Voici déjà trente et un ans que la voix de Jacques Roseau s’est tragiquement éteinte, réduite au silence un soir de mars 1993, à Montpellier, par les balles de nostalgiques de l’OAS. Des tueurs déterminés à ne pas tourner la page de l’Algérie française, mais à la noircir de nouvelles lettres de sang. Il est symboliquement la dernière victime civile de la guerre d’Algérie.
Il était « Monsieur Pied Noir »
Ce jour-là, c’est une figure montpelliéraine symbolique qui disparaissait, un homme qui a inlassablement incarné le combat de tous ces Français rapatriés hésitant entre le passé et l'avenir, le chagrin et la colère... Jacques Roseau, lui, avait fait le choix difficile de « tourner cette page sans la déchirer ». Homme de conviction, franc, généreux, passionné et ouvert d’esprit, il prônait une politique de la main tendue et un refus catégorique de toute forme de racisme et de violence. Petit-fils de modestes pionniers débarqués en Algérie en 1848 à Novi, devenu leader de l’association des lycéens d'Alger (Agelca) et participant actif au Comité de Salut Public d’Alger, il fit de sa passion pour sa terre nord-africaine une histoire d'amour et d'engagement, mais surtout d’entraide entière aux siens. Inusable porte-parole du Recours-France, son action fut cruciale pour les lois d’indemnisation de 1978 et de 1987.
Sévérine, sa fille, et Alexandre, son petit-fils, ont déposé une gerbe
Jacques Roseau était « Monsieur Pied Noir ». Sa disparition fût une perte terrible pour toute la communauté rapatriée, mais bien évidemment, encore plus pour sa famille, représentée lors de cette cérémonie par sa fille Séverine, son petit-fils Alexandre et son cousin Gilbert.
Jacques Roseau fait partie de l’histoire de Montpellier et de l’histoire de France. L’an dernier, à l’occasion des trente ans de sa disparition, un hommage particulier lui avait été rendu en donnant son nom à la Maison des Rapatriés de Montpellier (la première créée en France, en 1978, par Georges Frêche). Une mémoire importante, car ceux venus d’Algérie, du Maroc et de Tunisie ont aussi construit Montpellier.