L’énergie du feu
C’est par le grand Atrium Richier, que débute la visite de la nouvelle exposition du musée Fabre consacrée à Christian Jaccard. On y découvre notamment plusieurs toiles grand format qui étaient conservées jusque-là dans son atelier de Saint-Jean-du-Gard. Et surtout les deux axes fondamentaux de son travail : autour de la combustion et du feu ; mais aussi de l’usage des nœuds et de la compression. Deux techniques dont l’artiste, né en 1939, fait remonter l’obsession à ses années d’enfance et de scoutisme. « Mes parents m’ont placé pendant 7 ans dans un collège, j’ai eu le temps de bourlinguer dans les ruisseaux à la recherche de fossiles et de m’initier aussi aux feux de camp. Sans savoir que plusieurs années plus tard, cet intérêt remonterait et me permettrait de construire mon parcours d’artiste autour de la trace, de l’empreinte, de l’énergie du feu. »
Un peintre sans pinceaux
Proche du mouvement Supports/ Surfaces – notamment de Claude Viallat – et de préoccupation commune avec ce mouvement (remise en question des moyens picturaux traditionnels et de la matérialité), Christian Jaccard est en effet un « peintre sans pinceaux », ainsi que le souligne Maud Marron-Wojewodzki, conservatrice, commissaire de l’exposition. La quarantaine d’œuvres présentée pour la première fois par le musée Fabre et extraite du fonds constitué depuis 2021, permet en plusieurs salles du 1er étage, de retracer le parcours singulier de l’artiste, organisé en trois sections distinctes.
Gel thermique et mèche lente
Empreintes, permet de revenir sur la période 1964-1975 où l’artiste travailla comme graveur chromiste dans une imprimerie typographique, ce qui lui permit de développer un ensemble d’expérimentations autour de l’impression des toiles, et de l’intervention sur le support, par le biais de la combustion. Durant les décennies 1980-1990, Christian Jaccard élabore tout un ensemble de Polyptiques, rassemblés en un deuxième espace. Il utilise du gel thermique ou de la mèche lente sur différents supports : toile, métal, bois. Figurent dans cette partie de l’exposition plusieurs œuvres intitulées « Rouge émis », inspirées par une éruption volcanique du Vésuve.
Au fil des collections
C’est par la section consacrée aux œuvres sur « papier » que se clôture l’exposition. Avec un ensemble de vingt-quatre dessins donnés par l’artiste au musée Fabre, issus exclusivement du procédé de combustion à la mèche lente, et conférant au support toute une gamme colorée provenant du brunissement progressif de la feuille sous l’effet du feu. Cette exposition s’inscrit dans la lignée des expositions « Au fil des collections », mettant à l’honneur les artistes contemporains, auteurs d’importantes donations au musée Fabre (Pierrette Bloch, André-Pierre Arnal et Stéphane Boardarier en 2021, Dominique Gauthier en 2022).
Musée Fabre – 39 Bd Bonne Nouvelle. Du mardi au dimanche, de 10h à 17h. Fermé le lundi. museefabre.fr
Visites flash
Format 30 minutes. Tous les samedis à 14h. Tous les premiers dimanches du mois à 10h30 et à 11h30 (sauf le 3 mars) ; samedi 9 mars à 14h, traduction en LSF ; mercredi 13 mars à 14h30, visite réservée aux déficients visuels.
Le catalogue
Publié aux éditions Snoek, le catalogue de l’exposition « Christian Jaccard, une collection » contient un portfolio des œuvres peintes, sculptées, filmiques et graphique. Il contient aussi un entretien avec l’artiste mené par Maud Marron-Wojewodzki, ainsi que le texte d’Alain Borer, intitulé « Christian Jaccard, l’Art en fusion ». 116 pages. 20 €.