Série "Patrice Canayer, dernière saison au MHB" // EPISODE 1

Montpellier Handball : la méthode Canayer

20-03-24 - 08:00
26-03-24 - 09:44
Mercredi 20 mars, le Montpellier Handball reçoit le PSG en demi-finale de Coupe de France à la Sud de France Arena. Un dernier match pour Patrice Canayer sous les couleurs du MHB dans la grande salle montpelliéraine. À la fin de la saison, l’emblématique entraîneur - manager du club, au palmarès sans équivalent dans aucun sport collectif en France, mettra un terme à son extraordinaire parcours de 30 années avec le MHB. Il nous explique ses valeurs, sa recette de la réussite, ses fiertés… Premier volet d’une interview en trois parties.
Patrice Canayer à l'entrainement
©MHB
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« Humilité, ambition et travail : le triptyque qui a mené le MHB au succès »

Après 30 ans au Montpellier Handball, quel souvenir souhaitez-vous laisser ? 
Patrice Canayer : Plus qu’un palmarès, c’est plutôt les valeurs qui ont mené le club au succès qui m’intéressent : humilité, ambition et travail. Ce triptyque, sur lequel je me suis beaucoup appuyé dans ma carrière, est mon fil conducteur. Je le répète souvent aux salariés du club, aux entraîneurs, aux joueurs… C’est ce qui nous a guidés. À chaque fois qu’on s’en est un peu éloigné, il a fallu ramer. J’ai toujours essayé de les ramener à ces valeurs.

Des valeurs du sport.
Pas seulement. L’humilité est une vertu essentielle en sport, mais pas toujours partagée. L’ambition en général ne manque pas dans le sport de haut niveau. Ce sont deux valeurs proches l’une de l’autre. Ce qui les relie, c’est le travail. Ce triptyque est la recette de la performance, sportive ou autre. Une méthode de management.

Patrice Canayer au bord du terrain de handball pendant un match
©L. Severac

Comment vous l’appliquez sur le terrain ?
Un exemple. Fin janvier, au lendemain des championnats d’Europe, j’ai récupéré à Montpellier des joueurs français champions d’Europe reçus à l’Elysée, des Suédois médaillés de bronze, un champion des Amériques… Et le samedi 3 février, on jouait contre l’équipe de Dunkerque. Avec mes 12 internationaux, on aurait pu se dire qu’on allait reprendre tranquillement. Non, l’humilité était au programme de la semaine. Notre ambition, être en Ligue des champions l’année prochaine, en ligne de mire et cela se gagne avec le travail. Dès le jeudi, nous sommes partis en stage ! Les valeurs affichées un peu partout, sur les maillots ou les chaussettes, c’est du cinéma. Ce qui est important, c’est ce qu’on fait concrètement. 

« L’échec ce n’est pas de perdre, c’est de renoncer »

Vous n’avez parfois pas réussi à suivre ce triptyque ?
C’est arrivé. À un moment donné, on s’en est éloigné. Dans l’histoire du club, il y a eu plusieurs époques : celle de l’ascension, celle de la plénitude et celle de l’arrivée du PSG. À ce moment-là, on a un peu rétrogradé dans la hiérarchie du handball et Paris a pris le leadership qu’on avait gardé pendant 15-20 ans. L’échec aurait été de renoncer, de dire que face à Paris, on ne pouvait plus rien faire. Avec ce triptyque de valeurs partagé par l’ensemble du club, nous avons continué à avancer. 

2003 : première Ligue des champions pour le MHB qui change de dimension
2003 : première Ligue des champions pour le MHB. Le club change de dimension - ©Fish'Eye
Présentation du trophée sur le balcon de la Comédie au public venu en nombre fêter ce trophée européen
Présentation du trophée sur le balcon de la Comédie au public venu en nombre fêter ce trophée européen - ©Fish'Eye
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2003 : première Ligue des champions pour le MHB qui change de dimension
2003 : première Ligue des champions pour le MHB. Le club change de dimension - ©Fish'Eye
Présentation du trophée sur le balcon de la Comédie au public venu en nombre fêter ce trophée européen
Présentation du trophée sur le balcon de la Comédie au public venu en nombre fêter ce trophée européen - ©Fish'Eye

 « Un club de quartier devenu une institution »

Quelle est votre plus grande fierté ?
Le rôle de manager, c’est de construire un projet partagé. Ce dont je suis le plus fier aujourd’hui, c’est que Montpellier, qui était un club de quartier, est devenu une institution au niveau national et international. Mais il faut faire attention que cette institution ne devienne pas vieillissante. Il faut qu’elle incarne le passé et l’avenir. Une institution, c’est quelque chose de fragile, il faut l’entretenir. En foot, en hand, en rugby… De nombreux clubs ont disparu. Il appartient maintenant aux personnes qui vont en avoir la responsabilité, à tous les niveaux, de reprendre le flambeau que l’on a porté pendant 30 ans. Je suis très fier de laisser cette institution dans un très bel état. J’ai l’impression qu’au moment où on m’a confié les rênes, et au moment où je les rends, le club est en vie. J’espère que ça continuera.

