Le roman des Grisettes de Montpellier

16-05-25 - 14:00
16-05-25 - 15:04
Dans son dernier livre, « Les Grisettes de Montpellier. À la conquête de la liberté », Jean-Luc Fabre, fait revivre la figure iconique des jeunes ouvrières du textile et de la mode montpelliéraine. En traçant le portrait d’une ville, au tout début du second Empire, entrant de plain pied dans la modernité.
Détail de tableau représentant une Grisette portant des cartons à chapeaux
© D.R.
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Passionné d’histoire depuis l’enfance, Jean-Luc Fabre s’est lancé dans l’écriture avec une série de romans de terroir, racontant les grandes pages de l’histoire des Cévennes, dont il est originaire. Premiers écrits, premiers succès. « Au départ je n’avais même pas pensé à me faire éditer. J’avais posté mon manuscrit sur un site internet, pour imprimer quelques exemplaires pour moi et mes proches. » Mais un éditeur, spécialisé dans les histoires régionales, repère vite le nouvel auteur et lui commande d’autres histoires. 

Du roman de terroir à l'épopée urbaine

Fort de ces succès, il décide de se lancer dans l'écriture de romans historiques montpelliérains. Ainsi, La Prophétie de Guilhem de Montpellier publié en 2020 aux Éditions De Borée transporte le lecteur vers ce qui n'est encore à la fin du Xe siècle qu'une colline aride, un "clapas"... la future Montpellier. Ensuite, avec « La Vénitienne des Pénitents Blancs », l’histoire devient polar. L’action se déroule en 1709 au cœur d’un hiver impitoyable, mettant en scène le célèbre chirurgien montpelliérain François-Gigot de Lapeyronie sur les traces d'un réseau d'espions vénitiens. Avec son nouveau roman, « Les Grisettes de Montpellier, à la conquête de la liberté », publié aux Éditions Le Papillon Rouge, Jean-Luc Fabre nous plonge cette fois en plein XIXe siècle. 

Vue de Montpellier depuis les Arceaux vers 1850
Vue de Montpellier vers 1850, au temps des Grisettes - © D.R.

Montpellier sous le Second Empire

L’histoire commence par une belle matinée de mai 1852. Louise, petite ouvrière tout juste arrivée de Ganges, traverse l’Esplanade pour assurer une livraison d’étoffes. Elle va faire la connaissance de Fanny, une Grisette, navigant entre deux mondes. Installée en atelier grâce à la richesse de son amant, Pierre Mercier, grand bourgeois de la ville, elle tombe amoureuse du fils de ce dernier, un étudiant turbulent et opposant politique à Napoléon III. 

Comme pour tous ses autres récits, derrière l'intrigue romancée, Jean-Luc Fabre s’attache, le plus fidèlement possible à recréer la « photo » de l’époque. En l’occurrence, celle d’une ville encore sous le choc du coup d’état de Louis Napoléon Bonaparte. « Une époque charnière, où le commerce florissant et l’enrichissement de la bourgeoisie vont de pair avec un retour en arrière des libertés politiques. Les contestations y sont rapidement muselées. Parallèlement Montpellier sort de sa chrysalide. Les grands travaux Haussmanniens menés par le maire Jules Pagezy, immeubles, grandes avenues, vont profondément remodeler l’architecture et donc le visage même de la cité. »

Vue de la Halle aux Colonnes
Vue de la Halle aux Colonnes (actuelle place Jean Jaurès) - © D.R.
Portrait d'Hippolyte Rech, créateur du premier service hospitalier pour l'accueil des aliénés
Portrait d'Hippolyte Rech, créateur du premier service hospitalier pour l'accueil des aliénés - © D.R.
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Vue de la Halle aux Colonnes
Vue de la Halle aux Colonnes (actuelle place Jean Jaurès) - © D.R.
Portrait d'Hippolyte Rech, créateur du premier service hospitalier pour l'accueil des aliénés
Portrait d'Hippolyte Rech, créateur du premier service hospitalier pour l'accueil des aliénés - © D.R.

Populaires, élégantes et rebelles : les Grisettes de Montpellier

Loin des crinolines et des bals de salon, l’auteur s’intéresse surtout au petit peuple du commerce et des travailleurs. Rues et places s’animent de figures familières. On se promène sous les tilleuls de l’Esplanade, on emprunte des rues qui n’existent plus. Au fil de l’intrigue, apparaît même Hippolyte Rech, pionnier de la médecine, qui s’intéresse très tôt aux aliénés et innove dans le traitement des maladies mentales. Mais la figure centrale de l’ouvrage reste celle, populaire, élégante et rebelle des célèbres Grisettes. Travailleuses indépendantes de la mode et de la confection, cherchant le juste équilibre entre l’attraction qu’elles suscitent, mais aussi l’envie et la jalousie qu’elles provoquent.

« Sans mari, sans patron, établies à leur compte, elles précèdent de quelques décennies les mouvements féministes. Mais si elles inventent le principe d’auto-entreprise, elles ne peuvent encore s’affranchir totalement des hommes, majoritairement détenteurs du capital. Le vent de liberté est en train de souffler. Mais nous restons encore au 19e siècle. Balzac vient de mourir. Zola va prendre le relais. Et les résistances au progrès social sont profondément ancrées… »

Les Grisettes de Montpellier. À la conquête de la libertéJean-Luc Fabre. Roman - Editions Le Papillon Rouge.

Portrait de Jean-Luc Fabre et couverture de son ouvrage sur les Grisettes de Montpellier
Jean-Luc Fabre, auteur du roman "Les Grisettes de Montpellier, à la conquête de la liberté" - © D.R.

JEAN-LUC FABRE A LA COMÉDIE DU LIVRE - 10 JOURS EN MAI

Invité par la Librairie Fiers de Lettres, Jean-Luc Fabre sera présent à la Comédie du Livre pour rencontrer ses lecteurs et dédicacer son dernier livre. Rendez-vous Promenade du Peyrou :

  • Samedi 17 mai : de 16h à 19h ;
  • Dimanche 18 mai : de 10h à 12h et de 14h à 17h30.