Maroc–Montpellier : un duo gagnant

09-09-25 - 14:30
09-09-25 - 14:52
Cap sur le Maroc, la journée d’échanges économiques organisée ce 9 septembre entre Montpellier et le royaume chérifien illustre le dynamisme croissant de leurs relations. Depuis plusieurs années, le Maroc s’affirme comme un partenaire stratégique de la France, porté par une croissance soutenue qui attire investissements et projets d’envergure. De nombreuses entreprises montpelliéraines entendent bien y tirer leur épingle du jeu.
Eoliennes au Maroc
© CRI Dakhla-Oued Eddahab
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Cap sur le Maroc, la rencontre économique destinée à connecter les écosystèmes montpelliérain et marocain, organisée le 9 septembre, illustre une réalité :  avec une croissance en hausse, dynamisée par l’organisation prévue de la Coupe du monde de football en 2030, le Maroc intéresse les entreprises du territoire. 

Le Maroc est le premier partenaire commercial africain de la France, qui est également le premier investisseur étranger. Près de 1 000 filiales françaises, dont la quasi-totalité du CAC 40, emploient directement et indirectement 150 000 Marocains. Les liens commerciaux sont facilités par l’accord de libre-échange entre le royaume et l’Union européenne, qui supprime les droits de douane bilatéraux. Ce qui profite aux entreprises de l'Hérault. Selon la Chambre de commerce du département, le Maroc est au 4ᵉ rang des partenaires commerciaux.  

S'adapter à la demande 

Cette dynamique se reflète dans le parcours de plusieurs entreprises de la Métropole de Montpellier. À titre d’exemple, Steam France, installée à Euromédecine et spécialisée dans la désinfection et la stérilisation d’instruments chirurgicaux, a choisi d’ouvrir une filiale à Casablanca il y a dix ans. Aujourd’hui, l’export représente 40 % de l’activité du groupe, et la filiale marocaine, la plus dynamique, génère à elle seule près de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. Le marché y est particulièrement favorable car les normes médicales sont proches de celles de la France, le personnel de santé est souvent formé dans l’Hexagone et les appels d’offre sont rédigés en arabe et en français.

L’entreprise fondée en 1999 par Jean-Pierre Boffy, a cependant dû adapter son offre aux attentes locales. Alors qu’en France elle se limite à la vente d’équipements, au Maroc l’entreprise propose des solutions clés en main, comprenant équipements, mobilier, consommables et programmes de formation destinés aux équipes hospitalières. Une stratégie différenciée qui lui permet de répondre précisément aux besoins du marché marocain.

Steam
Steam France a vendu "clé en main" un service de stérilisation à une clinique de Casablanca - © Steam France

La promesse des énergies renouvelables

Au-delà de la santé, la transition énergétique constitue un autre axe fort des relations franco-marocaines. Rabat a lancé en 2021 sa stratégie « Maroc 2050 », qui vise à atteindre 80 % d’électricité décarbonée d’ici 2050. Une aubaine pour les entreprises montpelliéraines du secteur qui multiplient les projets. 

Le producteur d’énergies renouvelables Qair, implanté au Maroc depuis 2011, a récemment renforcé sa présence avec deux projets phares : un parc éolien à Tétouan, attendu pour 2029, et une centrale solaire à Tiznit, dont la mise en service est prévue fin 2027. Ensemble, ces infrastructures devraient générer plus de 505 GWh d’électricité verte par an, soit l’équivalent de la consommation de plusieurs centaines de milliers de foyers.

Ces deux projets d’envergure ont été rendus possibles par la réglementation, qui ouvre le marché de l’électricité renouvelable aux producteurs privés. Ce texte permet aux acteurs indépendants de développer, exploiter et commercialiser leur électricité directement auprès des industriels, tout en favorisant l’autoconsommation.

Cap sur le e-carburant 

De son côté, MGH Energy, basée à Pérols, souhaite construire une usine de production de carburants synthétiques renouvelables dans la région de Dakhla, au sud du pays. Ce projet, baptisé « Janassim », prévoit l’installation de 2,2 GW de capacités éoliennes et solaires destinées à produire près de 500 000 tonnes par an d’e-méthanol et d’e-kérosène. Ces carburants synthétiques serviront à décarboner les secteurs difficiles à électrifier tels que l’aviation et le transport maritime.

MGH Energy, filiale du groupe français Soper, est pilotée par Jean-Michel Germa, figure emblématique des énergies renouvelables et pionnier de l’éolien au Maroc, où il avait lancé le premier parc il y a 25 ans. « Notre expérience dans le domaine est reconnue auprès des autorités », souligne Pascal Roucau, directeur des projets. L’entreprise attend encore le feu vert du gouvernement pour concrétiser son ambition, mais reste optimiste.

Pour lui, ce projet s’inscrit pleinement dans la volonté politique du Maroc de valoriser ses ressources en énergies renouvelables. L'Union européenne vise en effet 1,2 % d’e-fuels dans son carburant d'aviation dès 2030, avant de porter cette proportion à 35 % en 2050. Le royaume du Maroc est idéalement placé pour prendre une part de ce marché et devenir un des leaders mondiaux dans l’hydrogène vert et ses dérivés.

 

Dakhla
Le désert de Dakhla est un fantastique gisement de vent et de soleil, parmi les meilleurs de la planète - © MGH Energy