Ce mercredi 26 novembre 2025, à 18h, la place des Martyrs de la Résistance rénovée sera officiellement inaugurée pour le jour anniversaire de Montpellier. Cette cérémonie sera suivie d’une descente aux flambeaux vers la place de la Comédie, où il sera ensuite procédé au lancement des illuminations de Noël. Mais, dès vendredi dernier, cette place située devant la préfecture a connu un événement tout à fait particulier. Une première inauguration réservée aux familles de résistantes et de résistants, à l’occasion de la présentation de 145 pavés de mémoire en hommage à des personnes liées à Montpellier – parce qu’elles y sont nées ou décédées ou y ont été arrêtées, emprisonnées voire torturées. Lesquelles n’avaient pas encore été honorées sur l’espace public.
Fredonné en sourdine
Outre la présence d’une cinquantaine de familles, cette cérémonie a été rehaussée par la participation très investie des élèves du lycée Françoise Combes, et notamment de sa chorale qui a donné le meilleur d’elle-même malgré le temps glacial. Dix élèves ont porté chacun une lettre majuscule du mot RÉSISTANCE. Il s’agissait d’Axel, Lila, Shana, Nour, Shiva, Stéphanie, Ernest, Mathis, Lina et Axelle. D’autres comme Camille, Adam et Luce ont lu des textes émouvants sous la forme de courts poèmes attestant de recherches sur l’histoire de leur propre établissement. « Nous qui étudions au lycée Françoise Combes / dans ces murs qui ont gardé leurs traces / entre ces murs qui les ont vus mourir / nous sommes les héritiers de leur courage / ils ont allumé un feu qui ne s’éteint pas / aujourd’hui, c’est à nous de le porter / non pas avec des armes / mais avec des mots, des gestes et notre mémoire ». Enfin, Le chant des partisans, fredonné en sourdine par la chorale, a ému toute l’assistance.
Ceux de Liberté ou Bir Hakeim
Après que la place a dévoilé son drapeau tricolore, parfois représentées par trois générations, les familles des résistants sont venues une à une fleurir d’une rose blanche le pavé de leur aïeul. À travers ces 135 noms, la Ville de Montpellier a mis en avant les Compagnons de la Libération nées sur son sol, les étudiants du mouvement Liberté, un des premiers groupes de résistance né à Montpellier, ceux du convoi des tatoués ou de Bir Hakeim ou encore des femmes résistantes qui représentent à elles seules un tiers des pavés. Lors de cette cérémonie, le préfet de l’Hérault, lui, a mis en exergue le rôle de ceux qui l’ont précédé et ont eu une rôle éminent (de Jean Moulin à Camille Ernst). Il a aussi évoqué les pavés de Jean Benedetti et Roger Fridrici qui ont sauvé des vies, et a dit son souhait de voir le portrait de Jean Moulin, en poste à la préfecture de l’Hérault, orner la façade du bâtiment.
Décision d’Émile Martin
Le maire de Montpellier est revenu sur l’histoire de cette place dite de la préfecture de 1822 à 1940, puis renommée place Philippe Pétain de 1940 à 1944, celle qui a accueilli sa rencontre avec Franco en février 1941. Et c’est donc Émile Martin, ancien secrétaire général de la mairie, promu maire à la Libération, qui retira ce nom transitoire pour en faire la place des Martyrs de la Résistance. Et rendre ainsi les honneurs à ceux qui, au nom d’un idéal de la France et de la liberté, sont tombés au combat pour certains ou ont survécu pour d’autres. Voici donc une nouvelle place des Martyrs de la Résistance, où restent dix pavés blancs pour accueillir de nouveaux noms. Car la mémoire de la résistance n’est pas figée. Sur cette place comme ailleurs dans la ville. Sitôt la cérémonie terminée, donnant à la place les allures d’un cœur de village, les familles de résistants ont échangé entre elles souvenirs enfouis et, parfois, leurs numéros de téléphone.