TZCLD Montpellier-Grabels : premières concrétisations pour l’emploi

03-05-25 - 06:30
La démarche Territoire Zéro Chômeur Longue Durée (TZCLD) permet à des habitants des Hauts de Massane et de La Valsière (Grabels), au chômage depuis plus d'un an, de trouver une solution d'emploi stable et adaptée. Après l’ouverture d’un comptoir de services aux habitants baptisé « Hauts Val Services » en début d’année, la dynamique se poursuit avec l’installation d’un atelier de réparation de vélos, d’un café et d’une épicerie solidaire. Témoignages.
accueil du point service aux habitants des Hauts de Massane salariées ordinateur
Fanny, responsable de « Hauts Val Services », et sa collègue Muguette, s'occupent de l'accueil des habitants - © Ville de Montpellier
Écouter

Au 5, place d’Italie, sur les Hauts de Massane, les habitants jouissent désormais d’un comptoir de services. Il est animé par des salariés recrutés localement via le dispositif Territoire Zéro Chômeur Longue Durée. Ouvert en continu du lundi au vendredi, de 9h30 à 18h, mais fermé le week-end, « Hauts Val Services » propose : petites tâches de bricolage et jardinage, retouches en couture, point colis UPS, initiation au numérique et accès à internet, visites de convivialité et accompagnement en promenade, aide à la préparation d’un déménagement, ainsi qu’un service de reprographie (photocopie, impressions, reliure…).  

« Beaucoup d’habitants viennent se renseigner et utiliser nos services »

Recrutée en 2024 dans le cadre de l’expérience TZCLD, Fanny Anjubault est désormais responsable référente du comptoir « Hauts Val Services ». Cette ancienne coiffeuse a dû cesser son activité pour raisons de santé. « Cet aspect « manager » est nouveau pour moi, mais c’est très intéressant. Je m’occupe aussi de l’accueil avec ma collègue Muguette. J’ai découvert le dispositif via Sophie Berlaguet de la mairie de Grabels. Beaucoup d’habitants viennent déjà se renseigner et utiliser nos services. Nous pouvons aider à la rédaction de courrier, mais nous ne sommes pas habilités à remplir les dossiers administratifs. Pour cela, il faut plutôt s’adresser à France Services, qui est dans la Maison pour Tous G. Brassens, de l’autre côté de la place », raconte-t-elle, avant de préciser que les conflits de voisinage ne sont pas non plus de leur ressort. 

local du comptoir de services aux habitants porte fenetre rdc
Le comptoir de services accueille les habitants au 5, place d'Italie (Hauts de Massane) - © Ville de Montpellier
locaux ordinateur personnel plantes mobilier
Parmi les nombreux services proposés : photocopies, aide au numérique et café internet, point colis, coiffure pour dames à domicile... - © Ville de Montpellier
  • 0
  • 1
local du comptoir de services aux habitants porte fenetre rdc
Le comptoir de services accueille les habitants au 5, place d'Italie (Hauts de Massane) - © Ville de Montpellier
locaux ordinateur personnel plantes mobilier
Parmi les nombreux services proposés : photocopies, aide au numérique et café internet, point colis, coiffure pour dames à domicile... - © Ville de Montpellier

Objectif création d'emplois 

« L’idée est de créer des services supplémentaires sur le quartier, sans concurrencer les activités existantes, pour créer de l’emploi. Le recrutement s’effectue par ordre chronologique d’inscription, après validation des dossiers des volontaires. L’embauche se fait en CDI, avec une clause spécifique qui permet d’effectuer des périodes d’essai sur un autre emploi sans perdre sa place. Nous favorisons aussi le parcours de recrutement vers les entreprises classiques », explique Victor Delescluse, directeur de "Hauts Val & Co", l’EBE (Entreprise à But d’Emploi) qui pilote ce projet sur le territoire. Celle-ci emploie déjà 25 personnes issues des Hauts de Massane ou de La Valsière à Grabels. 67 autres volontaires sont inscrits dans la file d’attente, soit 50 femmes et 17 hommes, dont 16 en situation de handicap. L’objectif est d’atteindre les 50 salariés d’ici fin 2025, puis 85 d’ici fin 2026, et enfin 200 emplois créés au sein de l'EBE d'ici la fin de l'expérience. Ainsi que 200 recrutements par les entreprises classiques. 

