Biennale Euro-Africa : l’eau, ce bien commun

09-10-23 - 09:00
Les Water Days Montpellier, du 9 au 10 octobre, se penchent sur le défi que doivent relever les grandes villes face à une pénurie d’eau qui s’annonce. Interview d’Éric Servat, directeur du Centre UNESCO sur l’eau, récemment créé à Montpellier.
Éric Servat, directeur du Centre  UNESCO sur l’eau
"Il faut coopérer", Éric Servat, directeur du Centre UNESCO sur l’eau - ©E. Servat
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En Commun : Pourquoi intégrer les Water Days dans la Biennale Euro-Africa ? 

E. Servat. C’est un volet très important de cet événement qui aborde toutes les préoccupations communes africaines et européennes. La problématique de l’eau en est une. Dans les grandes villes, qui ne cessent de croitre, l'accès à l'eau potable peut se révéler un enjeu crucial. C’est de cela dont il sera débattu au Corum. 

S’agit-il d’un colloque de scientifiques ?

Les Water Days sont plus larges que cela. La Métropole de Montpellier et l’UNESCO ont rassemblé l'ensemble des acteurs des deux continents, qui interviennent d'une manière ou d'une autre dans le domaine de l'eau. Il y a des scientifiques mais également des entreprises, des ONG, des bailleurs de fonds, des collectivités territoriales, des politiques, des représentants institutionnels… Ils vont échanger, confronter des situations, des expériences, des solutions déjà mises en œuvre dans certains endroits. Il est ouvert à toutes celles et ceux qui souhaitent assister aux séances, aux tables rondes. 

Divers thèmes sont abordés, notamment les enjeux géostratégiques de l’eau. Doit-on s’inquiéter ? 

Dans un monde où la ressource en eau aura tendance à se raréfier, des conflits se produiront. Cela a commencé en Egypte, autour du barrage d’Assouan, avec l’Ethiopie. Cependant, il existe aussi des endroits où on essaie d'anticiper un petit peu les choses et on met en place des structures de concertation collective.  C’est le cas pour le fleuve Sénégal, dont les pays riverains, pas forcément amis entre eux, réussissent quand même à s’entendre autour de cette ressource partagée. C’est le cas aussi avec les neuf pays du bassin du Niger. Les conflits actuels ne rompent pas l’entente. Force est de constater que leurs outils sont efficaces. Il y a des leçons à acquérir. La coopération est indispensable. Les usages de l’eau vont forcément devenir concurrentiels puisque la ressource sera refusée. L’entente sur ce sujet vital est un passage obligé si on est un tant soit peu raisonnable. 

Que représentent ces Water Days pour l’UNESCO ?

Dans l'agenda international de l'eau, les Water Days Montpellier peuvent devenir un rendez-vous majeur. Ils répondent à la mission que l’UNESCO a confiée au Centre international sur l’eau de Montpellier. À savoir, être actif et vigilant sur le bassin méditerranéen et le continent africain. La force de Montpellier est de disposer d’un réseau structuré des sciences de l’eau. C’est unique en France. 400 scientifiques, 150 doctorants pluridisciplinaires travaillent ensemble et sont opérationnels. Dans le dialogue entre l’Europe et l’Afrique, le territoire a la capacité d’être un hub pour les interactions et les échanges de travail entre ces deux grandes régions du monde. 

Programme des Water Days ici.