Dans la nef de Sainte-Anne, un arbre monumental s’élève. Ses feuilles ne sont pas de papier, mais des milliers de photocopies de mains humaines. Des mains venues de Montpellier et de toute la France. « Cet arbre est vivant. Il grandira avec vous. Il est fait de toutes les mains que vous laisserez ici, comme une mémoire collective en perpétuelle évolution », explique JR devant les premiers visiteurs. « Le mot adventice signifie qui vient de l’extérieur. C’est une herbe, une graine, une main tendue. C’est aussi une idée forte pour notre époque : ce qui vient d’ailleurs peut enrichir un sol, une culture, une ville. »
Une inspiration enracinée dans l’histoire montpelliéraine
Artiste mondialement connu pour ses œuvres monumentales et participatives, ce quadragénaire avait marqué les esprits avec sa transformation de la Pyramide du Louvre ou encore du Palais Garnier. À Montpellier, il signe une œuvre qui allie histoire locale et portée universelle.
« Au Moyen Âge, sur les rives du Lez, la laine lavée importée d’Espagne ou d’Afrique apportait avec elle des graines lointaines. Ces plantes ont poussé ici, discrètes mais bien réelles. Elles ont changé à jamais le paysage. Aujourd’hui encore, elles participent du sentiment d’étrangeté que l’on éprouve en parcourant certaines portions du Lez dont la physionomie végétale diffère tant des autres paysages méridionaux », explique Numa Hambursin, le commissaire de l’exposition.


Une œuvre évolutive et participative
Dans l’espace d’exposition, deux photocopieurs attendent les visiteurs. JR les invite à participer en laissant leur empreinte. « Je ne suis pas seul à créer cette œuvre. C’est vous, Montpelliérains, voyageurs, enfants ou anciens, qui lui donnez vie. »
Mains après mains, l’arbre grandira jusqu’au mois de décembre. Un projet collectif qui fait écho à l’ADN de la ville, comme le souligne le maire Michaël Delafosse : « Montpellier est une ville-monde qui conjugue racines et avenir. Elle s’est construite sur l’accueil, sur la science, sur la diversité. JR a bien saisi la symbolique de la flore étrangère devenue familière. Son arbre en est l’écho poétique ».