Artisanat

Circuit court artistique

29-06-23 - 10:46
29-06-23 - 10:58
Le tiers lieu Paillade Contemporain a présenté les travaux de deux plasticiens, réalisés durant leur résidence artistique. Pour mener à bien leurs créations, ces adeptes des matériaux bruts ont bénéficié de la présence des moutons du parc Malbosc et de leur précieuse laine.
Célia Picard et Hannes Schreckensberger
©C.Ruiz
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La centaine de moutons venus pâturer sur les 15 000 hectares du parc Malbosc, d’avril à juin, sont repartis. Cependant, avant d’être transhumés en estive vers le massif de l’Aigoual et du Causse Méjean pour y paître en liberté, ils ont été débarrassés de plusieurs kilos de laine qui finiront à l’équarrissage (le traitement des cadavres d’animaux), car considérés comme des déchets d’abattoir.

Mais cette année, les placides Rouges du Roussillon n’ont pas été tondus en vain. Une partie de leur toison a participé à une œuvre d’art. 

Tout est parti du partenariat établi entre le MO.CO. Montpellier Contemporain et l’association i-PEICC peuple et culture. Les deux structures ont proposé à des artistes de passer quelques semaines dans un tiers lieu culturel, situé dans le quartier de la Mosson, à Montpellier. 

Un mouton, une tenture 

Les architectes plasticiens Célia Picard et Hannes Schreckensberger sont les premiers bénéficiaires de ce dispositif de création au cœur du quartier. Durant les 15 jours de résidence, ils ont réalisé, avec les différents participants rencontrés à l’occasion d’ateliers ouverts, deux grandes tentures en laine feutrée. Leurs motifs représentent des signes et des symboles évoquant des éléments bienfaisants ou protecteurs. On y retrouve notamment des fèves, qui représentent la fécondité dans les cultures méditerranéennes.  « Pour la confection des tentures, la présence à ce moment-là des moutons de Malbosc a été très importante, explique Célia Picard. Leur laine en a rejoint d’autres, notamment celles qui sont teintes, venues des filatures de la région. Il nous a fallu trois kilos de laine pour faire une tenture ». Soit, le poids en moyenne de la production de laine par mouton.

Le travail de la laine

S’intéressant aux matériaux traditionnels, le couple franco-autrichien tient à mettre en avant les circuits courts et le glanage de matières premières de proximité. Il s’est employé à préparer la laine brute avant de l’utiliser. Le nettoyage s’est fait avec de l’eau puisée directement dans la Mosson, toute proche. À ce travail de lavage ont succédé ceux de dégraissage, de cardage et enfin de feutrage. Le tout sous les yeux curieux des habitants du square de Corte, où est abrité Paillade Contemporain, le tiers lieu géré par l’association i-PEICC.  « Cela a beaucoup amusé les enfants de nous voir, pieds nus sur les ballots de laine, à compresser les fibres », se souvient Hannes Schreckensberger. 

Le 21 juin, les artistes ont clos leur résidence par une présentation des tentures. À cette occasion, deux adjoints au maire avaient été invités. Stéphane Jouault, délégué à la Nature en ville et Marie Massart, déléguée à l’Agriculture urbaine, ne sont pas venus les mains vides. Ils ont offert aux artistes près de 50 kilos de laine supplémentaires.

Célia Picard et Hannes Schreckensberger , Stéphane Jouault,  Marie Massart