Juliette Trey : « Le musée Fabre doit devenir un lieu de recherche »

11-05-25 - 06:30
Conservatrice générale du patrimoine, Juliette Trey prend la direction du musée Fabre, succédant à Michel Hilaire. Elle dévoile ses ambitions : ouvrir l’institution montpelliéraine à de nouveaux publics, à la recherche et aux cultures du monde.
Juliette Trey
© Métropole de Montpellier
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Quel est votre parcours professionnel ?

Juliette Trey : Mon parcours m’a menée du château de Versailles à l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), en passant par le département des Arts graphiques du musée du Louvre. À l’INHA, j’ai dirigé le Département des études et de la recherche, d’abord comme directrice adjointe puis comme directrice par intérim.

Vous avez également organisé de nombreuses expositions...

Juliette Trey : Oui, j’ai eu la chance de collaborer avec des institutions prestigieuses, comme pour l’exposition inaugurale du Louvre Abu Dhabi. J’ai aussi travaillé avec le château royal de Varsovie, le musée d’Arts de Nantes, le château de Versailles, et bien sûr le Louvre, en partenariat avec le National Museum de Stockholm et le Getty Museum de Los Angeles.

Vous prenez vos fonctions à la tête du musée Fabre. Comment abordez-vous cette mission ?

Juliette Trey : Avec beaucoup d’enthousiasme ! C’est une chance inouïe de diriger un musée aussi important, riche de collections exceptionnelles. La Métropole de Montpellier a une ambition culturelle forte, comme le montre le projet Guimet +. Et avec le bicentenaire du musée, c’est le bon moment pour élargir les horizons : ouvrir le musée à d’autres cultures (l’Asie, l’Afrique, le monde arabe) et à d’autres formes artistiques, notamment les arts décoratifs, via l’hôtel de Cabrières-Sabatier d’Espeyran.

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Vous souhaitez renouveler le lien avec les publics ?

Juliette Trey : J’aimerais moderniser la médiation, la rendre plus accessible, en diversifiant les approches : intégrer plus de dispositifs sensoriels et sortir davantage du cadre traditionnel du musée. J’ai aussi envie que le musée aille à la rencontre des habitants. Il y a plein d’idées à explorer avec les équipes.

Et sur le plan de la recherche ?

Juliette Trey : Le musée Fabre est déjà actif dans ce domaine. Grâce à mon expérience à l’INHA, je souhaite renforcer encore les liens avec l’enseignement supérieur à Montpellier, et pas seulement en histoire de l’art. Le musée pourrait devenir un lieu de recherche pour des domaines variés comme l’acoustique, la chimie, l’architecture… Il y a un vrai potentiel pour créer une dynamique interdisciplinaire.

Quelle place comptez-vous donner à l’art contemporain ?

Juliette Trey : L’art contemporain reste un axe important pour le musée Fabre. L’articulation avec le MO.CO. sera un enjeu central. J’ai déjà proposé quelques pistes en ce sens lors de ma candidature, mais je dois encore échanger avec leurs équipes, donc il est un peu tôt pour en dire plus.

Quelle sera votre ligne directrice pour les expositions à venir ?

Juliette Trey : Je souhaite ralentir le rythme des expositions temporaires. L’idée est de proposer une grande exposition ambitieuse chaque été, en collaboration avec des institutions nationales ou internationales. En hiver, je veux me concentrer sur les collections permanentes, avec des expositions plus longues, qui permettent un travail approfondi avec le public et les équipes.

Vous succédez à Michel Hilaire, figure emblématique du musée. Qu’en pensez-vous ?

Juliette Trey : Je suis admirative de tout ce qu’il a accompli. En trente-trois ans, il a transformé le musée : politique d’acquisition ambitieuse, expositions marquantes… Il laisse un musée exemplaire, avec une équipe exceptionnelle et des collections d’une richesse incroyable. Je suis consciente de la responsabilité que cela représente.

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Quel est votre lien avec Montpellier ?

Juliette Trey : J’ai grandi à Paris et j’y ai toujours vécu. J’ai découvert Montpellier il y a une dizaine d’années, en travaillant sur une exposition autour de Bouchardon, un sculpteur du XVIIIe siècle. Des dessins de lui sont conservés au musée Fabre et au musée Atger. J’ai eu un vrai coup de cœur pour la ville… et aujourd’hui, le lien se renforce encore.