Parlez-vous français ?

29-06-23 - 17:07
12-07-23 - 14:59
Verbes irréguliers, consonnes muettes, grammaire rigoureuse… La langue française est souvent décriée comme une langue difficile par les étrangers. Pourtant, ils sont plusieurs milliers à l’apprendre sur le territoire montpelliérain. Outre les écoles qui dispensent l’enseignement du français, il y a d’autres endroits où pratiquer. Pour son plaisir ou par nécessité.
Gharib révise son examen avec l'aide de Margaux Tornaré, de l'association AVEC.
©DR
Écouter

« Je suis bloquée dans ma vie quotidienne ici, parce que je ne parle pas bien le français. Ces ateliers m’aident beaucoup. » Suzanne est allemande. Cette quinquagénaire vient régulièrement à Montpellier passer ses congés. Depuis plusieurs semaines, elle participe tous les jeudis aux séances de conversations, animées par des bibliothécaires de la médiathèque Émile Zola de Montpellier et des médiateurs de l’Alliance française. Ce jour-là, ils sont une vingtaine à s’être présentés. 

Assis sur des chaises disposées en cercle, ils vont pendant plus d’une heure, discuter librement d’un thème lancé par l‘animatrice. « Ces ateliers de français ne sont pas des cours de langue. Ils s’adressent à des personnes possédant déjà des bases », explique Muriel Devaux-Sprecher, une des deux bibliothécaires chargées de l’atelier. Comme sa collègue, elle a été formée à la Bibliothèque publique d’information, à Paris, afin de mettre en place ce projet. « Dès le début, en avril 2022, le succès a été au rendez-vous ». 

Rencontres autour du monde

Pérou, Égypte, Japon, Australie, États-Unis, Maroc…Tous les continents sont représentés dans cette pièce attenante à la salle Jeunesse. Ils ont entre 18 et 62 ans. Certains sont étudiants comme Maria, l’hongkongaise, d’autres sont des conjoints étrangers de français. Quelques-uns sont des réfugiés, comme Hasmik l’arménienne, hébergée depuis sept mois au Centre d’accueil des demandeurs d’asile ou Sasha, qui a quitté l’Ukraine l’an dernier avec sa mère. Dentiste de formation, le jeune homme travaille actuellement dans un restaurant de la ville. Sergio, lui, a quitté le Nicaragua il y a quatre ans. S’il parle et comprend bien le français, il tient à assister à ces ateliers. « Cela me permet de rencontrer du monde et de sortir de ma bulle ». Il n’est pas rare que certains se fréquentent en dehors de l’atelier, tels Bastian l’allemand et William l’américain qui se retrouvent parfois autour d’une bière. Tous ont envie de partager avec les autres, leurs expériences d’expatriés.

Être à l’aise en français

C’est la même chose dans le local de l’association AVEC « Association Vivre Ensemble en Citoyen ». Margaux Tornaré met en place une fois par semaine, des ateliers de formation destinés aux allophones. Ils sont marocains, algériens, afghans ou simplement illettrés. La jeune femme ne donne pas de cours de langue. « Ce n’est pas mon rôle. Je leur apporte une formation pratique. Comprendre les termes administratifs quand ils doivent remplir des dossiers, les aider à se repérer sur des sites web du service public, par exemple. Aujourd’hui, je leur ai demandé de récupérer des informations précises sur le site de la Préfecture. »  Les niveaux ne sont pas les mêmes et elle doit s’adapter à chaque séance. 

Obtenir la naturalisation 

Certains suivent des cours à l’Alliance française de Montpellier. Leur objectif est de décrocher le certificat niveau B1 oral et écrit du CERL (Cadre européen de référence pour les langues), obligatoire pour obtenir la naturalisation française. « Cela signifie comprendre, parler et lire un français courant, celui de la vie quotidienne ou pouvoir prendre part sans préparation à une conversation sur des sujets familiers. » Une aisance à parler français qui peut être un atout lors de l’entretien que le candidat à la naturalisation doit avoir avec un agent de la préfecture de police, sur l’histoire, la culture et la société française. « Nous les préparons à l’examen de français quand ils le souhaitent. Je suis assez franche avec eux et leur dis s’ils ont le niveau ou pas. » 

Pour Gharib, l’enjeu est crucial. Sa carte de séjour expire en octobre. Il doit absolument réussir son examen de français avant cette date. « Je l’ai déjà raté une fois. Si l’oral ne me pose pas de problème, j’ai de grosses difficultés à l’écrit. Je viens ici pour m’améliorer », signale ce marocain de 32 ans, arrivé en France en 2014, en se penchant sur sa feuille d’exercice. Il s’agit de rédiger une lettre de réclamation : « Vous avez perdu votre valise à l’aéroport. Expliquez les circonstances de cette perte et décrivez l’aspect de votre bagage ».  

Plus d'infos :
Médiathèque Émile-Zola
Tel. : 04 67 34 87 00
mediatheques.montpellier3m.fr