Série : Ils font la ligne 5 de tramway / épisode 10

Ligne 5 : Stéphane Poncet de TaM veille sur les nouvelles rames

16-11-25 - 06:30
Stéphane Poncet, adjoint responsable matériel roulant tramway à TaM a suivi l’arrivée des nouvelles rames de la Ligne 5, depuis l’élaboration de l’appel d’offres jusqu’aux essais réalisés au fur et à mesure de leur livraison. Il nous explique son métier et nous présente les nouveautés techniques de ce tramway fabriqué par le constructeur CAF.
Stéphane Poncet chez le constructeur CAF à, Bagnères-de-Bigorre
Stéphane Poncet chez le constructeur CAF, à Bagnères-de-Bigorre - © D.R.
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Depuis quand travaillez-vous à TaM ?

Stéphane Poncet : J’ai débuté à TaM, au dépôt des Hirondelles, le 1er septembre 1999 pour l’arrivée de la première rame de la ligne 1 de tramway. J’étais chef d’équipe maintenance matériel roulant tramway.

En quoi consiste ce métier ?

Stéphane Poncet : J’ai mis en place l’équipe de maintenance, soit moins d’une dizaine de personnes au tout début du tramway à Montpellier. Notre travail était de réceptionner les rames (30 rames sur la ligne 1), les mettre en service, apprendre à les dépanner et à assurer la maintenance avec le constructeur Alstom. 

Atelier des lignes de tramway au dépôt TaM
Dépôt des lignes de tramway - © C. Ruiz

C’était une première pour vous  ?

Stéphane Poncet : Oui, c’était un nouveau challenge de travailler sur les premières rames de tramway de l’ère moderne, avec de l’informatique à l’intérieur. Avant, je m’occupais de la maintenance d’hélicoptères. 

Quand avez-vous commencé à suivre la Ligne 5 ?

Stéphane Poncet : J’ai d’abord évolué vers le poste de chef d’atelier de maintenance et participé à l’arrivée de la ligne 3. Et depuis que la ligne 5 a été relancée, en mai 2021, j’ai quitté mon poste pour rejoindre les équipes projet de TaM et les aider techniquement à élaborer l’appel d’offres pour le choix du nouveau matériel roulant. Je suis ainsi passé adjoint responsable matériel roulant tramway.

Parlez-nous de cet appel d’offres.

Stéphane Poncet : C’est l’un des plus importants de France. Une commande de 77 rames de tramway, 60 dans un premier temps et 17 en option. J’ai suivi toutes les phases d’audition avec la Métropole. À l’été 2022, le groupe espagnol CAF Urbos, dont l’usine de fabrication est située dans la région, à Bagnères-de-Bigorre a été sélectionnée pour un montant de 225 000 000 euros. C’est un nouveau constructeur - les précédentes rames ont été fabriquées par Alstom - c’était un peu une surprise pour tout le monde. Par la suite, des villes comme Marseille, Tours ou Grenoble ont aussi fait le choix de CAF pour leur tramway.

Vérification de chaque rame livrée par CAF
Vérification de chaque rame livrée par CAF - © D.R.

Comment avez-vous travaillé avec CAF ?

Stéphane Poncet : Avec Lionel Monier, chef de projet, notre tâche consistait à vérifier que les exigences demandées dans le cahier des charges soient bien respectées par le constructeur. Pendant deux ans et demi, nous avons fait de nombreux allers-retours à Saragosse, le siège social de CAF et surtout à Bagnères-de-Bigorre où sont construites les rames. Nous nous sommes rendus également chez différents fournisseurs qui fabriquent des éléments de la rame comme les portes, les climatisations… Nous devions valider les produits et faire faire, quand cela était nécessaire, de petites modifications.

Quelles modifications avez-vous demandées à CAF ?

Stéphane Poncet : Par exemple, pour la cabine du tramway, nous n’avons pas voulu perturber les conducteurs qui roulent aujourd’hui avec des rames de modèle Citadis d’Alstom. Car ils vont passer d’une rame à une autre dans la même journée. Nous avons donc demandé à CAF de se rapprocher au maximum de l’ergonomie des rames Alstom, notamment au niveau des boutons de commande pour faciliter leurs manipulations.

