Au départ, l’idée germe lors des activités organisées au sein du centre de loisirs du club… Sur les temps de détente, les animateurs proposaient divers jeux de société, comme le Monopoly ou le Uno. Mais, en discutant avec les adultes, les enfants eux-mêmes ont proposé d’aller vers les échecs. Lotfi, coordinateur CLAS (contrat local d’accompagnement à la scolarité) et directeur du centre de loisirs, ainsi qu’amateur d’échecs, a donc mis en place une section dédiée à ce jeu de stratégie en 2023. « Pour cette deuxième année, grâce à la Ville, nous avons désormais des créneaux fixes le mercredi soir au sein de la Maison pour Tous Colucci : enfants de 16h à 18h, ados et adultes de 18h à 20h. Nous sommes le seul club d’échecs en QPV à Montpellier, et cela provoque un vrai engouement dans le quartier », explique Lotfi avec fierté. Il envisage même de recruter un professeur d’échecs de niveau supérieur d’ici la fin de l’année.
« Sortir des clichés et ouvrir le champ des possibles pour les jeunes »
Une partie des jeunes licenciés ont déjà pu vivre l’expérience de la compétition. Ils ont participé au championnat départemental jeunes et à un tournoi interclubs multi-niveaux et sans classe d’âge. Ils ont découvert à cette occasion les subtilités des règles en compétition : gérer la pendule, connaître les pénalités et les stratégies, jouer le match nul quand on est trop en difficulté, ne pas parler pendant le match...
« La concentration, ça s’apprend aussi ! »
« Pour des débuts en compétition, les résultats sont encourageants. De toute façon, nous ne visons pas forcément la gagne, même si cela fait toujours plaisir. Notre démarche est plutôt éducative : rencontrer, se mélanger, échanger, apprendre… Les enfants se prennent facilement au jeu, et cela les aide à prendre confiance en eux. Parfois, ce sont même les plus petits qui apprennent des choses aux plus grands », raconte le jeune responsable. « Notre objectif est aussi de montrer que dans les QPV aussi on peut bien jouer aux échecs, et pas seulement faire du foot ou de la boxe… C’est une manière de sortir des clichés et d’ouvrir le champ des possibles pour les jeunes », rajoute-t-il.
Les échecs restent ludiques, mais nécessitent de s’améliorer dans de nombreux domaines : stratégie, concentration, anticipation, créativité, analyse du jeu… « La concentration, ça s’apprend aussi ! Notamment pour des enfants qui ont l’habitude de beaucoup bouger. Là, il y a un jeu avec un objectif, attaquer et mettre en échec et mat le roi adverse, et cela fonctionne assez bien », assure Lotfi.
Une fédération surprise mais ravie
L’initiative du 3MTKD a surpris la Fédération française d’échecs, mais celle-ci accompagne naturellement cette démarche. « La Fédération fournit toujours du matériel pour les clubs nouvellement créés (5 jeux et 5 pendules) et la section échecs du 3MTKD n’a pas fait exception. Nous avons découvert ce club presque par hasard, sur un tournoi où ils sont venus avec plein de jeunes motivés. C’est top ! On est très contents et on est à leur écoute pour les accompagner si nécessaire. Ou éventuellement organiser un évènement ensemble. D’ailleurs, deux animateurs du club vont suivre prochainement une formation avec le comité départemental », raconte Fabrice Tur, président du CDJE34 (Comité Départemental du jeu d'échecs dans l'Hérault), mais également arbitre et membre du club de Lavérune.
« Avant je faisais du taekwondo, mais maintenant je fais du foot. Je jouais déjà à des jeux de stratégie et aux échecs de mon côté. J’aime bien ça. Mais maintenant, c’est plus pratique car il y a un club à côté de chez moi dans mon quartier. Je viens avec ma petite sœur en général. Les échecs, cela m’aide à me concentrer. Par rapport au foot, on peut dire que cela aide à avoir une vision plus globale du terrain. J’ai participé à deux tournois déjà avec le groupe du club. C’était bien. Cela nous a appris à mieux jouer, à mieux comprendre comment jouer en compétition. On a rencontré des gens de tous les âges. C’était un peu bizarre mais intéressant de jouer contre des personnes de 40 ou 50 ans. Ma pièce préférée, c’est la reine car elle peut tout faire. C’est la plus dangereuse et la plus utile pour dominer le jeu. »
« Je suis licencié au taekwondo et aux échecs, comme mon grand frère. J’ai commencé l’an dernier. On a fait un tournoi dans une grande salle, avec plein de tables alignées… On a joué contre des gens plus ou moins forts. J’ai gagné trois parties. J’étais très fier car j’étais débutant et pas encore très bon. Les échecs, c’est un super jeu. Il faut surtout prendre le temps de bien réfléchir avant de bouger ses pièces. Personnellement, j’aime bien utiliser le roque mais il y a plein de stratégies, et je ne les connais pas toutes. Par rapport au sport, pour le taekwondo, je dirais que ça m’aide à être plus calme et plus concentré. »
