Le harcèlement scolaire, une vraie préoccupation
« Des arbres dans la ville, des jeux dans les parcs, des vélos dans les rues, de bons menus à la cantine… ce sont les sujets récurrents qui reviennent chaque année, explique Philippe Saillard animateur au pôle éducation de la Ville de Montpellier qui organise le conseil municipal des enfants et accompagne les petits élus depuis plus de vingt ans. Nous en avions parlé une fois, il y a une dizaine d’années, mais depuis trois ans, le harcèlement scolaire est l’une de leur vraie préoccupation. Ils ont voté à l’unanimité en début d’année pour travailler également sur ce thème et rencontrer les personnes référentes. »
Les élus des 4 groupes d’écoles qui composent le conseil municipal des enfants se réunissent les mercredis matin. Les idées et projets sont mutualisés entre ces 4 groupes qui forment un seul et unique conseil municipal des enfants. Tous ont travaillé sur le thème du harcèlement scolaire.
- Groupe 1 : calandreta Dau Clapas, et écoles Jules Verne, Jean Jaurès, Charles Dickens : le mercredi 15 mai à 9h.
- Groupe 2 : écoles Marie Curie (absente pour voyage scolaire), Jacques Brel, Olympe De Gouges, Jeanne Moreau : le mercredi 15 mai à 11h.
- Groupe 3 : écoles Miro, André Malraux, Jean Mermoz : le mercredi 24 avril à 9h.
- Groupe 4 : écoles Heidelberg, Senghor, Louisville, Balard : le mercredi 24 avril à 11h.
En raison d’un voyage scolaire, les élus du conseil municipal des enfants, élèves de l’école Marie Curie, n’ont pas pu participer avec le groupe 2, à l’atelier harcèlement scolaire qui était prévu à 11h, le mercredi 15 mai. Ils ont donc écrit un mot d’excuse, créé un slogan (voir ci-dessous) et fait signer une pétition à toute l’école.
« Le harcèlement, ça ne se soigne pas avec des pansements mais en l’arrêtant. »
En parler aux adultes
« Aujourd’hui, nous allons parler du harcèlement scolaire, vous avez voté pour ce thème, annonce Pauline Lucas, coordinatrice de projets éducatifs au sein du pôle éducation de la Ville de Montpellier. Je vais vous proposer des outils, mais savez-vous, ce qu’est le harcèlement scolaire ? » Les petits élus présents pour cet atelier sont attentifs, ils connaissent déjà le sujet pour l’avoir vécu ou avoir été témoins de situations de harcèlement.
« Pour moi ce n’est pas qu’une simple méchanceté. Il y a le harcèlement cérébral et physique, on dit harcèlement parce qu’il y a répétition. Ce sont des méchancetés qui se répètent chaque jour, cela peut conduire au suicide quand la situation empire », explique Louisa de l’école Jules Vernes. « Le harcèlement peut causer une phobie scolaire, on peut alors changer d’école », propose Ness de l’école Jean Jaurès. Pauline Lucas explique qu’il est possible de se tourner vers des adultes, les enseignants, les Atsem, le personnel d’entretien, les animateurs... « Si vous rencontrez quelqu’un qui vit le harcèlement, n’hésitez pas à le dire à un adulte. » « Ce n’est pas facile d’en parler car il y a des conséquences, on a peur que cela s’aggrave et même si quelqu’un nous en parle, on ne connait que sa version » s’inquiète Louisa. Et Louis de l’école Dickens de confier : « Des copains m’ont insulté tous les jours puis je l’ai dit à la maitresse. Il faut une infirmière dans les écoles, on peut aller la voir et dire ce qui s’est passé ; c’est plus ouvert ; il faut une personne spécialisée pour écouter un élève harcelé. » Pauline Lucas indique aux jeunes élus qu’il faut le dire au maitre ou à la maitresse, aux parents et faire attention aux insultes par téléphone. Elle met en garde les enfants contre le cyber harcèlement. L’échange est libre, serein et sérieux ; les enfants ont conscience de la gravité du harcèlement. « Une fois en cm1, la maitresse nous a raconté que l’un de ses élèves avait posté une vidéo avec lui en train de manger un hamburger, ensuite il s’est fait harceler à l’école, physiquement et cyber harceler. C’est vraiment violent », se désole, Yasmine de l’école Dickens. « Des solutions existent, explique Pauline Lucas, le programme Phare est un dispositif de lutte contre le harcèlement ; les adultes ont été formés pour lutter contre le harcèlement. Il existe un numéro, le 3018, à ce numéro, des personnes sont à votre écoute ».
