En complément de l’exposition photographique Je suis toujours Charlie, accessible sur le parvis de l’hôtel de Ville de Montpellier, une seconde est à découvrir à la gare Saint-Roch. Border line, les dessins de presse traversent les frontières, portée par le Club de la presse Occitanie, rassemble plus d’une centaine de dessins de presse et commémore l’attentat de Charlie Hebdo, mais célèbre aussi et surtout le dessin de presse et ses valeurs que sont le courage, le rire et la liberté. Vingt-trois dessinateurs dont huit femmes, chose rare, sont associés à cette exposition qui s’étale dans tout le hall haut de la gare, « cette cathédrale des retrouvailles, qui accueille chaque jour plus de 36 600 voyageurs » pour reprendre l’expression de Dominique Antoni, le président du Club de la Presse.
Avec Wolinski et Tignous
Présente à la fois sur des bannières en hauteur et sur des panneaux thématiques, mais aussi sur fond de piano, l’exposition aborde finalement toutes les facettes de la frontière. Inspiré de l’œuvre de Géricault, Le radeau de Lampedusa évoque avec noirceur les drames silencieux qui se jouent dans les eaux de la Méditerranée. Autre aspect des frontières sous le trait rageur de Soulcié, avec cet athlète paralympique sur son fauteuil à qui l’on promettait des Jeux très accessibles alors qu’il est abandonné au pied d’un escalier d’une station de métro… Border line se présente comme une promenade (ou un temps d’attente agréable entre un train et sa correspondance) et chaque visiteur est laissé à son libre arbitre. Importante précision de Vincent Girard, le commissaire de l’exposition, celle-ci bénéficie aussi de dessins de Wolinski et de Tignous, deux victimes de Charlie Hebdo, dont les textes ont été rédigés par Natacha Wolinski et Chloé Verlhac, fille de l’un et compagne de l’autre.
Sur le thème du voyage
Mais, parce que les caricaturistes sont, souvent, des boute-en-train, il fallait bien que quatre d’entre eux montent dans un wagon pour Toulouse avec Gares & connexions. Le défi proposé à Willis from Tunis, Sié, Gab et Agnès Marie étant, dixit le commissaire, « de concevoir une exposition sur le thème du voyage durant les trois heures de trajet du TER ». Quoi de mieux qu’une gare, un lieu de vie où l’on flâne, pour apprécier la grande diversité du dessin de presse ? Michaël Delafosse, le maire de Montpellier, soutient cette initiative comme celle consistant à aller chez un marchand de journaux pour acheter la presse. « Il faut lire, écrire et dessiner. Il faut continuer à faire cela. On ne peut pas faire que scroller. Et puis la caricature, c’est une grande tradition française depuis Honoré Daumier. » Le dessin de presse est en gare et, à l’heure où certaines grandes rédactions le placent sur une voie désaffectée, il rappelle toute son insolence qui grince.