Knit’s Island est un reportage-documentaire composé uniquement d’images captées lors de parties d'un jeu vidéo sur internet. Grands amateurs de monde virtuel, les trois réalisateurs se sont immergés dans le jeu pendant plusieurs années et ont rencontré d’autres joueurs afin de les interviewer. « C’est un jeu survivaliste, c’est-à-dire qu’il faut rester en vie dans un environnement hostile, trouver des outils adaptés, créer des alliances et combattre d'autres joueurs ", explique Guilhem Causse, l’un des réalisateurs.
Un peu de réel dans un monde virtuel
Tous les trois ont décidé d’être pacifiques. Fatale erreur dans ce monde post-apocalyptique où règne la loi du plus fort. « On s’est fait tuer un bon nombre de fois. » Peu à peu, la confiance s’est installée et l’équipe est parvenue à s’insérer dans ce territoire virtuel de 250 kilomètres carrés. Certaines rencontres se révèlent cocasses. Comme ce couple, aux avatars lourdement armés, qui tente parallèlement, de ramener leurs tout-petits au lit. Ou cet homme à l’aspect répugnant, qui philosophe doctement sur les mondes virtuels. Les joueurs laissent peu à peu, percer leur humanité et la réalité s’infiltre là où elle n’a pas sa place.
Le champ des possibles s’élargit
Guilhem Causse, Ekiem Barbier et Quentin L'helgoualc'h se sont rencontrés à l'École des Beaux-Arts de Montpellier. En 2017, ils réalisent le moyen métrage Marlowe Drive, qui explorait déjà le terrain du jeu vidéo comme contexte à la réalisation d’un documentaire. Le film est remarqué lors de sa projection durant une exposition rétrospective du cinéma de David Lynch au Centre d'Art de Montpellier, MO.CO. « J’ai été bluffé », confis Boris Garavini, président des Films Invisibles, qui produit Knit’s Island. " Ils ont ouvert des champs du possible incroyables et révolutionnaires. Il fallait que je travaille avec eux. »
La société de production alésienne a reçu le soutien de la Région Occitanie en partenariat avec le CNC et du Fonds d'aide à la création ICC de la Métropole de Montpellier. Le projet a démaré en 2018. Le tournage a duré 11 mois sur une période de 5 ans durant laquelle la schizophrénie rodait. « Nous étions plongés plusieurs heures dans un monde virtuel. C’était du travail et en même temps, il fallait jouer. Car nos personnages devaient surtout survivre. Une grande partie de notre temps de jeu était de procurer à nos avatars les moyens de rester en vie », se souvient Guilhem Causse.
Le producteur espère à présent trouver un circuit de diffusion pour une sortie dans les cinémas l’an prochain. Cela ne devrait pas être difficile tant l’intérêt du public augmente à l’issue des projections. Jeudi dernier, à Paris, au centre Pompidou, le film a fait salle comble.
Projection à 14h - Corum - Salle Einstein.
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À propos
- Knit’s Island, est projeté au Cinemed, en ouverture du Mois du film documentaire. Il a déjà été vu dans de nombreux festivals, dont le très réputé Vison du Réel, en Suisse, où il a été récompensé deux fois : Prix de la Compétition Burning Lights et Prix de la critique internationale – Prix FIPRESCI.
- Si vous ne pouvez pas vous rendre au Cinemed à 14h pour découvrir Knit’s Island, une séance de rattrapage est offerte dimanche 29 novembre, à la médiathèque Émile Zola (Montpellier), en présence de Guilhem Causse et Boris Garavini. Entrée libre dans la limite des places disponibles.