Quel a été votre premier contact avec la ligne 5 ?
Sylvia Mirallès : J’ai eu la chance l’année dernière de faire partie du groupe des huit conducteurs TaM qui a travaillé sur le poste de conduite en relation avec CAF, le constructeur de la rame Urbos 100X qui roulera sur la ligne 5...
« J’ai été une des premières à découvrir la nouvelle rame de la ligne 5 ! »
Comment avez-vous travaillé ?
S. M. : Nous avons échangé à plusieurs reprises avec l’équipe CAF, basée en Espagne et à Bagnère-de-Bigorre dans les Hautes-Pyrénées, sur la conception de la cabine. Nous avons essayé de reproduire le poste de conduite des autres rames des lignes 1 à 4, qui ont été à l’époque fabriquées par Alstom, afin de ne pas trop changer les habitudes des conducteurs TaM. Et en janvier, nous avons eu la grande chance d’aller sur le site de Saragosse en Espagne pour découvrir notre nouvelle rame et parcourir les cent premiers mètres au poste de conducteur !

Vous êtes satisfaite du résultat ?
S. M. : Oui, elle est très chouette et moderne. La ligne 1 a plus de vingt ans, la technique a évolué depuis. On est assis en hauteur, ce qui permet de mieux voir ce qui se passe devant le tram. Les rétroviseurs caméras sont beaucoup plus larges et offrent une plus grande vision arrière de toute la rame. Les écrans du SIE (système d’informatique embarquée) passent de 10 à 15 pouces. Les informations essentielles pour la conduite comme la limitation de vitesse ou l’ouverture des portes sont très visibles. Tout est fait pour une prise en main facile et rapide. On va se battre pour la conduire !
« Nous avons commencé à la prendre en main au remisage à la Mosson »
Vous l’avez déjà conduite à Montpellier ?
S. M. : Oui, les premières rames sont arrivées en mars. Nous avons commencé à les prendre en main au remisage, au dépôt des Hirondelles à la Mosson où un nouvel atelier a été construit spécifiquement pour les « rames CAF », comme on les appelle entre nous. On la rentre, la sort sur une centaine de mètres pour voir comment elle se comporte… Elle sortira sur le réseau pour des essais fin – début juillet et sur le parcours de la ligne 5 à la fin de l’été quand le chantier sera terminé. Les rails sont déjà presque toutes posées. Je suis impatiente !

Qu’est-ce que la rame de la ligne 5 va changer pour les passagers ?
S. M. : Comme ses grandes sœurs, elle porte une très belle robe. Les tramways à Montpellier sont connus dans le monde entier, ils embellissent la ville. On nous en parle très souvent. À l’intérieur, la rame de la ligne 5 est plus lumineuse, plus spacieuse avec des fauteuils positionnés différemment. Autre nouveauté importante, il n’y aura plus de portes simples, seulement des portes doubles, ce qui évitera les queues qui se forment parfois aux extrémités des rames. La signalétique est améliorée avec, par exemple, pour les personnes à mobilité réduite un gros marquage au sol et pour tous les usagers, quand les portes sont condamnées, un bandeau lumineux tout autour très visible. Les passagers vont bénéficier de nombreuses améliorations. Elle va avoir du succès !
« Anticiper, regarder loin, analyser ce que font les gens… »
Depuis quand êtes-vous conductrice TaM ?
S. M. : Je suis arrivée à la TaM en avril 2019. Auparavant, j’étais monitrice d’auto-école où j’ai commencé à l’âge de 19 ans. J’ai toujours rêvé de conduire un bus. J’ai passé le permis D et la FIMO voyageurs pour transporter des passagers.
Cette reconversion n’a pas été trop difficile ?
S. M. : Non, autant j’ai galéré pour le permis moto, autant pour celui-là, je n’ai eu aucune difficulté. J’étais faite pour ça ! J’ai adoré. Je n’ai pas trouvé ça plus dur que conduire une voiture.
Votre expérience de monitrice d’auto-école a été un atout ?
S. M. : Oui, ça m’aide beaucoup pour conduire le tram notamment au niveau de l’anticipation. Le problème aujourd’hui à Montpellier, c’est qu’on circule au milieu des trottinettes, des vélos, des piétons avec des casques sur les oreilles… Les gens font souvent n’importe quoi et ne s’en rendent pas compte. Ils sont habitués au gong du tram et ne font même plus attention à nous.

Comment faites-vous pour éviter les dangers ?
S. M. : Il faut beaucoup anticiper, regarder loin, essayer d’analyser ce que vont faire les gens, ça passe par le regard… J’ai eu quelques frayeurs au début. Mais un jour je me suis dit que ce n’était pas possible de continuer comme ça, qu’à partir de maintenant, tout ce qui circulait autour de mon tram, même loin, je devais garder un œil dessus car il représentait un danger potentiel. Depuis ce jour, je n’ai plus eu de soucis. Je me régale à conduire le tram.
Vous avez des contacts avec les usagers ?
S. M. : Oui, nous avons nos voyageurs fidèles. On nous demande aussi souvent quelle ligne emprunter. Les plus jeunes nous disent bonjour, les touristes nous prennent en photo. Ça fait plaisir. Les conducteurs de tram sont plutôt populaires.
« Quand vous avez un casque sur les oreilles, gardez une oreille extérieure ! »
Quels messages souhaitez-vous faire passer aux usagers ?
S. M. : Des messages de prudence. Aux piétons, trottinettes ou vélos, quand vous avez un casque sur les oreilles, gardez une oreille extérieure ! C’est très dangereux. Vous êtes sur les rails, on vous frôle et vous êtes surpris. Un tram lancé a une inertie importante quand il freine… Aux automobilistes, ne roulez pas sur les rails. Vous nous gênez et vous nous faites prendre du retard. Ce sont les usagers du tram qui en pâtissent. Chacun doit rester à sa place pour un partage de la rue sans danger !
Le début des essais « dynamiques » au Nord de la ligne 5
Depuis le 19 mai 2025, pour la première fois depuis le lancement des travaux, des rames de tramway circulent sur les rails de la Ligne 5 au Nord du tracé.
Ces essais « dynamiques » constituent une étape essentielle avant l’ouverture d’une ligne de tramway aux voyageurs. Ils permettent de tester la ligne en conditions réelles dans le but de garantir le bon fonctionnement de ses équipements, s'agissant des infrastructures ou du matériel roulant. Les manœuvres se déroulent sans voyageur à bord, afin de garantir la sécurité de tous.
Les principaux objectifs des essais « dynamiques » :
- Vérifier la sécurité de la ligne 5 : contrôle du bon fonctionnement des installations dont rails, aiguillages, feux, alimentation électrique, systèmes de freinage,
- Tester les rames en mouvement : comportement des tramways, accélération, freinage, confort à bord,
- Vérifier la compatibilité avec les équipements associés aux autres modes : synchronisation avec les feux routiers, passages piétons, croisement avec les autres solutions de mobilité,
- Former les conducteurs : appropriation de la ligne 5 et de ses spécificités, prise en main des nouvelles rames,
- Assurer la régularité : vérification du respect des temps de parcours.
Ainsi, la ligne 5 offrira un service optimal à ses usagers dès sa mise en service le 20 décembre prochain.