Vous êtes soudeur sur le chantier de la ligne 5. En quoi consiste votre travail ?
Lakhdar Nougar : En effet, je suis spécialiste de la soudure de rails. J’ai suivi plusieurs formations et j’ai pas mal d’expérience, notamment en soudure aluminothermique et en soudure à l’arc. J’ai déjà travaillé sur d’autres chantiers de tramway, à Bordeaux par exemple. Dans notre métier, on intervient essentiellement sur la construction de lignes de tramway et de métro. Sur les rails bien évidemment, mais aussi les barres de guidage. Concrètement et simplement, on soude les rails du tramway sur l’ensemble du trajet. C’est un travail de précision.
Pouvez-vous nous décrire cette opération de soudure ?
L. N. : Cela se fait en plusieurs étapes précises, toutes chronométrées : préchauffage, chauffage, coulage, soudure… Après 12 minutes de préchauffage à 200 degrés, on fait encore monter la température, puis on verse un mélange à quasiment 3 000 degrés dans un moule spécial placé sur le rail à l’endroit précis où il faut faire la soudure. Ce produit de « collage » se mélange ensuite avec le métal pour souder les deux rails. Il faut être précis et rapide.
Combien de soudures effectuez-vous par jour ?
L. N. : Déjà, il faut savoir que nous travaillons en binôme. Et chaque jour, un binôme fait six soudures normalement. Une soudure complète prend une heure environ.
Est-ce que c’est un métier difficile ?
L. N. : C’est un métier technique et un peu difficile, car il n’y a pas d’erreur possible. S’il y a un problème, il faut tout recommencer… Il faut aussi faire attention en termes de sécurité, car au moment de la soudure, on utilise un produit de collage en fusion… Là non plus, nous n'avons pas droit à l’erreur ! Nous avons bien sûr un équipement de protection obligatoire.
Quelles autres tâches remplissez-vous sur le chantier ?
L. N. : On ne fait pas seulement les soudures. Avant, il faut préparer les rails. Et après, il faut s’occuper des finitions. C’est beaucoup de travail aussi. C’est le plus long en fait. Il faut « gruger » les rails, en particulier quand un rail de ligne droite rejoint un rail à rechargement, c’est-à-dire les rails utilisés dans les courbes. Là, on égalise à la meuleuse, puis on traite les rails à l’inox, qui est plus résistant que le métal. Cela permet de renforcer la protection du rail contre la rouille et l’usure.
Vous appréciez votre métier ?
L. N. : Le métier n’est pas forcément facile, mais quand tu aimes ton travail, c’est plus simple et c’est mieux ! Avant, j’ai eu pas mal d’expériences dans le bâtiment. Et franchement, je préfère la soudure et les chantiers de tramway !
Avez-vous une fierté particulière de participer à ce chantier ?
L. N. : Oui, travailler sur un grand chantier, c’est une fierté. Mais c’est surtout plus « convivial » qu’un petit chantier. Comme cela dure plus longtemps, on fait plus de rencontres, on a plus le temps de faire connaissance avec les équipes et les intérimaires. On peut organiser des petits repas, des grillades. C’est plus sympa. À Montpellier, on a même rencontré et discuté avec le maire qui est venu nous voir sur le chantier. Sur un petit chantier cela n’existe pas, ce n’est pas possible.
Quelle impression vous a fait Montpellier ?
L. N. : Il y a une bonne ambiance à Montpellier, les gens sont sympas. Après moi, je ne découvre pas, je suis originaire d’Agde. Mais, c’est aussi l’avis de mes collègues qui viennent de plus loin. Et les choses se passent bien aussi sur le chantier, même si cela a été un peu difficile de travailler pendant les périodes de canicule.
Le chantier de la ligne 5 se termine, quelle est la suite pour vous ?
L. N. : Aujourd’hui (NDLR : mi-septembre), toutes les soudures sont faîtes, depuis le milieu de l'été. Il ne reste plus que quelques finitions à terminer sur une petite partie du parcours. C’est ce que nous faisons en ce moment. Tout sera bientôt complètement fini pour les équipes de soudeurs, début novembre au plus tard. Chez Colas Rail, nous avons des équipes mobiles. Nous sommes souvent en déplacement. Il faut suivre les chantiers... Après la ligne 5 de tramway de Montpellier, on ira travailler sur un autre chantier du même type, tram ou métro. Je ne sais pas encore où. C’est ça la vie d’artiste ! (Clin d’œil)