Chaque boîte renferme 3 300 moustiques tigres stérilisés. Pendant deux mois, chaque semaine, les spécialistes de Terratis vont les relâcher depuis le sol en 26 points différents d’une zone délimitée du quartier Malbosc. Cela afin de limiter la nuisance de l’espèce en réduisant sa fécondité. « Ces points sont espacés de 150 m, ce qui correspond au rayon de vie de l’insecte. Le moustique tigre évolue dans un milieu urbain et périurbain, comme dans ce quartier où justement se mélangent bâtiments, habitations et espaces verts. Il fréquente les jardins, les cours intérieures, les balcons… Là où il trouve de l’eau, qui permet l’éclosion de ses œufs », détaille Clélia Olivia, chercheuse et co-fondatrice de Terratis.
« Les mâles ne piquent pas. Il n’y a pas de nuisance pour la population »
Incubée au BIC de Montpellier, puis labélisée MedVAllée, l’entreprise Terratis est la seule en France à produire des moustiques tigres mâles stérilisés par rayons X, dans son site pilote installé dans le Parc 2000 à Montpellier. « Lâchés sur le terrain, les mâles stérilisés vont féconder des femelles sauvages, qui ne s’accouplent qu’une fois dans leur vie, et qui ensuite pondront des œufs stériles. Ces mâles ne piquent pas. Il n’y a pas de nuisance pour la population. Cette technique est également utilisée à Singapour et en Espagne, ainsi que pour lutter contre d’autres espèces nuisibles. Nous l’avons adaptée spécifiquement au moustique tigre », précise Clélia Olivia.


Avec cette Technique de l'Insecte Stérile (TIS) : pas de produits chimiques ou de pesticides, pas d’impact sur l’écosystème, pas de nuisances pour la population… Mais une efficacité à grande échelle possible en jouant sur la reproduction. Une baisse de près 60 % de la fertilité de la population de moustiques tigres sur la première année est annoncée par Terratis. Ce même type de lâchers préventifs est réalisé à Brive depuis le printemps, avec des premières estimations encourageantes. Le suivi et l’étude de l’impact de cette technique s’effectuera sur un temps long, en partenariat avec un consortium de chercheurs et le groupe de travail « OneHealth », qui comprend notamment l’IRD et l’EID Méditerranée.
« Renforcer l'arsenal d’outils dans la lutte contre le moustique tigre »
« Il s’agit d’une opération pilote réalisée avec l’entreprise montpelliéraine Terratis sur une question qui préoccupe de nombreux habitants et qui peut avoir un impact en santé publique. La Ville lui confie une mission pour renforcer son arsenal d’outils dans la lutte contre le moustique tigre. Cela consiste à pratiquer des lâchers préventifs de mâles stérilisés. L’objectif est de faire baisser la population globale de moustiques tigres pour réduire les nuisances, ce qui contribue également à réduire le risque de transmission de maladies telles que le chikungunya ou la dengue », explique Pascale Berthommé, directrice déléguée Santé publique et Environnement de la Ville.

Les bons gestes pour limiter les nuisances du moustique tigre
Le moustique tigre, originaire d'Asie du Sud-Est, est présent en France depuis 2004. Invasif et résistant à la sècheresse, il est désormais présent dans une grande partie du pays. Vecteur potentiel de nombreux virus, comme par exemple la dengue ou zika, il attaque le jour, avec des pics en matinée et fin d’après-midi. Face à ce risque de transmission, le défi est collectif : bloquer l’accès à l’eau, son lieu de ponte (eau propre ou sale). En effet, le moustique tigre vit en milieu urbain et périurbain, et pond essentiellement sur des supports artificiels contenant peu d'eau.
« Nous avons tous un rôle à jouer en adoptant les bons gestes pour réduire les eaux stagnantes chez nous. Il faut être attentifs aux coupelles, pots de fleurs, pieds de parasols, gouttières bouchées… tous de véritables gîtes pour le moustique tigre », insiste Pascale Berthommé, directrice déléguée Santé publique et Environnement de la Ville. Une réunion publique sur le sujet sera organisée le 10 septembre à 18h30, Maison pour tous Rosa Parks.