L’année dernière, le CFA – Bâtiment de Montpellier a expérimenté le programme européen Erasmus +. Le principe est simple : envoyer des apprentis en stage professionnel dans un autre pays du continent. Moins connu que le volet destiné aux universités, celui concernant les apprentis commence à se développer à bas bruit... Déjà plus de 8 millions de jeunes européens et leurs formateurs en ont bénéficié depuis sa création en 2014.
L’écosystème du jumelage
Le Centre de formation d’apprentis a décidé d’entrer dans le processus Erasmus +, sous l’impulsion de son directeur-adjoint. C’est à cette occasion que Nicolas de Araujo a découvert la solidité du réseau des jumelages. « L’année dernière, nous avons envoyé une dizaine de jeunes dans des entreprises allemandes. La tâche était considérable car nous n’avions pas trop de contacts. C’est grâce à la Maison de Heidelberg et à l’implication de sa directrice, Nadine Gruner, qui nous a ouvert ses portes, que nous avons eu accès au réseau économique de la ville jumelle. L’écosystème franco-allemand du territoire a été d’une grande efficacité ».
Cette année, neuf jeunes apprentis de Heidelberg sont venus faire leur Erasmus à Montpellier. C’est vers Nicolas de Araujo, tout naturellement qu’ils se sont tournés pour trouver leur stage. « Il fallait convaincre les entreprises d’accueillir deux jeunes en même temps, pendant 15 jours et de les accompagner. Même avec la meilleure volonté, ce n’est pas toujours possible. » Quatre entreprises de plomberie-chaufferie et deux d’électricité du territoire ont répondu présent.
« Thanks Google trad ! »
C’est ainsi que deux filles et sept garçons, tout juste vingtenaires, ont découvert Montpellier, fin septembre. La plupart d'entre eux n’étaient jamais venus en France et, pour certains, n’avaient jamais quitté l’Allemagne. Le travail sur les chantiers leur a parfois réservé des surprises. « J’ai découvert des appareils que je ne connaissais pas, une autre méthode de stockage, il fallait s’adapter rapidement, confie Florian. J’ai des notions de français donc j’arrivais à comprendre, mais la plupart des autres ne parlent pas cette langue. » Est-ce un problème de ne pas parler le français ? Non. Ils parlent anglais. Et utilisent l’application Google Traduction pour s’aider. Sara, l'électricienne, n’a pas eu cette chance : « Le chantier se situait en sous-sol. Le wifi ne passait pas. Alors, on se débrouillait avec des gestes... »
Tous saluent la qualité de l’accueil et la considération que leur ont réservé les entreprises. Un autre constat, aussi unanime, concerne l’ambiance détendue qui a régné sur les chantiers. Ce serait le syndrome Erasmus, si on en croit Nicolas de Araujo. « L’année dernière, les Français ont eu le même sentiment en rentrant. Je pense que cela est dû à leur ressenti face à cette expérience européenne. Ces jeunes, qu’ils soient français ou allemands, sortent de leur cadre habituel, découvrent une autre culture. Ils le vivent comme des vacances alors qu’ils acquièrent des compétences supplémentaires ».
Monter en compétence
Depuis plusieurs années, les entreprises européennes tirent la sonnette d’alarme face à la carence de travailleurs qualifiés sur le marché du travail. « Il faut intensifier les échanges de ce type, plaide Samira Lemkecher, chargée de projet au Heidelberger Dienste. Et les diversifier pour ne pas les cantonner au secteur du bâtiment. À Heidelberg, nous avons aussi des apprentis pâtissiers et boulangers qui ont besoin de se perfectionner. » Enseignants et maîtres d’apprentissage sont tous d’accord : à leur retour, leurs apprentis sont transformés, plus sûrs d’eux et motivés. Les études faites par l’observatoire d’Erasmus indiquent que 86 % des apprentis perçoivent une amélioration de leur employabilité à la suite d’une mobilité Erasmus+.
Des infos supplémentaires sur Erasmus + auprès de la Maison de l'Europe Montpellier.