Institut Maïmonide : quand l’histoire juive de Montpellier se raconte dans ses rues

17-11-25 - 06:30
17-11-25 - 09:36
Il suffit de flâner dans les ruelles du centre historique de Montpellier pour que, soudain, l’Histoire s’invite au détour d’un trottoir. Les nouvelles vitrines de l’Institut Maïmonide résument celle des Juifs dans la cité au Moyen-Âge. Claires, documentées, pédagogiques, elles offrent le passé à portée de regard.
Maimonide Montpellier
© C. Marson
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Pas de billet d’entrée, tout est dans la rue. Un musée en plein air, ouvert jour et nuit. Cinq vitrines rue de la Barralerie, deux autres un peu plus loin, rue du Palais-des-Guilhem. Elles protègent des textes, des reproductions d’archives et de gravures, qui toutes racontent le Montpellier juif médiéval. Elles ornent l’Institut universitaire Maïmonide-Averroès-Thomas d’Aquin, qui depuis 25 ans œuvre à mettre en valeur le patrimoine hébraïque médiéval, dans un esprit d’ouverture et de dialogue interreligieux.

À hauteur d'enfants

Les textes ont été repensés, simplifiés, modernisés par rapport aux anciens datant de 2008. Place à un graphisme épuré, à une langue claire et à une science actualisée. Chaque vitrine condense les découvertes récentes des archéologues et des historiens. Et pour ceux que la curiosité pousse plus loin, un QR code glissé dans le coin de la vitre permet d’explorer des archives, des photos, ou même de réserver une visite du mikvé. Le dispositif se veut inclusif avec un graphisme clair, une rubrique pensée pour les enfants, des contenus accessibles en anglais et en espagnol.

Une mémoire au cœur de la ville

À travers les vitrines, c’est tout un pan de la vie médiévale qui reprend vie. On apprend que dès avant l’an mil, une communauté juive était installée à Montpellier où, contrairement à bien d’autres villes, on les accueille avec tolérance. Ils peuvent prier, enseigner, posséder, fonder des familles. Guilhem V, dans son testament en 1121, leur interdit néanmoins toutes fonctions administratives. Son descendant, Guilhem VIII, 60 ans plus tard, proclame la liberté d’enseigner la médecine à tous, sans distinction d’origine. Les savants juifs, nourris de connaissances arabes, participent alors à faire de Montpellier un haut lieu du savoir.

Un trésor patrimonial 

En arpentant les rues adjacentes, on devine les contours de leurs anciens quartiers autour de la place de la Canourgue. C’est là qu’étaient la synagogue, l’école, la boucherie et le mikvé.

Ce bain rituel juif est un lieu de purification spirituelle. Celui de Montpellier, vieux de plus de huit siècles est un joyau. L’eau qui l’alimente provient directement d’une résurgence naturelle, reliée à la nappe phréatique. Une exigence religieuse stricte, car l’eau doit être vivante, non stagnante, pure par essence.

Il n’existe aujourd’hui qu’une douzaine de mikvés médiévaux visitables dans toute l’Europe. Celui de Montpellier, ouvert au public depuis 1985 et merveilleusement conservé, fait partie des plus remarquables, aux côtés de ceux de Syracuse, de Besalù, de Worms ou de Spire.

Un projet d'envergure

Ces vitrines, inaugurées en octobre, sont la première étape d’un grand projet qui est de raconter l’histoire des Juifs du Languedoc au Moyen Âge à travers un lieu vivant, pédagogique et poétique. Le bâtiment sera restauré, le mikvé plus accessible, et le parcours prolongera cette expérience de rue en un vrai voyage dans le temps. Mais en attendant, il suffit d’une promenade.

Mikvé Montpellier
Les locaux dans lesquels se situe le mikvé ont d'abord été loués par la Ville de Montpellier en 1983, avant d’être totalement acquis en 1998 - © C. Marson
Mikvé Montpellier
Après une toilette rigoureuse, le croyant se plonge dans le bassin - © C. Marson
Mikvé Montpellier
La Charte de 1181 permet aux juifs d’origine andalouse de transmettre les savoirs antiques hérités des arabes - © C. Marson
Mikvé Montpellier
Expulsés de France au XIVe siècle, les Juifs ne reviendront officiellement qu'à la Révolution - © C. Marson
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Mikvé Montpellier
Les locaux dans lesquels se situe le mikvé ont d'abord été loués par la Ville de Montpellier en 1983, avant d’être totalement acquis en 1998 - © C. Marson
Mikvé Montpellier
Après une toilette rigoureuse, le croyant se plonge dans le bassin - © C. Marson
Mikvé Montpellier
La Charte de 1181 permet aux juifs d’origine andalouse de transmettre les savoirs antiques hérités des arabes - © C. Marson
Mikvé Montpellier
Expulsés de France au XIVe siècle, les Juifs ne reviendront officiellement qu'à la Révolution - © C. Marson