À Montpellier, on élève des moustiques-tigres, ces insectes redoutés de l’été. Mais ceux-là ne piquent pas. Et surtout, ils ne pourront jamais se reproduire.
C’est là toute la stratégie de Terratis, une start-up innovante qui a choisi une méthode biologique pour lutter contre la prolifération du moustique-tigre : la stérilisation des mâles.
Ainsi naquit Aedes albopictus
Tout commence dans des bacs d’élevage, soigneusement remplis d’eau, d’oxygène et de nutriments. Les œufs de moustiques y sont placés pour éclore. En quelques jours, ils deviennent des larves, qui grandissent dans ces conditions contrôlées (température, lumière, hygrométrie), avant d’atteindre le stade de nymphe.
Le tri des nymphes
Avant l’émergence des moustiques adultes, les nymphes sont triées. Cela se fait automatiquement grâce à leur taille : les femelles sont plus grandes que les mâles. Les machines de tri les séparent avec précision.
Les femelles sont conservées pour continuer la reproduction au sein de l'usine. Les mâles, eux, sont mis de côté : ce sont eux qu'on rendra stériles.
Les mâles inaptes
Ils passent alors par une salle de stérilisation. Ils y sont exposés à une dose précise de rayons X, une méthode également utilisée pour stériliser des produits médicaux comme les poches de sang.
Ce rayonnement n’altère ni leur comportement ni leur capacité à voler. Il demeure sans danger pour leurs prédateurs privilégiés, les chauve-souris. Ils peuvent toujours s’accoupler. En revanche, leur sperme est inapte à féconder. Ils deviennent ainsi des “faux reproducteurs”.
Relâchés dans la nature
Les mâles (qui ne piquent pas) sont lâchés dans la nature, au milieu des moustiques "sauvages". Ils ont 10 jours de vie pour remplir leur mission. Les femelles moustiques-tigres ne s’accouplant qu’une seule fois dans leur vie, une rencontre avec un mâle stérile suffit pour qu’elles pondent uniquement des œufs vides (souvent plusieurs centaines) tout au long de leurs quatre semaines d'existence. Autrement dit : un seul accouplement raté suffit à briser toute une lignée !
Une innovation issue de la recherche
Terratis trouve son origine dans la thèse de Clélia Oliva, menée entre 2009 et 2012 à La Réunion pour l’IRD, où elle applique pour la première fois la technique de l’insecte stérile (TIS) au moustique-tigre Aedes albopictus. En 2021, une preuve de concept menée sur 20 hectares montre une baisse de 60 % de la natalité du moustique en quelques semaines.
Désireuse de monter son entreprise, elle s’associe avec Dorian Barrere pour fonder Terratis qui rejoint le programme Jump’in du BIC de Montpellier, où elle se forme à l’entrepreneuriat.
Labellisée MedVallée, Terratis s’est installée dans 200 m² de locaux au Parc 2000 à Montpellier pour développer une usine pilote. L’objectif est d’automatiser la production avant de passer à une bio-usine industrielle en 2026, capable dès 2028 de produire 100 millions de mâles stériles par semaine et de protéger jusqu’à 40 000 hectares.
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