Quel est votre métier ?
Mathieu Vandewoestyne : Je suis paysagiste à l’agence GAU (ex Atelier Garcia-Diaz) à Montpellier, chef de projet aménagement urbain sur ligne 5. Dès 2011, j’ai assuré le bouclage de la ligne 4 et commencé la ligne 5, qui aurait dû être mise en service en 2017. En 2020, suite à l’élection de Michaël Delafosse, nous avons repris les études du projet, principalement côté ouest du parcours.
Comment travaillez-vous sur ce projet ?
M. V. : Un projet de tramway, c’est fabuleux et très formateur. De tous les projets d’aménagement sur lesquels j’ai pu travailler, c’est le seul qui m’a permis de refaire tout, de A à Z, sur un ruban dans la ville, la plupart du temps de façade à façade. On touche à toutes les échelles, on fait la ville sur la ville et on balaye toutes ses problématiques. Chez GAU, nous sommes une quinzaine à travailler sur la ligne 5 tous sujets confondus (études aménagement, bâtiment et suivi de chantier).
Quel secteur de la ligne 5 vous a le plus intéressé ?
M. V. : Chaque secteur a sa particularité et donc son intérêt. Pour moi, le quartier de Val-de-Croze est l'un des meilleurs exemples de notre intervention, à toutes les échelles. C’est un quartier politique de la Ville en marge d’un quartier récent, celui d’Ovalie. Pour faire passer le tramway, la décision a été prise de démolir les arches de la place de Chine et les logements les surplombant et de complètement réaménager l’espace public vieillissant. Cela a eu pour conséquence de créer de nouveaux espaces et d’accélérer le projet de rénovation thermique et des façades des résidences sociales. Un vrai bénéfice pour ses habitants !

Quelles sont les grandes étapes de votre intervention sur la ligne 5 ?
M. V. : On commence par réaliser les études préliminaires. Nous avons en interne un savoir-faire sur les projets de tramway car l’agence a réalisé les autres lignes à Montpellier. Au début, on connaît le tracé, mais on ne sait pas encore comment on va passer dans les rues et ce qu’on va y mettre. On teste différentes possibilités d’aménagement urbain en terme de voies de tramway, de pistes cyclables, de trottoirs, d’espaces verts… Cela permet de définir l’emprise du projet, c’est-à-dire l’espace dans lequel on limite notre intervention.
Ensuite, on réalise les études d’avant-projet qui fixent le coût du projet, puis les études de projet qui détaillent tous les aspects techniques en prenant en compte toutes les contraintes du « système » tramway. Et elles sont nombreuses ! Ce dossier permet de monter par la suite les dossiers qui serviront à sélectionner les entreprises qui réaliseront les travaux.
Vous intervenez tout au long du projet ?
M. V. : Oui, notre contrat va des études préliminaires à la livraison et même jusqu’à un suivi de trois ans pour le marché des espaces verts. Ce projet aura eu une durée exceptionnelle, de 2011 à 2025. Tout au long de ces années, il aura fallu s’adapter à l’évolution du projet, de la ville, des mentalités et des orientations et politiques d’aménagement voulues par la Métropole de Montpellier.
« La Métropole s’est dotée d’un schéma directeur de déplacement actif qui a eu un énorme impact sur le projet de la ligne 5. »

Quelles ont été les grandes évolutions du projet ?
M. V. : Il y a eu d’importants changements en matière de modes de déplacement actifs. La loi LOM de 2019 impose dans tout nouveau projet d’aménagement urbain l’intégration des modes actifs comme des pistes cyclables en parallèle de ce qu’on aménage. Mais la Métropole en a fait plus ces dernières années en se dotant d’un schéma directeur de déplacement actif qui a eu un énorme impact sur le projet de la ligne 5.
D’autres changements environnementaux majeurs ont eu lieu ?
M. V. : Il y a aujourd’hui une plus grande considération du captage des eaux pluviales à la source en améliorant l’imperméabilité des milieux. On doit gérer l’eau de pluie au plus près d’où elle tombe en s’appuyant sur des solutions fondées sur la nature.

« La plus grande nouveauté sur la ligne 5, c’est la perméabilité de la plateforme de tramway. Une première à Montpellier. »
Concrètement, comment cela se traduit sur la ligne 5 ?
M. V. : Pour les parkings relais Gennevaux et Girac, par exemple, les places de stationnement sont perméables. On laisse s’infiltrer l’eau à la source grâce à des fossés entre chaque linéaire de places. Mais la plus grande nouveauté sur la ligne 5, c’est la perméabilité de la plateforme de tramway.
Quelle est la technique pour rendre les plateformes de tramway perméables ?
M. V. : Une plateforme, en général, c’est du béton avec les rails au-dessus et un revêtement minéral ou végétal sur une épaisseur de seulement 14 cm. La ligne 5 est la première à Montpellier sur laquelle on a introduit des plateformes perméables. Sous les rails, à la place d’avoir une semelle de béton en continu, on a des poutres béton uniquement sous les rails, reliés entre elles par des raidisseurs en transversale. Le reste de la plateforme est en contact direct avec le sol et donc perméable.

C’est une adaptation nécessaire aux changements climatiques ?
M. V. : Oui, on répond au quotidien à cette question : comment refaire la ville sur elle-même avec les contraintes climatiques qu’on connaît ? Tout au long du tracé, notre objectif a été de désimperméabiliser et de végétaliser le plus possible.
>>> Retrouvez prochainement la suite de l'interview de Mathieu Vandewoestyne, où il parlera notamment des plantations réalisées sur la ligne 5.

>>> Toutes les infos sur la ligne 5 : tram5-montpellier3m.fr
>>> Retrouvez la série d'encommun.montpellier.fr sur les femmes et les hommes qui font la ligne 5 de tramway.