Pourquoi « eau » se dit « o » ? Pourquoi faut-il un « h » à « huit » ? Pourquoi faut-il prononcer le « p » de « dompter », mais pas de « compter » ? Même si vous ne vous êtes jamais posé la question, on ne saurait trop vous conseiller d’aller en écouter la réponse sur le compte Instagram de Sébastien Grimaud. Tel Zorro sous son masque, l’ex professeur de lettres classique et de musique y officie sous la bannière « étymocurieux », avec tatouages, boucle d’oreille et coupe mulet. Et le résultat est passionnant.
En Commun : Comment commence l’histoire ?
Sébastien Grimaud : Je suis né et j’ai grandi en région parisienne. Tout petit j’adorais lire et jouer de la musique. J’ai étudié au conservatoire. Enfant je pratiquais la clarinette. Puis adulte, je me suis tourné vers le clavecin. Au moment des études je n’ai pas su choisir. Et j’ai donc suivi un double cursus. En lettres classique, français-latin-grec. Puis l’ESPE, l’institut de formation des maîtres qui m’a conduit à enseigner pendant quatre ans, en collège et lycée. Parallèlement j’ai obtenu l’agrégation de musique et enseigné là aussi pendant quatre ans. Mais au bout de ces huit années dans l’éducation nationale, j’ai un peu perdu la flamme. J’ai toujours adoré enseigner, je sais que je suis fait pour transmettre, mais j’avais envie de prendre un peu l’air. Et je suis venu m’installer à Montpellier.
En Commun : Vous y êtes devenu « étymocurieux » ?
S.G. : L’idée est venue au cours d’une soirée entre amis. Quelqu’un m’a demandé l’origine de son prénom, puis un autre a enchaîné. Et tout est parti de là. S’il y a bien une chose que tout le monde partage, ce sont les mots. Et leur étymologie, leur origine, nous racontent beaucoup d’histoires. J’ai donc commencé à poster quelques vidéos, où je faisais des schémas, pour expliquer un mot, en utilisant le latin, le grec, l’italien, mais je ne me montrais pas. Et puis lorsque l’audience a commencé à grimper, quand les internautes ont commencé à affluer par centaines et milliers, j’ai sauté le pas. J’ai écrit mon premier script, j’ai posé mon portable et je me suis filmé. Aujourd’hui je me suis perfectionné, mais le principe est resté le même.
En Commun : Une autre manière de transmettre ?
S.G. : L’idée est de rendre accessible à tout le monde, dans un langage simple, des concepts de linguistique et d’étymologie de certains mots bien choisis. Et pas forcément de termes difficiles. Au contraire. J’interroge ainsi le mot « copain ». Je me demande pourquoi « adulte » ressemble à « adultère » ? Les Français et en particulier les francophones d’autres pays qui me suivent, ont un rapport très exigeant avec la langue. Presque intimidant. On a toujours peur de faire une faute d’orthographe ou de grammaire. Moi j’essaye de dédramatiser tout ça. De montrer que la langue est surtout le fruit de l’histoire, du hasard, qu’il ne faut pas trop se prendre la tête. D’expliquer tout ça avec plaisir et humour aussi, dans un format court, adapté aux réseaux sociaux.
En Commun : Le 17 octobre vous serez sur la scène de l’Opéra Comédie
S.G. : Oui, Valérie Chevalier, la directrice de l’Opéra Orchestre National de Montpellier me suit sur les réseaux. Et l’idée est venue de m’associer à un programme intitulé « Révisez vos classiques lyriques ». Je serai en position de mini-conférencier, pour faire le lien entre les différentes œuvres qui seront interprétées. Essentiellement des morceaux du répertoire lyrique franco-italien du XIXe siècle. Du Barbier de Séville à La Traviatta. Des airs que tout le monde connaît, même si on en a oublié les titres. Et que l’on va pouvoir redécouvrir avec quelques petites explications et anecdotes.
En Commun : Et quand vous n'êtes pas étymocurieux ?
S.G. : J'anime régulièrement des conférences, pour divers instituts de formation ou de lieux culturels, sur l'histoire des mots et la langue française. J'aime bien aller au contact du public, ne pas rester derrière mon écran. Je poursuis également une carrière de musicien, à l'orgue et au clavecin, avec différents ensembles. J'ai eu plusieurs fois la chance de pouvoir me produire en récital dans le cadre magnifique de la Sainte-Chapelle à Paris. Mais si j'adore le classique, j'aime aussi danser sur la musique électro. J'aime les changements d'ambiance en fait, tout ce qui est hybride, éclectique...
>>> Instagram Sébastien Grimaud. Etymocurieux

Vendredi 17 octobre à 19h, Opéra Comédie
"Révisez vos classiques lyriques.
La soprano Sheva Tehoval vous invite à (re)découvrir les plus grands chefs d’œuvre du répertoire lyrique franco-italien. Avec l'Orchestre National Montpellier Occitanie, sous la direction de Marco Crispo.
Présentation : Sébastien Grimaud.
Au programme : Rossini, Gounod, Donizetti, Ponchielli, Massenet, Puccini, Mascagni, Verdi.
1h10 sans entracte.