Cultiver le monde de demain : le Cirad célèbre ses 40 ans

08-09-24 - 16:00
10-09-24 - 09:17
Installé à Montpellier, le Cirad est l’organisme français de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes. Agriculture, environnement, santé... En 40 ans d’existence, l’échelle de ses travaux s’est considérablement élargie.
Visuel Cirad
La devise du Cirad pour ses 40 ans : une recherche partagée pour cultiver le monde de demain - ©D. Guard-Lavastre, Cirad
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Pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes

Le Cirad est l’organisme français de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes. Avec ses partenaires, le Cirad co-construit des connaissances et des solutions pour des agricultures résilientes dans un monde plus durable et solidaire. Il mobilise la science, l’innovation et la formation afin d’atteindre les objectifs de développement durable. Il met son expertise au service de tous, des producteurs aux politiques publiques, pour favoriser la protection de la biodiversité, les transitions agro-écologiques, la durabilité des systèmes alimentaires, la santé des plantes, des animaux et des écosystèmes, le développement durable des territoires ruraux et leur résilience face au changement climatique. 

Présent sur tous les continents dans une cinquantaine de pays, le Cirad s’appuie sur les compétences de ses 1 800 salariés, dont 1140 scientifiques, ainsi que sur un réseau mondial de 200 partenaires. Il apporte son soutien à la diplomatie scientifique de la France. Il comprend plusieurs directions régionales : aux Antilles, Guyane, zone Caraïbe, à la Réunion, Mayotte Océan indien, en Ile de France et à Montpellier. 

Montpellier "la ville parfaite pour accueillir le Cirad"

« C’est un organisme qui a été créé en 1984, d’abord sous un autre vocable le Gerdat. Les anciens Montpelliérains connaissent bien cet acronyme qui correspondait aux laboratoires délocalisés dans les années 70, de la région parisienne vers Montpellier, explique Vincent Fabre-Rousseau directeur du Cirad –Occitanie depuis 1987. Le Cirad est le résultat de la fusion de neuf instituts techniques de recherche agricole tropicale organisés sur les filières caoutchouc (Irca), huiles et oléagineux (IRHO), fruits et agrumes (Irfa), coton et textiles exotiques (IRCT), café, cacao et autres plantes stimulantes (IFCC), élevage et médecine vétérinaire des pays tropicaux (IEMVT), forêt tropicale (CTFT), agronomie tropicale et cultures vivrières (Irat) et machinisme agricole tropical (Ceemat). 

À l’époque, avec l’arrivée de chercheurs et d’ingénieurs, ce sont 200 emplois qui ont été décentralisés à Montpellier qui s’est positionnée sur l’accueil de ces laboratoires. Montpellier, qui bénéficiait d’une bonne approche scientifique, était la ville parfaite pour accueillir le Cirad. Une ville connue par sa faculté de médecine, son université, son école d'Agronomie et sa concentration de matière grise », précise Vincent Fabre-Rousseau.

Un réseau de partenaires durables

Le Cirad travaille avec un réseau de partenaires et, sa caractéristique spécifique, est de monter des partenariats depuis plus de 40 ans. Certains existent même depuis une centaine d'années. « Nos missions ont évolué, nous travaillons avec une kyrielle de partenaires, c'est dans l'Adn du Cirad : de l’agriculteur à la coopérative d’agriculteurs, les ONG, les États, les gouvernements, les instituts de recherche, les associations, les privés aussi. En 40 ans, les partenaires ont grandement évolué, poursuit Vincent Fabre-Rousseau. L’enjeu est surtout de comprendre quel est le besoin des partenaires et comment le Cirad, à travers son expertise et ses compétence,s peut répondre aux besoins identifiés ». 

Le directeur du Cirad
Vicent Fabre-Rousseau, VFR directeur régional du Cirad Montpellier-Occitanie depuis 2018 - ©L. Séverac

En 40 ans, l’échelle des travaux du Cirad s’est considérablement élargie

Des gènes à la parcelle agricole jusqu’aux paysages, territoires, régions, pays, continents, l'échelle des travaux du Cirad s'est considérablement élargie. Ses disciplines scientifiques se sont ainsi enrichies, passant de trois grands métiers scientifiques - agronomie, foresterie, sciences de l’élevage et vétérinaires - à plus de quarante aujourd’hui alliant les sciences du vivant et de l’environnement, aux sciences humaines et sociales, en passant par les sciences et technologies... « Dans les année 1990/2000, le Cirad a commencé à recruter des biologistes, des éco-physiologistes, des économistes et à s’ouvrir aux disciplines des sciences sociales, sociologues, des anthropologues... Alors qu’à l’origine, le Cirad était composé essentiellement d’agronomes, de forestiers et de vétérinaires, constate Vincent Fabre-Rousseau. En 40 ans, ces partenariats ont permis de construire des systèmes agricoles et alimentaires plus durables et résilients, d’améliorer la santé animale et végétale en préservant la biodiversité, mais aussi de former des milliers de jeunes et de renforcer les liens entre science et décisions. »

S'adapter aux changements climatiques

Lutter contre la déforestation au Brésil, produire du café en agroforesterie pour lutter contre le changement climatique, la gestion durable de la faune sauvage au Gabon, Zambie et Zimbabwe, l’eau en partage en Tunisie, une banane durable aux Antilles... Nombreux sont les projets qui produisent des résultats et de l’impact. 