Techniquement, qu’est-ce qui change entre les anciennes et les nouvelles rames ?

Stéphane Poncet : Il y a beaucoup plus d’informatique sur les dernières rames, ce qui va améliorer leur fiabilité. La rame est également entièrement équipée de portes-doubles avec des bandeaux lumineux, c’est une belle avancée. Les usagers avaient tendance à vouloir retenir la porte quand elle se fermait et ça engendrait des défauts sur les portes, et bien sûr, des retards. Avec les bandeaux lumineux verts ou rouges, le message sera plus clair. Les nouvelles climatisations sont aussi plus économes en énergie et contiennent un fluide moins polluant pour devancer l’interdiction à venir dans quelques années. Autre changement, très important pour les équipes de maintenance, les rames CAF ont très peu d’équipement en toiture, contrairement à celles d’Alstom que nous devons rentrer dans l’atelier et mettre « en passerelle » pour intervenir. Avec les nouvelles rames, 90 % des interventions de maintenance se fait à l’intérieur de la rame sans avoir à accéder à la toiture. Cela facilite notre travail.

Sortie officielle de la première rame de la ligne 5 à Montpellier
Sortie officielle de la première rame de la ligne 5 à Montpellier - © C. Ruiz

Quand la première rame est-elle arrivée à Montpellier ?

Stéphane Poncet : Le 7 mars 2025, à bord de deux camions. Depuis (interview réalisée le 22 septembre 2025), nous avons reçu sept rames CAF au dépôt. Une à deux par mois. Le dépôt des Hirondelles de la Mosson a été agrandi pour stocker les rames CAF. Aujourd’hui, nous avons 17 remisages de quatre rames chacun pour garer tous les tramways du réseau. 

Comment se déroule cette réception ?

Stéphane Poncet : En amont, nous allons deux jours à l’usine CAF pour contrôler la qualité de la rame avant sa livraison. Elle est ensuite assemblée au dépôt, puis une à deux semaines après on sort chaque rame pour faire des essais dynamiques sur le réseau et la valider. Depuis le 5 juillet 2025, on sort sur tout le réseau, toutes les nuits après l’exploitation commerciale afin d’éviter tout incident. Nous vérifions le confort de la rame, les vitesses à respecter, les gabarits…

"La règlementation française pour les tramways est très complexe. Il y a énormément de points à valider en peu de temps. Il ne faut pas se louper."

Quelles sont les difficultés ?

Stéphane Poncet : Elles fonctionnent très bien, on a peu de soucis techniques. Mais c’est une course contre la montre. Avant l’inauguration de la ligne 5 prévue le 20 décembre, nous avons comme premier challenge de rendre les rames conformes à la règlementation et opérationnelles. La règlementation française pour les tramways est très complexe. Il y a énormément de points à valider en peu de temps. Il ne faut pas se louper.

Qui travaille avec vous sur cette partie ?

Stéphane Poncet : Mon nouveau chef de projet, Hervé Broussard, des agents de maintenance, carrossiers et techniciens d’atelier, et les équipes du constructeur. Une dizaine de personnes de CAF est présente depuis l’arrivée de la première rame. On se forme avec eux sur le terrain, c’est très intéressant et enrichissant. Ils resteront deux ans après la validation de la dernière rame, soit la période de garantie pour s’assurer de la fiabilité du matériel roulant.

Votre mission se termine lors de l’inauguration de la ligne 5 ? 

Stéphane Poncet : Non, je retournerai à la maintenance seulement en 2028-2029, après la livraison de la deuxième tranche des rames, celles pour remplacer les anciennes rames de la ligne 1… J’ai encore de nombreuses rames à valider ! 

Essais des rames la nuit
Essais des rames la nuit - © TAM - Pierre Colsenet

>>> Retrouvez la série d'encommun.montpellier.fr sur les femmes et les hommes qui font la ligne 5 de tramway.