Pouvez-vous nous raconter l’histoire du théâtre de marionnettes merveilleux et populaire du Caucase ?
Jean-Luc Boucherat : Le théâtre du Caucase existe au n°41 de la Grand Rue à Saint-Jean-de-Védas depuis 1982, date à laquelle Michel Pelet, qui venait de Montpellier, s'y est installé. Il a été inauguré en 1985 et, jusqu'en 2014, il y a eu des saisons régulièrement. Ensuite, l’activité s’est poursuivie, sans saison régulière, avec un accueil public jusqu'en 2019. En 2020, il devait y avoir de nouvelles représentations en juillet, puis le Covid a fait que le Théâtre a dû fermer. Derrière, Michel Pelet, son fondateur et directeur, a eu des problèmes de santé et la réouverture n'a pas été possible. Il est décédé en 2022. Aujourd'hui, avec différentes personnes qui ont été auprès de lui pendant toutes ces années, à différents moments de l'histoire du théâtre, on a décidé de poursuivre l'aventure.
Pour cela, vous avez créé une association, l’Atelier, et vous proposez quatre dates au début avril. Un redémarrage en douceur ?
Oui et à une toute petite échelle. L'idée, c'est de tester et de l'ouvrir aux membres de l'association, puisque c'est un lieu public. Mais, en tant que salle de spectacle, il est soumis à un certain nombre de textes réglementaires. Nous, en tant qu'association, on a le droit d'accueillir du public six fois par an. On veut être encore en dessous de ce plancher. Donc, on va demander aux gens de devenir membres de l'association.
Pour le public qui ne connaît pas encore le Théâtre du Caucase, que trouve-t-on derrière quand on pousse cette grande porte ?
En termes de salle de spectacle, c'est un théâtre tout en bois, un théâtre en hémicycle pour une cinquantaine de personnes en gradins. C’était la volonté de Michel Pelet de rester dans un petit format, puisque les marionnettes qu’il utilisait étaient dans des petits formats. Il voulait que chacun y voit aussi bien que son voisin, un peu comme dans les théâtres grecs. Ça c’est la partie publique. Le lieu conserve aussi une collection de marionnettes qui appartenaient à Michel Pelet et elles constituent le fonds du théâtre. Pour avril, l'idée du spectacle, c'est un montage, un collage d'extraits de spectacles de Michel avec des marionnettes qu'il a utilisées et des numéros qu'il a conçus, une marionnette, une musique, une action.
C'était à la fois un passionné et un collectionneur.
C’était un passionné puisqu'il a reçu ses premières marionnettes quand il avait 7 ans et elles sont encore dans la collection. Il était très attentif à prendre soin de ses jouets et de ses objets. Il y a aussi des choses qui sont arrivées, qu'il avait commandées sur une plateforme numérique d'occasion, après son décès. Il a acheté des marionnettes toute sa vie.
L’enjeu pour le théâtre du Caucase aujourd’hui est donc de relancer le spectacle de marionnettes et d'envisager la conservation de cette collection ?
La volonté des collègues de l’association a été très vite de dire qu'il faut que ce théâtre accueille à nouveau du public. C'est pour ça qu'on rouvre, qu'on refait le spectacle, qu'on en refera probablement d'autres, si le test s’est passé positivement. Donc il y a cette dimension-là. Michel Pelet avait une importante collection de marionnettes du monde entier. Et son vœu, son souhait, c'était que cette collection rejoigne le domaine public. J’ai déjà eu des premiers contacts pour voir s’il est possible que cette collection, qui est pour l'instant privée, devienne accessible au public.
Quelle est la modernité d’un spectacle de marionnettes en 2024, à l’heure où tout passe par les écrans ? N’est-ce pas un peu suranné ?
Quand j’étais enfant et adolescent, on voyait encore des marionnettes à la télévision. Néanmoins, quand on dit ce genre de choses, je pense qu'on se représente la marionnette, on la réduit à quelque chose de l'ordre du guignol. C’est une vision très tronquée. La scène marionnétique en France et à l'international est extrêmement créative. C'est un domaine où, comme l'art contemporain ou le cirque, il y a une grande diversité d'approches. Les marionnettes, il y en a partout dans le monde. Mais, dans la mesure où tous les matériaux et toutes les formes stylistiques et esthétiques sont mobilisables, c'est un domaine qui n'a pas de fin. C’est une forme théâtrale qui a ceci de particulier, l'acteur ou l'actrice en scène est une création. Et cette création peut être figurative, non figurative, réaliste, non réaliste. Elle peut avoir les deux pieds au sol et puis elle peut s'envoler. Il y a une imaginaire qui est facilement transférable dans le monde de la marionnette.
Qu’est-ce que le public va voir au cours des représentations ?
Le spectacle s'appelle Morceaux choisis et c'est un montage d'extraits de spectacles qui ont été créés par Michel Pelet des années 1990 à 2014. Ce sont des numéros et c'est un spectacle entièrement musical. Il va y avoir des marionnettes du monde entier qui viennent de Chine, du Brésil, d'Angleterre. Et chaque marionnette ou chaque trinôme ou binôme de marionnettes va faire son petit numéro, son petit show. Il y a une boucle comme ça qui part d'une marionnette et puis on fait le tour du monde.
Le théâtre du Caucase ouvrira ses portes les 5, 6 et 7 avril pour un spectacle – hommage à Michel Pelet : Morceaux choisis (durée : 1h). Représentations les vendredi 5 avril à 20h, samedi 6 avril à 15h, dimanche 7 avril à 15h et dimanche 7 avril à 17h. Pour pouvoir assister à l’une de ces représentations, il est demandé d’adhérer à l’association L’atelier, gestionnaire du théâtre du Caucase (adhésion 2024 individuelle et nominative à 2€). Le prix des places est unique : 5€. Contact : theatreducaucase@orange.fr