Eurovia, est l'une des entreprises qui œuvrent sur le chantier de la ligne 5, pouvez vous la présenter ?
Clément Cabaillé : L’entreprise Eurovia, une filiale de Vinci Construction, elle-même filiale du groupe Vinci, est une entreprise d’aménagement urbain qui construit des routes, des pistes cyclables, des trottoirs, des infrastructures sportives et urbaines. Si Vinci Construction a son siège à Paris, sa filiale Eurovia Languedoc-Roussillon dispose de plusieurs agences à Nîmes, Perpignan et dans l’Hérault, à Béziers, Cournonsec, Juvignac et Baillargues. Me concernant, je travaille à Eurovia Juvignac. Avec l’agence de Baillargues, elle a répondu au marché public lancé par la TaM pour la réalisation des infrastructures sur la ligne 5, sur un tronçon de 3,3 km, du rond Maurice Genevaux jusqu’au centre commercial Ovalie. Les équipes de notre entreprise réalisent les travaux sur ce chantier pour la TaM, maître d’ouvrage, avec Artelia, maître d’œuvre.
Pouvez-vous nous parler de votre métier et de votre parcours ?
J’ai 31 ans, je suis natif de Perpignan. Je suis conducteur de travaux, un métier passionnant. Ingénieur de formation, j’ai suivi l’Ensam, école nationale supérieure des arts et métiers de Bordeaux. Et c’est un peu par hasard que je suis entré dans les travaux publics. J’ai démarré ma vie professionnelle chez Engie Axima, dans la sécurité incendie en tant que responsable d’affaires. J’ai eu l’opportunité de partir en Inde durant trois mois, et à mon retour, en 2018, j’ai démarré chez Eurovia à Cournonsec, à l’âge de 24 ans, en tant qu’ouvrier, puis chef de chantier, puis conducteur de travaux débutant. J’ai appris le métier durant un an et demi. Ensuite, pendant deux ans, je suis devenu conducteur de travaux à Eurovia Baillargues. Ma formation d’ingénieur était plutôt généraliste, orientée vers l’industrie ou la finance. J'ai travaillé pendant un an au Pérou, pour Egis et Vinci, et c’est à mon retour en janvier 2023, que j’ai contacté le chef de l’agence de Juvignac. L’entreprise avait répondu au marché public Infrastructures pour la construction de la ligne 5, espérant à ce moment-là, une réponse favorable, mais en attendant, il avait besoin de renfort pour terminer le chantier marché riverains sur l’ensemble de la future ligne 5 de tramway. J’ai donc intégré et renforcé l’équipe qui œuvrait sur ce chantier spécifique de février à septembre 2023.
"Dévoiement de réseaux, création de la plateforme, rénovation du parvis, installation des stations, création de pistes cyclables..."
Vous travaillez sur un tronçon de la ligne 5, de quels travaux s’agit –il ?
En septembre 2023, Eurovia a démarré les travaux d’infrastructures de la ligne 5, ayant obtenu le marché public sur un tronçon de 3,3 km. Mais avec mes équipes, je travaille seulement sur un tiers de ce tronçon, soit 1,2 km situé autour du Septeo Stadium, le stade de rugby contourné par l’avenue du Quinze de France, la rue de Bugarel, l’avenue de Vannières et le boulevard Paul Valéry.
C’est un grand chantier, un peu particulier. Dévoiement de réseaux, création de la plateforme, rénovation du parvis, installation des stations, création de pistes cyclables... En septembre 2023, nous avons procédé à toutes les démolitions, d'abord celle de la rue de Bugarel, puis des trottoirs, des réseaux et de la voirie que l’on a ensuite refait à neuf. C’était un préalable essentiel à la mise en place des rails qui ont été posés entre juin 2024 et mars 2025. Nous avons aussi créé une piste cyclable le long de la rue Bugarel et le long de l’avenue Quinze de France, qui se poursuit jusqu’au giratoire Maurice Genneveaux.
En amont, nous avons effectué, le dévoiement ou déplacement sur le côté des réseaux d’électricité, d’eau, de gaz, de fibre téléphonique, d’éclairage... qui étaient enfouis sous la future plateforme de tramway. L'objectif était de n’en laisser aucun sous le tramway pour qu'en cas d’intervention urgente (fuite d’eau par exemple), il ne soit plus nécessaire d’interrompre la circulation. Nous avons travaillé avec Enedis, Orange, SFR, la Régie des eaux pour l’eau potable, Veolia pour les eaux usées, recréé de nouveaux réseaux et aussi avec Citeos et Spie pour les feux tricolores et l’éclairage public.
Je travaille également sur les bordures de station de tramway en veillant à leur alignement au millimètre près avec la rame. Pour venir au stade, deux stations sont prévues sur le côté, mais pas sur le parvis pour éviter les flux trop conséquents, les jours de matchs.
Quelle est votre mission ?
À l’heure où nous parlons (juillet), je travaille avec une trentaine de personnes, deux chefs de chantier, des ouvriers, des conducteurs d’engin, de pelles, de camion et avec un sous-traitant qui coule du béton sur le parvis. Ma mission est de faire en sorte que le chantier fonctionne bien, que les délais soient respectés. Donner aux équipes sur le terrain les moyens nécessaires et les informations afin que chacun puisse suivre sa feuille de route. Je m’occupe de l’acquisition du matériel, de la gestion des plannings, de la coordination avec les chefs de chantier. Ma mission comporte une partie management.
"C’est une fierté de travailler sur la ligne 5. C'est un chantier d’utilité publique, qui va servir à tout le monde, en l’occurrence à moi le premier"
Que représente pour vous ce chantier ?
Travailler sur la ligne 5 du tramway est pour moi une fierté ; c’est un chantier qui a du sens parce qu'il crée une mobilité douce bonne pour l’environnement et qui améliore la vie des gens. Cela me parle. C’est une fierté parce que toute une vie, je dirai nous avons "fait un tramway" et qu’ensuite, ce sera un moyen de transport que nous utiliserons. Ce sont de beaux chantiers de références et pour moi, une bonne expérience valorisante sur un curriculum vitae. C’est un chantier intéressant et formateur, puisqu’il faut travailler en bonne intelligence avec de nombreux corps de métiers. On ne s’ennuie jamais, pas un jour sans surprise ! Je dis souvent que mon métier c’est de gérer "les emmerdes du matin au soir" ! À chaque fois que l’on met un coup de pelle, on trouve un truc ! Non pas des antiquités, mais des réseaux qui ne sont pas censés être là... Cela impose de réagir vite et de chercher des solutions rapides et efficaces. Et tout comme moi, les ouvriers sont contents de travailler sur la ligne 5 ; beaucoup habitent à proximité. Ils savent que potentiellement ils vont utiliser le tramway. C'est un chantier d’utilité publique, qui va servir à tout le monde, en l’occurrence à moi le premier !
Que vous inspire le 20 décembre 2025 ?
En août 2025, nous entrerons dans une phase importante, celle des premiers essais de circulation du tramway pour en vérifier le bon fonctionnement, les courbures, les passages… Et commencera alors la formation des conducteurs de tramway. Puis, il nous restera quelques finitions sur les pistes cyclables, les raccordements. Nous devons donc terminer le chantier en août ; la mise en service de la ligne 5 est prévue pour le samedi 20 décembre 2025. Un grand jour de fête !
Et pour moi, ce sera une date importante. Si tout va bien, le 20 décembre, je serai papa pour le première fois ! Et le premier voyage sur la nouvelle ligne 5 se fera avec le bébé. Un tramway et un bébé nommés désirs...