PAtrice canayer au bord du terrain
©MHB

« Je suis assez peu soucieux de ce qu’on pense de moi »

En cette dernière saison, partout où vous jouez, on vous met à l’honneur…
Cette reconnaissance me touche beaucoup. Mais je n’ai pas bâti ma carrière en cherchant cette reconnaissance. Je suis assez peu soucieux de ce qu’on pense de moi. Ça explique d’ailleurs peut-être ma longévité... J’ai été amené à prendre des décisions pas simples. Quand tu es manager général, tu dois avoir le courage d’assumer et d’affirmer tes choix, tes convictions profondes, sans te poser la question de ce que les gens vont penser de toi. Même si ces choix ont forcément des conséquences. 

Des joueurs vous expriment leur gratitude ?
Oui. Avec les joueurs, ce qui me touche le plus, c’est quand ils viennent me voir des années après et me disent ce que je leur ai apporté. C’était le cas, par exemple, de Rabah Gherbi et Patrick Cazal respectivement entraîneurs de l’Algérie et de la Tunisie. Quand ils sont venus à Montpellier et qu’ils m’ont dit que c’était un peu grâce à moi qu’ils étaient devenus entraîneurs. 

Le public du handball aussi ?
Ça me surprend même un peu parfois de certaines personnes. L’autre jour, une dame m’a dit : « Monsieur Canayer, je ne connais pas grand-chose au handball, mais j’adore vous écouter pendant les temps morts ! » C’est rigolo, ça interroge. Peut-être qu’elle y voit des messages plus généraux. Il y a deux manières de regarder le sport : soit refermé sur ta discipline, soit de manière beaucoup plus large. Moi, j’essaye de voir le sport comme un terrain d’expression plus large. Je suis passionné de transversalité. Ce qui se passe en sport peut être transposé en politique, en entreprise…

 

>>> Retrouvez la 2e partie de la série "Patrice Canayer, la dernière saison au MHB" mercredi 3 avril, à l'occasion du match retour des play-off de la Ligue des champions MHB -  Zagreb (match aller mercredi 27 mars).

Portrait de Patrice Canayer

Patrice Canayer et le MHB

Né le 4 avril 1961 à Nîmes

Palmarès

  • 2 Ligues des champions
  • 14 titres de champion de France
  • 13 Coupes de France
  • 10 Coupes de la Ligue
  • 3 Trophées des champions
  • 8 titres de meilleur entraineur du championnat de France
  • 1 titre de meilleur entraineur de la Ligue des champions

Été 1994
À 33 ans, Patrice Canayer succède à Guy Petitgirard au poste d’entraineur du MHB, en 1ère division depuis 1992. Jean-Paul Lacombe est le président - fondateur du club (1982 - 1997).

25 mars 1995
1er titre de champion de France face à OM Vitrolles à Bougnol.

8 octobre 1995
1er match en Ligue des champions contre Dukla Prague à Bougnol.

24 avril 1999
1ère Coupe de France en finale contre Toulouse.

2001
Il devient manager général du club et entraîneur.

2002
1er titre de meilleur entraîneur du championnat de France.

4 mai 2003
1er titre de Ligue des Champions.

2004
1ère Coupe de la Ligue.

2010
1er Trophée des champions.

2012
Quadruplé historique en France : Coupe de France, Coupe de la Ligue, Champion de France, Trophée des Champions.  

27 mai 2018
2e Ligue des champions – titre du meilleur entraineur de la Ligue des champions.

montpellierhandball.com

Mercredi 20 mars : MHB - PSG

1/2 finale de la Coupe de France

21h10 - Sud de France Arena

Coup d'envoi donné par Michaël Delafosse, maire de Montpellier, président de la Métropole et Nicolas Le Goff, joueur international du MHSC Volley, champion olympique avec l'équipe de France.

billetterie.montpellierhandball.com