Pouvez-vous nous présenter Enercoop ?
Simon Cossus : Enercoop est un réseau de coopératives d’intérêt collectif d’énergie renouvelable citoyenne et solidaire. Nos entreprises appartiennent à leurs clients : particuliers, entreprises et quelques collectivités. Je m’occupe de la coopérative pour le Languedoc-Roussillon, où l’on gère environ 5 000 compteurs dont un millier dans la métropole de Montpellier. Nous fournissons de l’énergie renouvelable majoritairement par des projets portés par les citoyens, en partenariat avec les mairies et les écoles. Ces petites centrales photovoltaïques sont financées via les investissements des citoyens et des collectivités territoriales.
Où est produite votre électricité ?
Notre électricité est produite notamment par une centrale qui appartient à Altémed dans le quartier Port Marianne à Montpellier. Cette dernière produit de la chaleur et de l'électricité avec du bois. Nous avons également une éolienne située sur la commune de Castanet-le-Haut. Il y a encore trop peu de production sur le territoire métropolitain. Nous avons des contrats avec plus de 400 producteurs.
« Notre philosophie : rendre accessible l’électricité écologique au plus grand nombre dans des conditions économiquement satisfaisantes. Pour ce faire, il n'y a pas d’autre moyens que d’impliquer les personnes dans notre projet ».
Tous les salariés d’Enercoop peuvent recevoir une partie de leur salaire en graines ?
Oui, s'ils le souhaitent, les vingt salariés basés à Montpellier, dans le quartier de Celleneuve peuvent recevoir une partie de leur salaire en graines et une autre partie en euros. Depuis six mois, nous avons remplacé l’enveloppe de billets par le paiement numérique via l’application sur le téléphone portable. C’est plus facile à gérer d’un point de vue comptable. Ils reçoivent entre 20 à 100 graines par mois, directement gérées par l’application. C'est le salarié qui décide du nombre de graines qu’il souhaite par mois.
Pourquoi ce choix ?
Notre projet d’entreprise d’énergies renouvelables s’inscrit dans plusieurs écosystèmes : les circuits courts locaux, énergétiques et économiques. Notre équipe est composée de personnes très militantes, présentes dans différents réseaux à Montpellier, que ce soit sur les questions sociales ou environnementales. Nous partageons les mêmes valeurs. J’ai aussi participé à la création de cette monnaie locale à titre personnel. Cela s’inscrit dans la logique des territoires en transition, qui ont beaucoup d'actions différentes sur l’alimentation, sur l’énergie, sur l’eau… Cela permet d’avoir une approche globale au niveau du territoire : on se connait, on se fréquente…
Vos fournisseurs peuvent-ils également vous payer en graines ?
Tous les professionnels et collectivités qui achètent notre électricité, font appel à notre bureau d'études ou notre organisme de formation peuvent nous payer en graines. Nous acceptons aussi pour toutes personnes, particuliers inclus, le paiement de leurs parts sociales en graines. Les parts sociales sont des titres de propriété au sein de la coopérative. Elles vous garantissent l'entrée au sein de la gouvernance, le droit de vote en assemblées générales et l'information régulière sur nos activités.
Nous payons également en graines notre imprimeur Tomoe. Notamment pour nos rapports d’activités et de gestion, soit une centaine de documents par an. Payer en numérique, ce n'est pas un problème.
Claire et Germán, salariés d’Enercoop, perçoivent une partie de leur salaire en graines
« Nous recevons une partie de nos salaires en graines. J'en perçois environ 50 chaque mois, mais en vue de Noël, je vais demander plus de graines pour faire mes cadeaux », confie Claire, psychologue sociale et environnementale de formation, chargée de la communication et de la vie coopérative chez Enercoop. « Sinon, je vais dans les comptoirs pour échanger des euros contre des graines. C’est ce que j’ai fait lors du marché des pros de la Graine, en octobre dernier à Castries. À titre personnel, je dépense mes graines chez Biocoop, dans la librairie Fiers de lettres, pour mes travaux de plomberie auprès de Gooday, une équipe de plombiers qui sillonne le centre-ville à vélo. Sur le plan professionnel, nous payons en graines notre imprimeur Tomoe, tout comme les traiteurs Mycélium ou La Muse gourmette, qui propose une cuisine végétale sans gluten avec des ingrédients bio, des produits de saison et en circuit court. Je suis vraiment fière de cette démarche qui favorise l’économie circulaire », ajoute-t-elle.
Germán, responsable administratif et financier chez Enercoop, est chargé notamment d’élaborer les fiches de paye : « Jusque-là, le versement de graines aux salariés volontaires se faisait en espèces, mais depuis septembre, le paiement s’effectue en numérique via l’application La Graine. Pour moi, la graine c’est primordial, fondamental. Je l’utilise beaucoup à titre personnel. J’achète beaucoup de choses avec la graine : même les lunettes de mon épouse ont été payées en graines ! Au moins, tout ce que je paie en monnaie locale ne va pas dans l’économie du CAC 40 ».
En pratique
Comment se procurer la Graine ?
Adhérer à l’association ADESL-La graine, pour activer son compte billets :
Commander des billets-coupons papier :
- En ligne sur le site de paiement sécurisé HelloAsso, pour recevoir les coupons par courrier
- En visitant un comptoir de change ou le local de La Graine situé au 11 rue Durand à Montpellier.
- En signant un mandat SEPA, pour un prélèvement sur le compte bancaire
Toutes les informations sur : LaGraine34
Comment se fait le paiement ?
- En billet-coupons. Il n’existe pas de centimes de Graine : par exemple, pour un bien ou service à 4,50€, je donne 2 billets de 2 Graines et 50 centimes d’euro.
- Ou sous la forme numérique avec l’APPLI’Graine34. L’appli permet de recharger son compte à partir de sa carte bancaire et de régler la somme exacte, comme n’importe quelle application de paiement.
Quelles enseignes acceptent la Graine ?
Plus de 150 commerces acceptent ce moyen de paiement. Annuaire des prestataires : https://lagraine34.org/prestataires/annuaire-des-prestataires/