèvent. C’est pourtant un endroit formidable.
« On a besoin de parc pour nous reconnecter à la nature et pour se retrouver. Un des enjeux de la ZAT est aussi de faire découvrir ce lieu pour se l’approprier comme les parcs Charpak, Méric Montcalm, Suzanne Babut ou le Jardin des plantes. C’est un quartier en très grande transformation car on essaie ici d’améliorer la vie des gens. La ZAT a fait émerger beaucoup de vitalité et de très belles rencontres avec les habitants du quartier. »
Fraternité universelle
Puis, le maire de Montpellier s’est tourné vers Khaled Alwarea pour lui expliquer le geste rare qu’il venait de faire. « J’ai levé le poing et je ne le fais pas souvent. Vous avez dit artiste exilé, artiste réfugié. En 2015, vous avez quitté la Syrie, votre pays, car elle était ravagée par une guerre abominable. Pour nous, avoir ici une de vos œuvres, c’est un geste très fort. Parce que Montpellier est une ville d’hospitalité qui dit de par le monde que ceux qui souffrent, ceux qui créent doivent pouvoir ici trouver accueil. Ce n’est pas le maire qui parle, c’est chacun des habitants de cette ville. Nous ne formons qu’un seul ensemble, celui de la fraternité universelle. »
Montpelliérains et Métropolitains, allez donc vous promener dans le grand parc de la Mosson et n’oubliez pas d’aller voir Ensemble.s, c’est un moment apaisant.
