DANSE CONTEMPORAINE

Le cloitre de l'Agora de la Danse se nomme désormais cour Montanari

01-07-25 - 15:30
Durant plus de quarante ans, il a été l'inamovible directeur de Montpellier Danse. Il est parti il y a quelques semaines et le festival s'est tenu pour la première fois sans lui depuis l'origine. Sa dernière volonté était que la cour de l'Agora porte son nom. C'est chose faite.
Dévoilement de la plaque
La plaque à la mémoire de Jean-Paul Montanari a été dévoilée par Michaël Delafosse, Claudine Frêche et Christopher Miles - © C. Ruiz
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La cour de l’Agora de la Danse porte désormais le nom de Montanari. Ce fut une dernière volonté de l’emblématique directeur du festival Montpellier Danse, glissée à l’oreille d’une amie proche avant son départ. Elle a été respectée le 26 juin lors d’un temps inaugural où, comme le défunt l’aurait souhaité, une juste place a été donnée aux artistes pour évoquer sa mémoire à travers les corps. L’invitée principale de la cour Montanari, sans surprises, fut une très grande émotion collective. Didier Deschamps, le président de Montpellier Danse, fut le premier à convoquer les mots. Pour dire qu’il y aura une cour Montanari comme il y avait des studios Bagouet, Cunningham et Béjart. Peut-être « par parallélisme des formes », mais peut-être seulement. « Montanari, c’est aussi une marque, celle d’une exigence absolue et permanente. » 

Trois hommages dansés

Vinrent ensuite les trois hommages dansés, épisodes poignants. Par la gestuelle et les mots choisis mais aussi à travers les éléments de voix de Jean-Paul Montanari qui ont fait frissonner tout un chacun. Fabrice Ramalingom, Mathilde Monnier, Salia Sanou et Babx ont construit des petits instants d’éternité avec Dominique Hervieu, une des membres du quatuor royal qui a succédé au roi pour reprendre la formule de Didier Deschamps. Directeur général de la création artistique du ministère de la Culture, Christopher Miles s’est retrouvé au même endroit pour un nouvel hommage à celui auquel il avait remis les insignes de commandeur des Arts et des Lettres. Il évoqua tous ses combats et son rôle éminent. Mais aussi cet espace. « Quel lieu mieux adapté pour donner le nom de Montanari que ce cloitre pour celui qui fut le grand prêtre, le père abbé, un cardinal de la danse. Un cloitre pour un moine soldat de noir vêtu qui, chaque jour, le traversait et l’arpentait muni de son indispensable et inséparable cartable bourré de livres et de dossiers et de choses mystérieuses qu’il a emportées avec lui comme la reine d’Angleterre avec son sac à main. »

Une silhouette familière

La voix nouée, le maire de Montpellier et président de la Métropole a évoqué tant le directeur que l’ami. « Il avait une lecture hors-pair, le regard fin et assassin sur les artistes et leur rapport à la scène et à l’espace. Hors de question de se tromper sur le lieu où un artiste devait être programmé pour nous donner à voir les corps. (…) Pendant ce Montpellier Danse, tout le monde a cherché sa silhouette familière. » Michaël Delafosse a rappelé que Jean-Paul Montanari avait souhaité qu’un hommage sur l’espace public soit rendu à Dominique Bagouet, ce fut le square à Saint-Roch, à côté de là où il vivait. Même tristesse pour le chorégraphe Raimund Hoghe et Lise Ott qui a tant écrit sur la danse contemporaine.

Serment de la cour Montanari

Dès lors comment et où rendre hommage à Jean-Paul Montanari ? « J’ai cherché de grands espaces. Jusqu’à me rappeler qu’il y a dans un pilier de cette cour l’acte de signature de Georges Frêche pour cette Agora, qu’il y a sur ce sable une partie des cendres de Merce Cunningham. Donc, c’était bien là. Et c’est bien dans cette cour que s'est programmé l’avenir de la danse contemporaine. Ce lieu emblématique d’une conviction, celle de Montpellier pour la danse. Ici, c’est un projet politique pour la culture qui s’est noué entre Dominique Bagouet, Jean-Paul Montanari et Georges Frêche. Cette maison, maintenant que nous l’avons finie du point de vue bâtimentaire, elle est aussi unie au niveau du projet pour la danse contemporaine. Nous on veut continuer cette aventure. C’est le serment de la cour Montanari. » 

Hommage des danseurs
Fabrice Ramalingom, Mathilde Monnier, Salia Sanou et Babx ont rendu un hommage dansé poignant - © C. Ruiz