« Redonner espoir aux territoires et aux personnes en difficulté »

La Métropole de Montpellier et la mairie de Grabels portent cette démarche en assumant l’ingénierie et la coordination de la structure, dont l’État est le principal financeur. Altémed est également partenaire à travers la recherche et l'aménagement de locaux. « Le projet est désormais dans sa phase concrète avec plusieurs ouvertures d’activités, comme le comptoir aux habitants et l’atelier de réparation de vélos, mais aussi un café et une épicerie solidaires (NDLR : au 475, avenue du Comté de Nice), puis une conciergerie d'entreprises… Maintenant, il nous faut communiquer autour de notre travail pour attirer des partenaires supplémentaires et faciliter la rentabilité du projet. Pour redonner espoir au territoire et aux personnes en difficulté, nous agissons en faveur du retour à l’emploi via des services de qualité », détaille Mustapha Laoukiri, adjoint de la Ville de Montpellier, délégué à l’Emploi et à la Création d’entreprises. 

Najat, 49 ans, habitante des Hauts de Massane : « C’est mon premier jour aujourd’hui, je suis vraiment contente. J’ai connu le projet grâce à Manuela, la présidente de l’association du comité de quartier à laquelle je participais, et qui m’a orientée vers l’EBE. Je me suis inscrite et j’ai suivi le processus. J’espère que ça va bien se passer. Normalement, je vais travailler dans la future conciergerie d’entreprises. Avant j’ai fait plein de boulots différents… coach sportif, auxiliaire de vie, réceptionniste, restauration… et maintenant, je suis là et c’est très bien ! » 

 

Karine, 56 ans, habitante de la Valsière : « J’étais graphiste en free-lance, mais ces derniers temps c’était très difficile… C’est Mme Berlaguet, qui travaille sur les questions d’emploi à la mairie de Grabels, qui m’a parlé de ce projet. Ensuite, j’ai participé au Café des volontaires pour découvrir et entrer dans le programme. J’ai accroché parce qu’il y a du lien social, des rencontres et un travail où je ne suis pas toujours toute seule derrière un ordinateur. Je suis contente d’avoir trouvé ça car cela devenait vraiment difficile pour moi. Je vais travailler sur la communication et au sein du café solidaire. Cela donne du sens et c’est ce que je voulais à ce moment-là de ma vie… » 

réunion intervenants élus directrice nationale du programme micros
Clémentine Hodeau, directrice générale du fonds d’expérimentation ETCLD, à Grabels en mars dernier - © L. Séverac

« Rapprocher l'offre et la demande d'emploi local »

Clémentine Hodeau, directrice générale du fonds d’expérimentation ETCLD, en visite à Grabels au mois de mars dernier, fait le bilan de la démarche.  

« Depuis 2016, la démarche TZCLD a permis à 75 territoires en France de créer 86 Entreprises à But d'Emploi (EBE), dont les trois quarts ont déjà un résultat d’exploitation positif. Ces EBE ont permis à plus de 4 000 personnes, qui étaient en moyenne privées d'emploi depuis plus de quatre ans, de retrouver un poste en CDI. Rapprocher l'offre et la demande locales d'emploi fonctionne. À ceux qui disent que financer l’emploi, ça coûte cher, je réponds : oui, mais financer l’exclusion coûte encore plus ! Quand on dépense pour créer un emploi, celui-ci génère des recettes qui couvrent au moins 75 % de ce coût. Une personne qui retrouve un emploi coûte moins de 6 500 €, et nous nous intéressons à des personnes en situation de précarité et éloignées de l’emploi. De plus, l’expérimentation sert les politiques publiques et les territoires : 35 % des emplois créés sont liés à la transition écologique, 25 % à la cohésion sociale et 60 % sont occupés par des femmes. Nous sommes positionnés sur des filières d’innovation technologiques, sociales et vertueuses, avec nos projets de coopération entre acteurs locaux qui créent et innovent main dans la main. Notre démarche, sous la direction du CLE (Comité Local pour l'Emploi), implique aussi de favoriser le plus possible des recrutements classiques par les entreprises du territoire ».