Une stèle rénovée, deux pays, deux devises
Ce fut une cérémonie émouvante et paisible qui s’est tenue le 20 novembre au cimetière Saint-Lazare en présence notamment de Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de la Métropole, d’Anne-France Jamart, consule générale de Belgique à Marseille, de Claude Carlier, président du comité su Souvenir Français de Montpellier et de Pierre Chatel, consul honoraire de Belgique à Montpellier. Quelques jours après les commémorations du 11 novembre, cette cérémonie a permis d’inaugurer la stèle franco-belge qui a bénéficié d’une rénovation sur l’initiative de Claude Carlier et grâce aux fonds octroyés par la Belgique. « Cette commémoration est pour nous un moment fort pour les Belges et les Français de par cette amitié franco-belge qui ne s’est pas démentie depuis de très nombreuses années et qui a été consacrée pendant cette Première Guerre mondiale ; cette stèle veut dire le sacrifice humain des Belges et des Français autour d’une même valeur, celle du combat pour la liberté », explique Pierre Chatel.
Des soldats belges enterrés à Montpellier
Nombreux furent les soldats belges blessés au front durant les premières heures de la Guerre mondiale de 14-18. Ils furent évacués à Montpellier pour y être soignés, loin du front. Mais hélas certains décédèrent et furent enterrés à Montpellier. « La Ville de Montpellier a toujours été attachée à préserver la mémoire des combattants, car nous avons cette histoire particulière avec la Belgique. Montpellier a également accueilli à cette époque de nombreuses familles qui ont fui l’avancée des troupes allemandes », précise Sébastien Cote, adjoint au maire délégué aux Affaires militaires. « C’est un honneur pour moi d’être parmi vous aujourd’hui pour honorer la mémoire de nos 107 soldats qui un jour ont fait le voyage du Front de l’Yser vers l’hôpital belge de Montpellier. Blessés dans les tranchées, ils n’ont malheureusement pas pu être sauvés de la fureur des hommes et reposent désormais dans ce cadre paisible si loin des horreurs qu’ils ont vécues, se désole Anne-France Jamart, consule générale de Belgique lors de son discours. Ils reposent ici aux côtés de leurs frères français. Nos pensées vont vers nos compatriotes, mais aussi vers des millions d’autres qui, conflits après conflits, ont donné leur vie pour que nous puissions vivre en paix dans le respect des uns des autres. Face à ces hommes tombés pour la liberté, je souhaite rappeler les liens profonds et amicaux qui lient nos deux pays, aux grands moments de l’histoire que nous avons partagées et que nous partageons encore. Merci du fond du cœur à Monsieur le maire, et à Montpellier, pour les soins que vous avez apportés à nos soldats et pour son hospitalité. Ici le souvenir ne sera jamais un vain mot."
Montpellier fut la ville des soins et du soin
« Ici le lieu est paisible, mais il contraste sans doute avec le bruit de la tranchée et l’expérience de ce qui fut appelé la guerre totale. En arrivant, ici nous pouvons mesurer combien cette guerre fut mondiale, explique Michaël Delafosse dans son discours du 20 novembre. Il y a ici des stèles des soldats de confession musulmane, des stèles de soldats de confession chrétienne, les stèles des 107 soldats belges qui sont tombés pour leur pays, pour leur patrie aux côté des soldats français. La symbolique du lieu est ici, toujours aussi puissante. La guerre mondiale fut une guerre totale. (...) Ma génération, notre génération, nous ne pouvons pas mesurer ce que fut le traumatisme de ces jeunes hommes que la guerre a arraché à la vie. Le théâtre d’opération sur le sol de la Belgique fut particulièrement violent. Nous vivons aujourd’hui avec l’idée qu’une guerre ne doit jamais revenir. Montpellier fut la ville des soins et du soin pour un certain nombre de soldats venus du front. Plus de 800 arrivèrent de Belgique, 107 y laissèrent la vie. Ils sont aujourd’hui inhumés sur le sol de France, dans la ville de Montpellier. Et nous leur devons cette mémoire aux côtés de leurs frères d’arme ; c’est le sens de la réhabilitation de ce magnifique monument, européen avant l’heure. C’est l’union de deux devises, l’envie de se rassembler dans le souvenir, mais aussi pour l’avenir. Par cette réhabilitation, nous allons permettre aux jeunes, avec leurs enseignants et avec les associations de mémoire, de pouvoir à la fois remercier les soldats et embrasser en quelques secondes la cruauté de la guerre. Ce monument réhabilité va traverser les saisons, les âges et permettra aux générations qui viennent de savoir ce que signifie la tragédie de guerre. Cette rénovation, c’est le minimum que nous devons à ces jeunes soldats qui ont perdu la vie dans la folie de la guerre. »
Discours complet sur Facebook : https://www.facebook.com/villedemontpellier/videos/165623923300774
"Lors du Premier conflit mondial, les soldats français ou alliés blessés au front étaient envoyés à l’arrière pour être soignés. Montpellier, disposant d’une importante infrastructure hospitalière a pu les recevoir. Devant l’afflux de malades et de blessés, une vingtaine d’hôpitaux militaire furent créés, ce qui représentait environ 6 000 lits gérés par l’administration du 16e corps d’armée de Montpellier. En 1915, le Service de Santé de l’armée belge créée un hôpital au nord de Montpellier, au Plan des Quatre Seigneurs, sur un terrain boisé de cinq hectares dénommé Domaine Saint-Charles. Il est successivement dénommé Hôpital militaire belge – Villa Saint-Charles et Ambulance Élisabeth – Croix-Rouge de Belgique. Ambulance Élisabeth en hommage à la reine de Belgique surnommée la Reine Infirmière. Le site est doté de trois baraquements en briques appelés « les grands dortoirs » de 40 mètres de long sur 6 mètres de large. Cet hôpital ouvre le 15 mai 1915 et ferme le 15 mai 1919 après avoir accueilli 630 soldats belges. Cent sept soldats belges reposent dans quatre carrés militaires du cimetière Saint-Lazare : quarante-six au carré 14-18, cinquante-six dans le carré qui porte le nom de carré franco-belge 14-18 et quatre dans le carré 39-45, mais aussi un au carré militaire 14-18 du cimetière protestant de Montpellier. Chaque année, pour la Toussaint, le comité de Montpellier du Souvenir Français fleurit les carrés militaires. Le 2 novembre, une cérémonie rend hommage aux soldats morts pour leur patrie. Chaque carré militaire comporte un monument. Celui du carré franco-belge, où flottent en permanence les drapeaux belge et français, vient d’être rénové. II associe fraternellement les deux nations à travers plusieurs symboles. En haut, sous la croix de guerre sont enlacées deux devises : « L’Union fait la Force » entourant le Lion belge et « Honneur et Patrie » entourant le Coq gaulois. En dessous, un grand médaillon représente le roi Albert 1er de Belgique, surnommé le Roi Chevalier. Ce médaillon est un don du lieutenant-général belge Léopold de Koninck. Il a été réalisé par le sculpteur-médailler belge Victor Demaret."