La bonne attitude face au harcèlement
Après avoir visionné le petit film : C’est quoi le harcèlement ? et avant l’examen du « harcèlomètre », outil de prévention et de sensibilisation à destination des jeunes filles et garçons de 12 à 18 ans, créé par France Victimes 41 pour lutter contre toutes les formes de violences répétées caractéristiques de harcèlement (à l’école, sur Internet, dans le sport…), chacun des élus tire une carte du jeu Agir contre le harcèlement scolaire. Au choix, différents thèmes et questions.
Des séances qui montrent que les enfants sont particulièrement sensibles au harcèlement scolaire et très sensibilisés. Avec un constat : le harcèlement concerne des enfants de plus en plus jeunes. En effet, les études nationales montrent qu’un enfant sur dix aujourd'hui se fait harceler en école élémentaire. La Ville de Montpellier, fortement engagée pour lutter contre ce fléau, développe une expérimentation avec l'Éducation nationale pour partager et disposer d’un instrument de signalement des situations de harcèlement. Une expérimentation qui devrait voir le jour à la rentrée prochaine.
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On a remarqué que dans notre école de plus en plus d’élèves souffraient de harcèlement. Ces dernières années c’est devenu de plus en plus important, c’est pour cela que nous avons choisi d’en parler au conseil municipal des enfants. Cette année cela se passe un peu mieux dans mon école, mais ce sont plutôt les filles qui se font harceler ou des personnes sensibles, une élève asthmatique parce qu’elle ne peut pas courir. Je pense aussi à une fille dans mon école, je la vois souvent pleurer, cela me fait vraiment de la peine. Il y a beaucoup de souffrance, beaucoup de problèmes et beaucoup de harceleurs. À mon avis, ce sont elles-mêmes d’anciennes victimes qui n’ont pas été défendues et qui se vengent à leur tour. Il faudrait leur parler des conséquences graves de leurs actes. Ils sont encouragés parce qu’ils agissent en public. Il faudrait aussi expliquer aux spectateurs que ce qu’ils font n’est pas bien non plus. Je les comprends, ils ont envie d’être amis avec les harceleurs pour ne pas devenir eux-mêmes des élèves harcelés. J’ai déjà été harcelée lors de cours de langue étrangère. Les autres colportaient des rumeurs sur moi, je me suis défendue et je leur ai parlé. Cela s’est terminé. À l’école, je n’ai pas été harcelée mais je fais très attention quand même.
On a choisi d’en parler en conseil municipal des enfants, car il y a beaucoup plus de harcèlement cette année. Je connais des enfants qui ont été ou sont harcelés. Moi aussi j’ai été harcelé car je suis petit. En classe, des élèves me disaient tout le temps : va-t’en ! Riquiqui, t’est petit, retourne en CE2 ! C’était surtout l’année dernière, là ça va mieux. Au début, je les ai prévenus que j’allais le dire à mes parents et aux adultes. Ils se sont calmés. Pour arrêter le harcèlement, il faudra mettre en place le programme Phare dans les écoles primaires. Grâce à la lumière, ont peut alerter sur les cas de harcèlement. Pour moi ça va mieux, mais c’est compliqué pour quelques élèves qui se font encore harceler. Les adultes nous écoutent mais d’autres s’en fichent un petit peu ou rigolent. Ma maitresse est très concentrée, elle nous écoute. Le harcèlement se passe surtout dans la cour de récréation. Je n’ai pas de téléphone, ni de réseaux sociaux. Mes parents me disent que si cela recommence, ils iront voir la maitresse. Je suis le troisième de la classe, quand on travaille bien on est harcelé aussi. Pour que cela s’arrête on peut appeler le 3018, et il faut des psychologues, des surveillants dans les écoles. Les adultes doivent s’impliquer beaucoup plus pour lutter contre le harcèlement.
PHARE : un programme de lutte contre le harcèlement à l'école
Le programme de lutte contre le harcèlement à l’école, pHARe, est un plan global de prévention et de traitement des situations de harcèlement. Mis en place depuis 2021, généralisé aux écoles et collèges à la rentrée 2022, il est étendu aux lycées depuis la rentrée 2023. 100 % des écoles et établissements mettent en œuvre ce programme.
3018, numéro d’appel gratuit contre le harcèlement et le harcèlement scolaire :
Dans le cadre du plan interministériel de lutte contre le harcèlement à l’école présenté le 27 septembre 2023, le numéro 3018 devient le numéro d’appel unique pour alerter et signaler des situations de harcèlement à l’école et de cyberharcèlement subi par des mineurs.