PAN, la revue montpelliéraine qui publia Guillaume Apollinaire

24-08-25 - 14:00
Pendant un an, de 1907 à 1908, la revue PAN fit de Montpellier une place forte de l’avant-garde littéraire. Publiant les premiers textes d’auteurs en devenir, comme Guillaume Apollinaire.
La couverture de la revue PAN et la photo de Guillaume Apollinaire
©D.R.
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Dans les chroniques littéraires du 1er janvier 1908, un certain Tancrède Martel conseillait pour les étrennes une série d’ouvrages de bon goût appelés à « rencontrer un vif succès auprès des esprits délicats ». Au même moment, une poignée d’étudiants, regroupés autour d’un certain Jean Clary, s’activaient à la mise en œuvre du premier numéro d’une revue qui devait laisser dans les mémoires le souvenir d’un âge d’or littéraire inégalé. Pratiquement autofinancée, imprimée et réalisée à Montpellier, la revue PAN publia pendant un an les œuvres de poètes qui se trouvaient alors aux portes de la célébrité. La présence de Francis Carco au sein du comité de rédaction, facilita sans doute l’accès à des signatures qui font aujourd’hui rêver, comme le futuriste Mario Marinetti, Pierre Grasset, frère de l’éditeur ou un certain St John Perse. 

La revue des avant-gardes

Annoncé dans son numéro 5 paru en septembre 1908, le coup de force de la petite revue montpelliéraine reste la publication en avant-première d’un poème encore inédit de Guillaume Apollinaire : Fiançailles. 

Méprisé par les tenants de la très conservatrice revue du  Mercure de France, le poète n’a encore publié aucun de ses recueils majeurs (Alcools ne paraîtra qu’en 1913). À 28 ans, il vient tout juste de s’installer à Montmartre et entame une relation compliquée avec Marie Laurencin. Vent du Rhin, une série de poèmes pour la plupart édités en revues, l’a fait connaître d’une petite poignée d’admirateurs qui voient en lui le chevalier des avant-gardes, livrant bataille « pour le verbe et pour l’idée ». On ne sait rien de l’accueil du poème dans les pages montpelliéraines. Les archives de PAN ont sombré dans l’oubli et la revue n’aura pas survécu à sa délocalisation parisienne en 1908. La plupart des acteurs impliqués dans l’aventure ont rejoint une vie anonyme, devenant médecin ou président de tribunal… Restent les pages jaunies, conservées précieusement par les collectionneurs. Et ce manifeste échappé du poète, mort dix ans après l’avoir publié dans la revue montpelliéraine : « Tous les mots que j’avais à dire se sont changés en étoiles ».

Un âge d’or littéraire à Montpellier

Extrait du poème "Fiançailles" de Guillaume Apollinaire publié dans PAN
"Fiançailles" de Guillaume Apollinaire, publié dans la revue PAN - ©D.R.