« Blé, riz maïs... Nous travaillons sur les cultures vivrières, ce sont celles-là qui permettent de nourrir les populations, indique Vincent Fabre-Rousseau. Le Cirad a mené un projet à Madagascar sur l’adaptation du riz pluvial sur ces secteurs assez élevés en altitude, où il ne pleut pas. Récemment, le Cirad a réussi à éradiquer la mouche tsé-tsé dans certaines zones du Sénégal grâce à la technique de l’insecte stérile. Des moustiques tigres sont élevés au campus de Baillarguet à Montferrier-sur-Lez pour développer ce principe testé à la Réunion. Autre exemple, celui du sorgho. Cette céréale pauvre adaptée au climat tropical était cultivée autrefois en Occitanie... Abandonnée, parce que peu rentable, le sorgho pourrait, pourquoi pas, revenir sur notre territoire en raison du stress hydrique".

Acteur de la Métropole et de MedVallée

Le Cirad est un acteur local important de la Métropole. Je fais référence à la signature le 25 octobre dernier par la Ville et la Métropole de Montpellier, voulue par le maire-président, d’une convention inédite de la stratégie MedVallée avec une quinzaine d’organismes et d’instituts de recherche tels que le Cirad, l’Inra, l’Inrae, le CNRS, l’Université, le CHU pour développer des synergies entre les acteurs du territoire qui œuvrent pour la santé humaine, animale et la préservation de l'environnement. Une vraie approche de santé globale ("onehealth"), accompagnée par la dynamique MedVallée. Le Cirad est partie intégrante de cette convention. Je suis fier que cette signature ait eu lieu dans nos locaux le 25 octobre 2023, ce qui n’est pas rien ! », conclut avec satisfaction le directeur du Cirad Montpellier-Occitanie.

>>> Plus d'infos cirad.fr

 

Répondre aux besoins liés aux impacts du changement climatique et à la perte massive de la biodiversité
Aurélie Binot

Je suis agronome et anthropologue de formation. J’ai vécu sept ans en Asie du Sud-Est pour travailler sur les systèmes de surveillance avec les services vétérinaires, les éleveurs, le ministère de la Santé et avec surtout des partenaires universitaires. J’ai beaucoup travaillé sur des problèmes de zoonose, transmission de maladies entre l’animal et l’être humain. 

Au Cirad, nous co-construisons des projets avec les instituts de recherche scientifiques et universitaires, notre premier cercle de partenaires, pour répondre aux besoins des populations qui subissent les impacts dus aux changements climatiques et à la perte de biodiversité massive, que l’on observe partout dans le monde. Les répercussions sont particulièrement criantes sur les systèmes agricoles et de productions alimentaires dans les pays du Sud. Nos partenariats nous permettent d’identifier les véritables besoins. 

Parmi nos projets : adapter les pratiques culturales par la réduction des pesticides. Pour nourrir leur famille et vendre leurs produits agricoles, les agriculteurs intensifient leur production en ayant recourt à des pesticides. Or ces entrants chimiques posent de nombreux problèmes pour la santé des humains, celle des sols et celle de l’écosystème en général. Nous travaillons avec eux à la recherche d’alternatives dans le cadre de la transition agroécologique pour adapter les pratiques de cultures et d’élevage.

Les filières animales nomades ou sédentaires sont aussi un enjeu essentiel pour le Cirad. Les maladies qui touchent les animaux d’élevage peuvent être contagieuses pour les humains, ce sont les zoonoses. Elles sont souvent liées à la déforestation et à la dégradation des milieux naturels. Les effets des intrants chimiques vont aussi contribuer à dégrader l'environnement, la faune sauvage et la micro faune et cela sera hélas propice à l’émergence de ces nouvelles maladies dont les éleveurs du sud sont les premières victimes avec leurs troupeaux. Les risques associés à la transmission de ces maladies font partie des principaux défis auxquels nous nous attelons, en lien direct avec la perte massive de la biodiversité et le changement climatique

Aurélie Binot
Référente science société pour le Cirad et directrice adjointe de la MSH - Maison des sciences de l’homme sud
Un artiste
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Une serre pour étudier la réaction des plantes aux changements climatiques

Le Cirad dispose, depuis 2021, d’une serre très haute gamme (AbioPhen) qui permet de travailler sur l’anticipation des plantes du futur et la réaction des plantes. Riz, café, vignes... Elle permet d’aller plus loin dans les études sur l’adaptation aux changements climatiques de certaines variétés cultivées. Grâce au contrôle des conditions climatiques (rayonnement, température, humidité) et à une capacité d’augmentation du CO2 jusqu’à quatre fois la valeur ambiante, elle simule les climats de demain : augmentation des températures et du CO2 atmosphérique ou encore sécheresse de l’air. 

Serre
©L. Séverac
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