En Commun : Du 19 au 21 septembre 2025, vous participez à Solid'art, est-ce une première ?
Sunra : Non, c’est la troisième fois que je participe à Solid’art. J’ai fait une première édition à Montpellier l’an dernier, puis celle de Paris en mai 2025 et dans quelques jours, celle de Montpellier. C’est important pour moi d’être un artiste solidaire. Cela rejoint la dynamique de mon travail et le fait de travailler sur la symbolique du cœur.
Dès le début, j’ai cherché à créer un message qui puisse parler à chacun, du petit au grand, ici comme ailleurs. Quand j’ai commencé à travailler dans la rue, l’idée était de faire des œuvres qui fassent du bien aux gens qui passent dans la rue et qui les croisent. Dans mon travail, j’ai toujours eu pour idée de me sentir utile à ma société.
En Commun : Cette mobilisation en faveur du Secours populaire va de pair avec votre façon d’envisager l’art ?
Sunra : Très jeune, j’ai compris que le métier d’artiste pouvait parfois être mal perçu. Cela m’a donné d’autant plus envie de montrer combien l’art peut être porteur de sens et d’utilité. Et donc j’ai cherché à faire passer un message d’humanisme, d’amour, de paix. Surtout par les temps qui courent et l’actualité mondiale de la guerre, des problématiques sociales. D’abord dans un petit périmètre de mon quartier, de ma ville, puis plus large... Je suis un artiste régional, j’ai voulu œuvrer autour de moi.
Quand on m’a proposé de rejoindre Solid’art, j’ai tout de suite accepté, autant pour des raisons professionnelles que personnelles. En tant que père, j’ai été marqué par l’expérience d’un ami qui a accueilli un enfant du Secours populaire, devenu depuis un véritable membre de sa famille. Avec ma famille, nous avons aussi eu l’occasion d’héberger un enfant, ce qui m’a profondément touché. Participer à Solid’art s’inscrit naturellement dans cette continuité : l’envie de répandre du positif à travers mon art.




En Commun : Parlez-nous du temps fort qui vous réunit avec Oups durant les trois jours de Solid'art ?
Sunra : Nous allons faire une œuvre en direct. Nous serons présents sur les trois jours de Solid’art et durant les temps forts, nous avancerons sur la réalisation d’une fresque sur des panneaux.
Nous avions participé ensemble à Solid’art l’an dernier. Cette année, nous souhaitions aller plus loin. Pour nous, c’était plaisant d’ajouter une touche supplémentaire à notre univers et de travailler ensemble en faisant cette performance.
Nous avons tous les deux des univers différents, mais qui se rejoignent dans le travail. Nous sommes également amis de longue date.
Je travaille au pochoir. C’est une technique à la fois précise et expressive, qui invite aussi à s’intéresser au processus : comment le pochoir est découpé, comment chaque couche s’assemble.
Nos deux approches seront complémentaires et offriront une performance riche à observer.
En Commun : Ce n'est pas votre première collaboration avec Oups ?
Sunra : Non, en effet, on a passé un long moment à œuvrer ensemble, on se motivait chacun à sortir dans la rue en duo, tout en faisant chacun de notre côté et un jour on s’est rejoint sur certaines œuvres et nous avons gardé cette collaboration dans notre travail. Nous avons beaucoup travaillé ensemble et nous continuons en intervenant, par exemple, dans les écoles, collèges et lycées. Nous avons été très souvent amenés à faire des collaborations lors d’ateliers, dans des structures privées notamment. À chaque fois, c‘est un bon moment.


En Commun : On retrouve vos grands cœurs dans les rues de Montpellier, pourriez-vous nous expliquer votre façon de travailler ?
Sunra : Quand on regarde le centre-ville de Montpellier, il y a pas mal d’œuvres de street-art à voir. On a la chance, en tant qu’artiste de street-art, d’être à Montpellier. La Ville nous permet de pratiquer notre art sans encombres.
Je réalise mes œuvres tôt le matin. J’utilise une technique qui permet d’aller vite, pour ne pas rester longtemps sur les lieux : une quinzaine de minutes, là où le travail au pinceau prendrait une ou deux heures. Cela permet de faire des personnages de grande taille avec des détails.
J’essaie d’être à la fois présent par mes œuvres dans le centre-ville, mais pas que. J’ai envie d’avoir accès à ma ville, à l’ensemble de la population et je cherche à être présent aussi dans les rues moins touristiques. L’idée c’est d’être un peu partout et que tout le monde puisse profiter de l’art.


En Commun : Qu’avez-vous prévu pour Solid’art ?
Sunra : Pour ma première édition, j’ai réalisé une œuvre symbolique avec un petit garçon qui descend du train avec son cartable et qui attend la famille qui va l’héberger, avec un bandeau « fragile » posé à l’arrière. Pour ma seconde édition à Paris, j’ai fait une petite fille.
Pour cette édition 2025 de Solid’art, j’ai créé "un garçon fragile 3". Je viens de la réaliser, dimanche dernier, avenue de la Liberté, et ce petit garçon fait référence à la fragilité de l’enfance, du cœur pur.
À chaque fois, je réalise une œuvre pour le salon que les gens peuvent acheter et qui existe aussi sur un mur de la ville.
En Commun : Il faut donc venir à Solid’art pour vous rencontrer, ainsi que les autres artistes, et se faire plaisir tout en faisant une bonne action...
Sunra : Dès ma première participation à Solid'art j’ai apprécié la chouette équipe constituée autour du projet. Il y a beaucoup de bienveillance dans cet événement, ce qui m’a d’autant plus touché. Solid’art est un événement vraiment bien organisé, avec une équipe de bénévoles très sympathiques.
C’est également une façon assez simple de se faire plaisir avec une œuvre d’art, de l'amateur au collectionneur, et qui permet également de contribuer à quelque chose de solidaire.
Les œuvres qui sont mises en vente le sont pour tous les budgets. On essaie de faire de choses abordables pour le public, pour qu’il puisse repartir avec une œuvre d’art accessible, sans se ruiner.
L’événement regroupera une centaine d’artistes que le public pourra rencontrer. Ce sera pour moi l’occasion de présenter mon travail et d’échanger directement avec les visiteurs.

