ÉDUCATION

Un parvis Dominique Bernard au collège Port Marianne

10-12-24 - 12:30
Pour la journée de la laïcité du 9 décembre, la Ville de Montpellier et le Département de l'Hérault ont inauguré cet aménagement financé à parts égales. En présence de sa fille et d'une ancienne collègue, un hommage particulièrement vibrant a été rendu au professeur de Lettres assassiné en octobre 2023, à Arras, par un jeune fanatique religieux.
Stèle Dominique Bernard sur le parvis du collège
Montpellier avait déjà une école Samuel Paty et a désormais un parvis Dominique Bernard - © L. Séverac
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Inauguration du parvis Dominique Bernard 

Le 9 décembre, journée de la laïcité, le parvis Dominique Bernard du collège Port-Marianne a été inauguré dans une atmosphère recueillie et émue. Il porte le nom de ce professeur de Lettres assassiné par un fanatique religieux, dans son lycée à Arras, le 13 octobre 2023. Un investissement de 475 000 euros, financé à parité par la Ville et le Département. La chorale du collège a chanté « On écrit sur les murs ». Là où l’on écrit le nom de ceux qu’on aime. Collègue et amie du disparu, Aurélie Comte-Sponville a lu un extrait de « La rose et le réséda » de Louis Aragon avant d’ajouter avec gravité : « Notre Dame de Paris a rouvert ses portes après avoir été frappée et victime des flammes. Aujourd’hui, nous dévoilons une plaque pour ne jamais oublier que, contrairement à la cathédrale, jamais plus Dominique n’ouvrira ses bras. » 

« Notre laïcité est en danger »

Très digne, Melisande Bernard, fille du professeur, a dit les mots d’Isabelle, sa mère, puis les siens. « Ici, aux portes de ce collège, nous avons une pensée pour la famille de Samuel Paty. C’était bien la seconde fois qu’un fou de Dieu s’en prenait à un professeur. Et ce deuxième assassinat, le tueur le voulait pour célébrer la mort de Samuel Paty. Voilà pourquoi Dominique, mon papa, est entré ce jour-là dans l’histoire. Il a été choisi car il incarnait l’école, la transmission des savoirs, la culture. (…) Il incarnait aussi la laïcité, en laquelle je ne cesserai de croire, et je ne comprends pas qu’elle puisse être remise en cause aujourd’hui dans notre pays. (…) Notre laïcité est en danger mais nous devons nous battre. Nous ne devons pas avoir peur. Car la peur mène à deux chemins : la violence ou la soumission. »  

« Nous sommes admiratifs de votre courage »

Représentant le Département et siégeant au conseil d’administration du collège, Karine Wisniewski fit observer de son côté : « j’ai toujours pu constater l’engagement du Principal et la forte mobilisation des professeurs pour porter des projets éducatifs en lien avec la laïcité, l’égalité filles/garçons et la culture, transmettant ainsi des valeurs d’ouverture fondamentales pour lutter contre l’obscurantisme et favoriser l’émancipation ». 

« Il y a des inaugurations de parvis plus simples que d’autres », a reconnu d’emblée Michaël Delafosse, maire de Montpellier, avec beaucoup d’émotion. « Nous sommes admiratifs de votre courage pour prendre la parole et répondre aux nombreuses sollicitations. Après avoir parlé de Dominique Bernard (« il aimait autant les auteurs de la littérature et de la poésie que ses élèves. Il avait la passion de transmettre et de faire partager l’immensité de la littérature »), il regarda vers l’avenir. « Nous voulons continuer avec beaucoup d’humilité à vous transmettre de la force, dans le deuil, dans l’absence et dans ce que sera le procès. » (…) « Le jour où les villes ne se lèveront plus quand on arrachera l’un d’entre nous à la vie, ce sera très mauvais signe. Nous adressons un soutien indéfectible à la communauté enseignante qui ne doit renoncer à rien dans sa formation à l’esprit critique. »  

Un parvis symbole de résilience

« Dominique Bernard tout comme Samuel Paty incarnaient ce que l’école de la République représente : un espace de liberté, du savoir et de la réflexion critique. Ce parvis devient ainsi un symbole, celui de la résilience, de la transmission des savoirs, de la défense des libertés et de l’engagement des citoyens de cette ville et du département », estime Sophie Béjean, la rectrice de l’Académie. Et de rappeler notamment l’enjeu de formation. « Nous sommes en train de former 100% de nos personnels. Près de 28 000 enseignants et personnels de l’académie sont formés à la laïcité. Ce sont des heures de formation en équipe, pour faire bloc et avoir une culture commune. »

Assistance rassemblée sur le parvis
En ouverture de la cérémonie, la chorale du collège Port Marianne a chanté "On écrit sur les murs" - © L. Séverac