Apprendre l’occitan à l’école publique

29-06-23 - 16:56
29-06-23 - 17:48
Si la langue occitane peut parfois souffrir d’une image désuète, il n’en est rien sur le territoire de la métropole. En plus du réseau des calendrettes, écoles, collèges et lycées publics proposent depuis vingt ans, l’enseignement de cette langue régionale sous différentes modalités.
Eleves de la classe bilingue occitan de l'école Francis Garnier à Montpellier.
©L.Séverac
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Nadège Guilhaumont n’en démord pas. Elle continuera longtemps à enseigner l’occitan aux enfants. C’est une question vitale. « Cette langue véhicule toute une histoire, une mémoire. Elle fait partie de nos racines dont il faut absolument prendre soin. » La présidente de l’association Lo Chivalet, à Cournonterral, donne bénévolement des cours à l’école élémentaire Georges Bastide depuis 12 ans. « J’ai passé une habilitation auprès de l’Éducation nationale pour pouvoir le faire. J’interviens 45 minutes par semaine dans les huit classes. C’est de l’initiation et je m’adapte aux différents parcours pédagogiques établis par l’enseignant. Je lis beaucoup d’histoires, nous chantons également beaucoup. » 

L’occitan encouragé à l’école publique 

Depuis la loi Deixonne, en 1951, autorisant l'enseignement des langues régionales de France, l’occitan a désormais droit de cité dans les écoles et les universités. Une soixantaine de calendrettes, ces écoles associatives à immersion linguistique, parsème toute l’Occitanie. On en compte quatre sur le territoire de la métropole ainsi qu’un collège à Montpellier. Ce sont des établissements privés sous contrat. 

Du côté des écoles publiques, l’enseignement de l’occitan est également présent. « La loi de 2013 sur la refondation de l’école encourage sa présence dans les écoles publiques, indique Céline Serva, conseillère pédagogique occitan au sein de la Direction des services départementaux de l'Éducation nationale. Le panel proposé est très large. Il est possible de suivre un cursus de la maternelle jusqu’au lycée, en passant par les collèges, à Montpellier, Clapiers et Villeneuve-lès-Maguelone. Ce sont ainsi près de 1 350 élèves qui bénéficient d’un enseignement public de l’occitan dans la métropole. »

Les avantages du bilinguisme

Plusieurs modalités d’enseignement sont proposées. Une initiation, comme c’est le cas à Cournonterral, Beaulieu ou Pignan; un enseignement renforcé où une ou plusieurs disciplines sont enseignées en occitan jusqu’à 3 heures par semaine à tous les élèves; un cursus bilingue. Dans le dernier cas, les enseignements sont à parité horaire (12 heures en français et 12 heures en occitan), sur la base du volontariat. « Les familles ont toujours le choix entre un enseignement monolingue (tout en français) et bilingue », explique Cyril Fallet, professeur des écoles à Montpellier. 

Dans son établissement (l’école maternelle Francis Garnier), le bilinguisme est instauré depuis plus de 15 ans. Il gère trois classes, à savoir 90 élèves. Ses 20 années passées à pratiquer l’enseignement bilingue, l’ont renforcé dans ses convictions. « Chez les petits, la construction du langage autour de deux langues, favorise une meilleure maîtrise de celles-ci. Le bilinguisme développe également de meilleures capacités cognitives. À quatre ans, l’enfant peut avoir toutes les langues dans l’oreille. Parmi mes élèves, plusieurs vivent dans un environnement multilingue du fait de leur origine, portugaise, arabe, japonaise... »

Plus de 95% des élèves bilingues de la maternelle poursuivent cette expérience à l’école élémentaire Marie de Sévigné, située à quelques pâtés de maisons où est également proposé le cursus bilingue.