À la maison, c’est un peu la tour de Babel. Elisabeth Vidal, Huub Ubbens et leurs deux enfants se parlent aussi bien en français, anglais, italien ou néerlandais. « Mais il y a des expressions que l’on préfère dire uniquement dans une langue, relève Huub. Par exemple : ça va ? On ne peut le dire qu’en français. Et c’est souvent en italien qu’on se dispute avec Elisabeth. » La nationalité différente des parents et leurs 20 ans de vie en Italie expliquent ce polyglottisme. La montpelliéraine et le néerlandais se sont rencontrés à Milan, la capitale du design, un secteur dans lequel le couple travaille. « La société italienne, quand nous y étions, était assez tolérante. On ne sentait pas le poids d’une quelconque hiérarchie, confie Elisabeth. Et paradoxalement, dans ce pays latin, être une femme était facile à vivre. Je n’ai pas ressenti de sexisme dans mon travail. »
Un mélange Nord-Sud
C’est donc sous le soleil de Lombardie que se sont accordés deux tempéraments différents, nés sous des latitudes opposées. « Elisabeth est très française dans le sens où elle revendique un côté féministe très prononcé. Elle a aussi un rapport avec la famille qu’on ne retrouve pas aux Pays-Bas », estime Huub, dont Elisabeth relève « l’art de la soustraction, c’est-à-dire qu’il va à l’essentiel et ne s’embarrasse pas de détails. C’est sa force et sa limite. » Une attitude que le quinquagénaire attribue à son éducation calviniste. « C’est une forme de protestantisme plus serré, qui part du principe qu’il n’y a pas de pardon après la mort. Il faut donc être irréprochable durant sa vie terrestre. » Cependant, il avoue ne pas toujours reconnaitre son pays natal lors de ses séjours là-bas. « La mentalité a changé. On ne cache plus sa fortune. À présent, énormément de mots anglais sont employés dans le langage courant. »
Dépasser les nationalités
En 2010, la famille s’installe à Montpellier. Elisabeth avait envie de se rapprocher de sa famille et que leurs enfants, nés en Italie, découvrent leurs racines françaises. « Au bout d’un moment, je ne savais plus trop à quelle culture j’appartenais. C’était important de revenir en France. » Huub a accepté facilement. Il en avait assez de Milan et de sa pollution et reconnait ne pas être attaché particulièrement à un endroit précis. Le couple a bénéficié des avantages du marché unique européen, de la facilité de se déplacer et de travailler n’importe où sur le continent. Néanmoins, il demeure circonspect sur la tournure que prend l’édification d’une Europe unie. « Je pensais que cela se développerait plus vite », se désole Elisabeth. « Il faudrait dépasser les nationalités et se concentrer sur les régions », estime Huub. Tous les deux partagent la conviction que la grande force de l’Europe réside dans sa diversité linguistique. « Si nous ne parlions qu’une seule langue, cela nous appauvrirait. »
Montpellier, candidate pour être Capitale européenne de la culture
Montpellier et toutes les collectivités partenaires à ses côtés ont été présélectionnées parmi les 4 finalistes pour devenir Capitale européenne de la culture en 2028. Elles poursuivent ainsi leur travail de coopération et portent un véritable projet de territoire ambitieux, intégrateur, tourné vers l’avenir. 154 communes s’associent ainsi pour penser les défis contemporains et y apporter une série de réponses concrètes grâce au levier de la culture. Depuis 2022, cet élan partagé s’illustre sur le territoire de la candidature par 85 projets culturels qui développent de nouveaux partenariats européens. La ville lauréate sera désignée le 13 décembre.
+ d’infos : montpellier2028.eu
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