Dans son nouveau documentaire Le renard qui a sauvé son île, la réalisatrice Emma Baus mêle engagement écologique et sens du récit pour raconter une histoire aussi vraie que bouleversante. À travers le regard sensible de cette documentariste spécialisée dans le monde animalier, on suit la résilience d’une espèce particulière, le renard gris insulaire, au bord de l’extinction.
Une espèce menacée
Le film nous emmène sur l’île de Santa Cruz, au large de la Californie. Au début des années 2000, cet écosystème insulaire de 250 km² est gravement perturbé par le déversement d’un puissant insecticide dans l’océan. Ce drame écologique met en péril la reproduction du pygargue à tête blanche, un rapace dont la disparition risquerait de rompre l’équilibre de la chaîne alimentaire… menaçant à son tour la survie du renard gris insulaire.
Réparer les erreurs
Grâce à des efforts de conservation soutenus, l’équilibre de l’île a été progressivement restauré. C’est cette renaissance fragile qu’Emma Baus choisit de raconter, en suivant le quotidien d’un couple de renards et de sa nouvelle portée, dont la survie reste une lutte de chaque instant. « Dans cette histoire, les hommes ont réussi à réparer leurs erreurs. C’est une fin heureuse », confie la réalisatrice. « Avec le chef-opérateur Rémi Rappe, nous avons passé une vingtaine de jours sur l’île pour capter la beauté de ce monde animal fascinant. »
Des liens profonds
Le documentaire de 52 minutes met en lumière les enjeux de la préservation d’un écosystème toujours vulnérable, tout en nous faisant découvrir la richesse de la faune et de la flore de ce parc national encore (presque) intact. Fidèle au fil rouge de son œuvre, Emma Baus explore les liens profonds entre les animaux, les humains et les milieux qu’ils partagent.
De nombreux films primés
Pour enrichir son récit, elle s’est entourée du studio montpelliérain Les Fées Spéciales, avec lequel elle a intégré des séquences d’animation originales en papier découpé numérique. Un choix à la fois écologique et esthétique, qui vient illustrer avec délicatesse les moments les plus subtils ou féériques de la vie sauvage. « J’avais déjà collaboré avec Éric Serre, le directeur artistique du studio, sur un précédent film. Ce fut une belle rencontre, créative et humaine, que j’ai souhaité prolonger », raconte la réalisatrice, auteure d’une vingtaine de documentaires, diffusés dans le monde entier, souvent primés, mêlant rigueur scientifique et puissance visuelle. Parmi ses œuvres marquantes, on retrouve Tautavel, vivre en Europe avant Néandertal (2024) ou encore Trois petits chats (2015), vu par plus de 1,6 million de téléspectateurs sur France 2.
Écosystème favorable à Montpellier
Installée à Montpellier depuis trois ans, Emma Baus y a découvert un écosystème audiovisuel en plein essor, ce qui a renforcé sa décision de s’y établir durablement. « Toute la post-production du film a été réalisée ici. C’est un vrai atout : les studios sont bien équipés, les techniciens compétents. C’est une vraie force pour le territoire », estime la réalisatrice, figure encore rare dans l’univers du documentaire animalier français. « Nous ne sommes que 5 à 10 % de femmes dans ce milieu. Certains producteurs hésitent à soutenir des films portés par des réalisatrices sous prétexte que les tournages se feraient dans des pays lointains et parfois en montagne ou dans des réserves naturelles difficiles d’accès. Mais heureusement d’autres nous font confiance comme les cinq sociétés de productions avec lesquelles je collabore régulièrement, comme Nord-Ouest Documentaires. »

Des inquiétudes pour la suite
Alors que le documentaire animalier français a su, ces dernières années, se faire une place aux côtés des géants anglo-saxons grâce à des récits narratifs singuliers et une vraie "french touch", Emma Baus s’inquiète néanmoins : « Depuis quelques temps, ce savoir-faire est fragilisé. Les projets ambitieux, pourtant riches de sens et exigeants à produire, séduisent de moins en moins les diffuseurs nationaux, qui préfèrent parfois se tourner vers l’offre internationale ou réduire l’enveloppe financière qu’ils dédient au film animalier. Il nous faut donc trouver des solutions pour rester au niveau de la qualité internationale ».
Le 26 mai à Nestor Burma
C’est dans ce contexte que le Fonds d’aide ICC de la Métropole de Montpellier a décidé de soutenir Le renard qui a sauvé son île. Le film sera présenté en avant-première le 26 mai à 19h au cinéma Nestor Burma, à Montpellier, en présence de la réalisatrice et de la productrice Sylvie Randonneix.
Pour assister à la projection du Renard qui a sauvé son île, il est nécessaire de s'inscrire ici.

