Série : Ils font la ligne 5 de tramway / épisode 5

Ligne 5 : Yoan Réthoré habille « haute couture » les rames du tramway

07-09-25 - 14:00
Si le design de la ligne 5 porte la signature de l’artiste Barthélémy Toguo, c’est à Yoan Réthoré, gérant de la société Signasud, et son équipe, que revient la charge d’habiller l’ensemble des rames. Avec un procédé de « covering » en plusieurs étapes. Un travail d’exigence et de haute précision.
Yoan Réthoré, gérant de la société SIGNASUD, devant une rame de la ligne 5
Yoan Réthoré, gérant de la société Signasud, devant une rame de la ligne 5 - ©S.M.
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Quel a été votre parcours ?

Yohan Réthoré : Je suis Montpelliérain. Après des études en communication visuelle arts graphiques, j’ai commencé à travailler en tant que graphiste. Avant d’intégrer la société Deco Ader, alors considérée comme l’une des trois plus grosses boîtes en France spécialisées dans le marquage publicitaire. J’y ai occupé différents postes. Et puis en 2015, avec un ancien commercial de la société, nous avons décidé de nous lancer à notre compte. Et j’ai créé la société Signatik. Qui est devenue cinq ans plus tard Signasud.

Qu'est-ce que Signasud aujourd’hui ?

Y. R. : C’est une société spécialisée dans le marquage publicitaire et décoratif. Avec plusieurs domaines d’intervention, des véhicules de transport à la décoration de vitrines ou bâtiments, de la signalisation à la décoration d’intérieur ou du nautisme. Nous sommes installés à Vendargues avec une équipe d’une vingtaine de personnes qui travaillent pour la société au quotidien, entre employés permanents et collaborateurs indépendants. 

Vous êtes responsable de l’habillage de la ligne 5 ?

Y.R. : Oui, nous avons eu la chance de remporter l’appel d’offres lancé par le constructeur espagnol des rames, CAF, pour le « covering » des 22 rames de tramway. Soit l’ensemble de la chaîne qui va de la création des fichiers d’exécution à la fabrication et jusqu’à la pose des films adhésifs sur les rames.

Image de la ligne 5 de tramway
©C. Ruiz

Pouvez-vous expliquer ce terme de « covering » et les étapes qu’il représente ?

Y.R. : C’est le fait d’habiller ou de « floquer » un véhicule, une surface, quelle qu’elle soit, par des films adhésifs. Cet habillage peut être partiel ou comme dans le cas de la ligne 5, un covering total. À partir des éléments transmis par l’équipe de l’artiste Barthélémy Toguo (1) et du relevé ultra précis du volume de la rame, réalisé par nos équipes dans les locaux du constructeur CAF, à Saragosse, nous avons constitué une sorte de puzzle géant de motifs sur surface adhésive imprimés sur de grandes imprimantes numériques. Tout est ensuite assemblé à la main par nos équipes. C’est un travail de haute précision, d’autant plus complexe qu’il y a de nombreux motifs et donc beaucoup de raccords à exécuter. 

Quelle est l’étape la plus compliquée ?

Y.R. : C’est souvent le nez du tramway qui apporte le plus de complications. Avec de nombreuses déformations des volumes et le recours nécessaire à un décapeur thermique pour permettre à l’adhésif – qui ne mesure que quelques microns – de suivre ces déformations pour se raccorder aux motifs.

 

« Une sorte de puzzle géant, à partir des motifs sur surface adhésive imprimés… »

 

Covering de la ligne 5 dans les ateliers TAM
©Signasud
Les agents de covering au travail
©Signasud
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Covering de la ligne 5 dans les ateliers TAM
- ©Signasud
Les agents de covering au travail
- ©Signasud

Quel est le temps nécessaire pour réaliser un « covering » ?

Y.R. : Pour un tramway de 42 mètres de long, on prévoit une journée de travail avec une équipe de six personnes : les médiapplicateurs. C’est toujours un spectacle fascinant de voir ces spécialistes de la pose de films adhésifs effectuer à partir des éléments fournis, un travail d’ultra précision. Il n’y a pas de droit à l’erreur dans ce genre de travail. Je ne travaille qu’avec des gens ultra compétents et ultra formés. À ce niveau d’intervention, on est vraiment dans la haute couture de l’adhésif.

Le petit plus ?

Y.R. : J’aimerais signaler que le prestataire sélectionné pour fournir les films en PVC, sur lesquels nous allons réaliser nos impressions, est français. C’est même un voisin. Puisque c’est l’entreprise Hexis, installée à Frontignan, qui nous accompagne depuis le début. Une rame nécessite environ 300 m² de films d’impression, antigraffiti. En terme écologique, c’est donc mieux et plus rapide, que de faire venir comme c’est souvent le cas, des produits par bateau, d’outre Atlantique. Et en plus, on fait travailler des entreprises locales. 

Montage de détails de l'habillage de la ligne 5
©S.M.

Ligne 5 – Un design en Feuille de vie, signé Barthélémy Toguo

Poissons, crocodiles, feuilles, oiseaux, mais aussi visages humains… Avec Feuille de vie, l’artiste camerounais Barthélémy Toguo signe un design révélant la force et la diversité du vivant. Mais aussi l’interaction qui existe entre l’individu et les éléments. Reliant Clapiers à la station "Grès de Montpellier", la ligne 5, s’étirera sur une longueur de 20,5 km, permettant de desservir le nord est au sud-ouest de la Métropole.

>>> Retrouvez la série d'encommun.montpellier.fr sur les femmes et les hommes qui font la ligne 5 de tramway