C’est avant tout l’exposition de quatre femmes. Celle de Fatoumata Diabaté, Hélène Jayet, Khadija Tnana et Ghizlane Ouazzini. Quatre femmes pour trois pays : le Maroc, le Mali et la France. Quatre femmes qui sont Africaines ou afro-descendantes. Quatre femmes dont les techniques de création divergent mais qui ont travaillé ensemble pour répondre, avec leurs sensibilités, à un questionnement commun et des problématiques qui vont au-delà des frontières et des générations. C’est-à-dire l’identité, le voyage, le récit, la mémoire, la religion ou la transmission. Et, au cœur de tout cela, la place de la femme en Afrique. Fatoumata Diabaté et Hélène Jayet sont toutes les deux installées à Montpellier et elles ont la photographie pour autre point commun. Toutes les quatre devaient effectuer une résidence au Maroc, à Ifitry, à côté de Essaouira, en préambule à une exposition à l’Institut français de Casablanca, puis celle de la Halle Tropisme. Elles ne furent que trois car Fatoumata n’a pas pu embarquer pour le Maroc depuis le Mali. Les trois autres, elles, étaient sur place lorsque la terre a tremblé. Quatre femmes engagées, deux continents, une convergence créative. L’exposition raconte tout cela entre photographies, tissages, peintures et dessins.
Casser un tabou
« Ici, c’est la seule ville au monde où les œuvres d’art nous transportent. Dans deux ans, l’artiste camerounais Barthélémy Toguo entrera dans l’imaginaire de cette ville avec la ligne 5 de tramway. Cette Biennale, c’est 100 événements artistiques, des chercheurs qui pendant deux jours ont travaillé sur l’eau et des entrepreneurs africains qui viennent pitcher leurs projets. C’est ce dialogue que nous voulons promouvoir ici avec la société civile africaine et nos diasporas sont des passeurs d’un continent à l’autre », témoigne Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de la Métropole. Parmi les travaux proposés, ceux de Khadija Tnana interrogent immédiatement, à l’image de cette main de Fatima composée de positions sexuelles exaltées. « Je crois que c’est à travers l’art que l’on peut avoir de vraies relations humaines. J’ai effectué un travail avec des positions du kama sutra, c’est une expérience sur le corps. Dans notre culture, au Maroc, c’est intouchable, surtout quand on enlève les habits. Mais l’islam n’interdit pas du tout la sexualité, au contraire. C’est l’être humain qui a essayé de serrer le genre. J’ai essayé de casser ce tabou. Pour que cela amène l’être humain à être plus équilibré », assure cette artiste reconnue pour sa liberté de ton et d’expression. Toujours au carrefour des cultures africaines, la soirée s’est poursuivie à la Halle Tropisme avec un repas et un concert éthiopiens.
Exposition à découvrir à la Halle Tropisme, au 121 rue Fontcouverte à Montpellier, jusqu’au 15 octobre.