« Une guerre entre nous est à tout jamais impensable »

11-11-23 - 08:00
13-11-23 - 08:56
Montpellier célèbre aujourd’hui le jour anniversaire de l’Armistice signé le 11 novembre 1918 qui mit un terme au conflit avec l’Allemagne. À cette occasion, Eckart Würzner, maire de Heidelberg, ville jumelle de Montpellier, s’exprime sur cette commémoration.
Eckart Würzner, le maire de Heidelberg.
"Les villes répondent plus efficacement aux préoccupations réelles" - ©Ville de Heidelberg
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Quel regard portez-vous sur les célébrations du 11 novembre ? 

Eckart Würzner : En Allemagne, pour des raisons historiques évidentes, nous ne fêtons pas le 11 novembre. Néanmoins, je trouve cela naturel qu’en France, cette date soit commémorée. Le plus important est de garder en mémoire les erreurs pour ne plus les commettre. J’étais scout dans ma jeunesse. Une année, nous sommes allés sur la ligne Maginot. Nous devions nettoyer le terrain. J’ai vu des obus qui n’avaient pas explosé. Ma génération sait ce que la guerre signifie. Il est utile de réfléchir sur le passé et nos responsabilités. C’est une chance que l’Allemagne et la France soient désormais deux pays amis et partenaires. 

Que pensez-vous de l’intégration européenne ? 

L’Europe est la seule voie possible. Elle est nécessaire et vitale. Nous la faisons vivre, chacun à nos propres niveaux. Le jumelage Montpellier-Heidelberg date de 1961 et depuis, nous avons développé des liens forts qui rendent l’idée d’une guerre à tout jamais impensable entre nous. Nous avons la chance de vivre sur un continent qui démontre que le choc des civilisations ne s’applique pas, que le multiculturalisme est possible. Les gens peuvent vivre où ils veulent, quelles que soient leurs cultures, leurs religions. 

Vous êtes assez sceptique sur le concept d’État-nation. Pourquoi ? 

Je pense que les gouvernements nationaux sont éloignés des véritables problèmes. Les systèmes de décision et d’action sont trop longs. La bonne échelle de gouvernance réside dans les villes qui répondent plus efficacement aux préoccupations réelles. C’est une conviction que je partage avec Michaël Delafosse. Les villes sont presque toujours à l’avant-garde. Par exemple, à Heidelberg, il y a 15 ans, à la suite d’un referendum local, nous avons abandonné l’usage des énergies fossiles et décidé d’un standard de construction des bâtiments, très avancé du point de vue environnemental. Ces normes vont être rendues obligatoires dans toute l’Allemagne, dans 10 ans seulement. Nous n’avons pas attendu une décision gouvernementale pour le faire.